In Prodageo – le 12 mars 2013 :
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Les formations ne peuvent plus se limiter à demander aux apprenants d’accumuler des savoirs, elles doivent aussi leur demander d’exploiter ces savoirs pour développer des compétences. En s’appuyant sur la définition de compétence de Le Boterf, on peut définir quelques pistes pour faire évoluer nos formations … Et si la pédagogie ouverte était un élément de réponse pertinent à ces questions ?
Cela fait quelques temps que je tombe sur des affirmations du type « The world only cares, and will only pay for, what you can do with what you know » (Thomas Friedman dans le NY Times) et je pense que c’est très vrai (et peut-être même de plus en plus vrai). Soit ! Mais quel impact cela peut-il avoir sur nos formations ?
Cela implique un changement de paradigme de l’enseignement : passer de la transmission de savoirs à un développement de compétences.
Dans son livre Construire les compétences individuelles et collectives, Guy Le Boterf définit les compétences comme suit :
« Les compétences peuvent être considérées comme une résultante de trois facteurs :
- le savoir agir qui suppose de savoir combiner et mobiliser des ressources pertinentes (connaissances, savoir-faire, réseaux, …) ;
- le vouloir agir qui se réfère à la motivation personnelle de l’individu et au contexte plus ou moins incitatif dans lequel il intervient ;
- le pouvoir agir qui renvoie à l’existence d’un contexte, d’une organisation du travail, de choix de management, de conditions sociales qui rendent possibles et légitimes la prise de responsabilité et la prise de risque de l’individu. »
Nous avons ainsi dans nos formations le devoir de créer des situations favorisant le pouvoir-agir et le vouloir-agir de nos étudiants afin de développer leur savoir-agir. Cela implique de se poser des questions sur :
- le contexte que nous pouvons créer : l’ambiance de travail, l’organisation pédagogique et technologique, …
- le choix de management : quelle relation entretenons-nous avec les apprenants ? Dans quelle mesure ont-ils une part de liberté ou d’autonomie ? Quel droit de regard ont-ils sur le dispositif de formation ?
- la motivation des étudiants : qu’est-ce que je fais pour motiver les étudiants ? Rolland Viau propose des pistes riches à ce sujet (La motivation des étudiants à l’université : mieux comprendre pour mieux agir – Conférence non publiée, Université de Liège – 2006)
De plus, il me semble essentiel de valoriser la production des apprenants afin de nourrir leur sentiment d’efficacité personnelle (cf. Maïlys Rondier A. Bandura, Auto-efficacité. Le sentiment d’efficacité personnelle), moteur de leur motivation.
Il est aussi important de les faire réfléchir sur la transférabilité des compétences qu’ils développent. Ce travail doit alors se faire en deux temps :
- Quelles compétences ont été mises en œuvre pour réaliser cette production ? (il n’est pas sûr que ce soit exactement les compétences visées par l’enseignant et annoncées dans le syllabus)
- Dans quelles situations (ou familles de situations) pourrais-je utiliser ces compétences ?
Ce travail d’analyse réflexive me paraît important afin que, tout au long de la formation, les étudiants prennent conscience de leurs progrès et du développement de leur employabilité … Dans cette optique, une auto-évaluation peut être aussi riche (voire même plus riche) qu’une évaluation par l’enseignant.
La pédagogie ouverte (présentée ici à partir d’un exemple) peut être une approche pour construire de tels dispositifs.
- Le pôle coopération tient du contexte et de l’organisation de la formation. Il apporte du sens, des liens entre les enseignements et des interactions, aussi bien entre apprenants qu’avec des personnes extérieures : ce sont de gros facteurs de motivation.
- Le pôle transparence, par l’utilisation de syllabus et d’analyse réflexive pour montrer le processus d’apprentissage, permet de développer l’auto-éfficacité des apprenants.
- Le pôle participation impacte directement le management de la formation et la relation entre l’équipe enseignante et les apprenants.
Et vous, quelle(s) démarche(s) adoptez-vous pour développer les compétences des apprenants ?