L’Ecole se donne une semaine pour se mobiliser pour les valeurs de la République. Toute la semaine du 12 au 16 janvier, N. Vallaud-Belkacem consulte les différents acteurs de la communauté éducative pour « mobiliser l’école pour les valeurs de la République ». Le 12 janvier elle a reçu les syndicats enseignants, les associations de parents et de lycéens. Au terme de ce marathon de consultations, peu d’interrogations sur l’école, son rôle et ses responsabilités.
« Ces rencontres ont lieu de façon à préparer une mobilisation renforcée de l’Ecole pour les valeurs de la République », explique-t-on au ministère. Le 12 janvier toute la journée , la ministre a enchaîné les consultations avec les syndicats enseignants, les associations de parents et de lycéens. Pour un bilan assez mince. Seul le Snuipp a abordé nettement la question de la mixité sociale à l’Ecole.
Les syndicats demandent un accompagnement des enseignants
Dans le déficit de formation républicaine de certains jeunes, la tendance le 12 janvier est à passer la responsabilité au voisin. F. Robine , directrice de l’enseignement scolaire, estime que l’Aide sociale à l’enfance, par laquelle plusieurs des 3 terroristes sont passés, a ses responsabilités. « L’Ecole n’est responsable en aucune sorte de ces incidents », déclare Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa Education, mais « elle a entretenu le flambeau de la République ». L. Escure demande aussi un accompagnement immédiat des enseignants.
A l’autre extrémité de l’éventail syndical, François Portzer, secrétaire général du Snalc, estime que « l’Ecole n’est pas responsable de ce qui s’est passé » mais que « la mobilisation citoyenne est due au travail des enseignants ». Le Snalc en veut pour preuve que les terroristes étaient de bons élèves au collège. Le Snalc incrimine l’administration pénitentiaire « où il ya un gros problème ». Le Snalc dénonce aussi « la mauvaise intégration de jeunes d’origine étrangère ».
La Fsu demande à la ministre un accompagnement immédiat , humain et effectif des enseignants. Pas une formation à distance mais bien une présence dans les établissements des conseillers pédagogiques et des inspecteurs. « A court terme il faut aider les personnels à mener les débats », dit Bernadette Groison, secrétaire générale de la Fsu. « Il faut que toutes les personnes ressources soient mobilisées ». La Fsu demande aussi que « la consultation sur l’Enseignement moral et civique soit particulièrement soignée » et un effort de formation continue. « La ministre va demander à développer la formation continue et on espère que le gouvernement l’entendra ».
Pour le Sgen, Frédéric Sève se positionne davantage sur le terrain pédagogique. « L’école doit s’interroger sur la façon dont elle pratique la citoyenneté à travers les Conseils de la Vie Lycéenne », dit-il. Il recommande le développement de journaux lycéens « pour sensibiliser les élèves à ce qu’est la liberté de la presse ». Il invite à « prendre au sérieux » cette dimension de l’éducation à la citoyenneté. Quant aux élèves qui ont refusé la minute de silence, « il faut les intégrer et les éduquer ».
Le Snuipp sur une position sociale
Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, se détache nettement en demandant de la mixité sociale dans les écoles. « Il y a une forte ségrégation sociale dans l’Ecole », explique-t-il. « Il faut agir dans l’éducation prioritaire dans les quartiers de relégation. Le plan éducation prioritaire ne doit pas être de l’eau tiède. Aucune école ne doit rester sur le bord du chemin », allusion aux écoles sorties de l’éducation prioritaire par la réforme des Rep. « Il faut mener la bataille sur le front de la société et de l’école. Il faut améliorer la vie de ces élèves (des quartiers populaires) et des enseignants. Mettre en place des projets dans ces écoles et pas en centre ville. Il faut que les familles sentent qu’il y a des efforts de fait. La question des effectifs est une question importante ». Le Snuipp demande une réduction du nombre d’élèves par classe en éducation prioritaire. Il propose aussi qu’on installe des options recherchées dans les établissements des quartiers.
Les parents veulent participer aux débats dans l’école
« On ne va pas en rester là », affirme Valérie Marty, présidente de la Peep. « Il est important que les parents puissent participer à l’éducation morale et civique. Les parents doivent savoir ce qu’on apprend aux enfants. Ils veulent savoir ce que les enseignants disent. On a envie de participer à ces discussions ». Pour la Fcpe, Xavier Dumont, vice président, invite à « organiser des espaces dédiés à la discussion » dans les établissements et les emplois du temps des élèves. Catherine Romuald, pour l’Apel invite aussi au débat.
Les lycéens vont ouvrir un site contre les théories complotistes
Les organisations lycéennes se sont entendues pour ouvrir un site géré en commun qui devrait lutter contre les théories complotistes, celles-ci étant perçues comme un obstacle à l’intégration citoyenne. Naim Shili, de l’UNL, demande qu’une heure d’ECJS soit consacrée à un débat sur les attentats « pour poser une véritable réflexion ». Eliott Nouaille, pour le SGL, appelle à ce que le lycée devienne un « lieu de vie » et à ce que les CVL organisent des débats dans les établissements. « Les enseignants doivent prendre conscience de l »importance de la démocratie lycéenne » , dit-il. Zoïa Guschlbauer, présidente de la Fidl, annonce une grande marche lycéenne pour montrer l’unité de la jeunesse. Elle part de Bordeaux le 13 janvier. Selon elle, la ministre « va essayer de faire en sorte que le lycée devienne un lieu de vie pour les lycéens ». N Vallaud-Belkacem devrait faire connaitre ses orientations mercredi 14 janvier.
François Jarraud
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