PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

 

 

UNIVERSITE ETE PRISME JUILLET 2012

SYNTHESE J.M. BERTHET

Jeudi 6 juillet 2012

Nous sommes dans un nouveau contexte politique dont on peut espérer des changements à la condition de clarifier les questions de sémantique et de méthode nous a dit dès le départ Jean-Claude Guérin. Les termes mêmes des mots sont un problème ainsi du terme de réussite ou encore celui de rythme scolaires qui selon qu’il soit vécu par les adultes ou les enfants ne prend pas le même sens. Du côté de la méthode,c’est la complexité même des politiques publiques qui est en cause et leur fonctionnement en « cylindres qui ne se croisent pas toujours ». Cela implique de parier sur la poursuite de l’innovation d’une part et la mobilisation continue des acteurs d’autre part. Les débats ont montré que nous sommes pris dans la gangue des mots (territoire, dispositifs, accompagnement, réussites) avec toutes les représentations qu’ils charrient, elles-mêmes tendues par les valeurs qui les sous-tendent…

Pour clarifier les termes, mieux se comprendre pour pouvoir travailler ensemble :

La Réussite selon Alain Bollon, c’est ressortir «  ressortir en bon état »

L’empowerment, tel qu’il a été défini dans les ateliers c’est aider les publics en difficultés à faire poids collectif sur les politiques pour les comprendre et agir, pour passer d’acteur à auteur

L’Orientation : si elle apparaît aujourd’hui comme un maquis, le Conseil Régional se veut le chef de file alors qu’il a plutôt un rôle de chef d’orchestre : on a bien vu du côté de l’action sociale comme la notion de chef de file n’était pas forcément la bonne.

Le projet signifie de la reliance, de la complexité, de l’association et de l’incertitude alors que le programme est fait pour les autres. Cette distinction entre projet et programme est d’autant plus importante que bien souvent l’action publique tend à faire passer pour des projets des programmes.

Les dispositifs avaient pour objectif de favoriser le travail ensemble dans une perspective de projet et d’action publique remontante permettant de réadapter le fonctionnement des institutions, mais cela s’est perdu dans l’action publique descendante, fonctionnant par programme. Il reste à fortifier le travail d’ingénierie entre top don et bottom up : car il faut avoir des passeurs pour permettre à des acteurs de devenir auteur.

L’accompagnement a été renvoyé à des auteurs anciens : le voyage initiatique d’Ulysse par Homère, la maïeutique de Socrate et la thérapie d’Hyppocrate

Du point de vue de la méthode, le PEL passe par

1 un travail préalable sur les valeurs partagées pour mieux partager le projet

2 un renversement de la méthode :

Il faut sortir des publics cibles et des périmètres cibles pour repartir des besoins. Si le territoire est un problème il n’y a pas forcément d’optimum territorial : c’est donc le projet qui fait le territoire. Les tendances longues et issues d u travail social autour de l’accompagnement individuel (né en 1975 pour le champ du handicap) peuvent renvoyer au préceptorat passé (Yves Goepfert) et renforcer la société individualiste et il faut tenir l’individuel et le collectif, la construction d’un parcours individualisé pour un jeune et les politiques publiques qui s’appliquent à tous sur un territoire.

3 des entrées thématiques récurrentes :

– mixité dans ses composantes sexuelle, ethnique, générationnelle et religieuse

– accessibilité (tarification, démocratisation des offres éducatives proposées, mobilités des publics…)

– équité territoriale

4 une attention à l’évaluation

La confusion entre le projet et l’activité oblige à travailler sur l’évaluation des impacts. Cependant, le risque est de rester dans une culture de l’évaluation excessivement centrée sur le contrôle et donc empêchant l’innovation et la prise de risques.

5 une réflexion sur la gouvernance

Celle-ci passe par trois points bien montrés par l’expérience d’Evry relative à la charte municipale de la parentalité (implication du plus grand nombre d’élus, formation des agents, ingénierie pour porter l’ensemble). Aujourd’hui, ces métiers de l’ingénierie reste dans un flou dans la mesure où ils restent encore à construire en termes de statuts et de légitimité professionnelle. Les réflexions futures autour des PEL et la loi d’orientation à venir ne pourront faire l’impasse sur le portage de ces métiers : dans quelle mesure peut-on envisager un co-portage Education nationale/ collectivités locales ? Où seront les syndicats enseignants dans ces réflexions ?

Des conditions pour finir :

Oser l’initiative, prendre des risques et former en permanence les acteurs.

Vendredi 7 juillet 2012

Les débats de cette journée ont beaucoup tourné autour des termes de systémie et de complexité.

1 Tout d’abord, c’est le rapport de la recherche à l’action qui a été posé/ Ainsi, sur les rythmes scolaires, de nombreux travaux existent mais les résultats scientifiques n’enclenchent sur la décision politique, l’exemple typique en étant le passage à la semaine de 4 jours en 2008, décision souvent vue contre contre-productive.

2 La situation est paradoxale : le niveau baisse, les programmes scolaires ne cessent de s’accroître et les temps scolaires ne cessent de diminuer sur une longue période.

3 L’explosion des temps sociaux renvoie aux transformations même de l’organisation du travail alors que l’organisation des temps scolaires n’a pas suivi.

4 L’accélération des phénomènes produit des formes de dissonnance comme si les cartes mentales de la société ne suivaient pas la réalité des transformations de l’école. « On croit encore qu’on est sur un modèle de la bonne école, ce n’est plus vrai » nous a dit Georges Fotinos.

5 Penser le temps de l’enfant, c’est penser la place des adultes et leur présence sans forcément en passer par un activisme forcené des enfants. Mais bien souvent les adultes ont l’angoisse du temps vide alors que l’ennui est aussi structurant. Le problème reste bien évidemment celui de l’inégalité des enfants devant l’ennui.

6 Penser le temps de l’enfant, c’est aussi revenir à l’organisation des espaces éducatifs et donc à des questions architecturales.

Stratégie et méthode

Les débats sont souvent revenus sur la question suivante : peut-on changer le système de l’intérieur (Non répond Fotinos) ? Peut-on le changer en tenant les deux bouts (l’intérieur et l’extérieur, position de Zay) ? En effet, les approches systémiques montrent bien qu’un système ne se transforme pas de l’intérieur sauf à imploser ou exploser.

Par ailleurs, le système est aujourd’hui extrêmement fragmenté entre écoles publiques riches et écoles publiques pauvres et le secteur du privé qui compte les points que ce soit du côté des établissements privés ou encore de la montée en puissance du secteur privé sur le temps périscolaire.

La notion d’éducation inclusive (Danièle Zay) montre bien comment se reformulent les débats par la sortie des publics cibles et et par un élargissement à tous des politiques publiques menées. Mais la question reste entière de construire une école qui favorise les coopérations plutôt que la compétition exacerbée. D’une certaine façon, on ne lutte plus contre l’échec scolaire, on essaie de construire des valeurs communes. Plutôt que de repartir des valeurs, ne vaudrait-il pas mieux revenir aux pratiques quotidiennes et à la manière dont elle peuvent être accompagnées ?

La situation financière montre qu’il s’agit dans le cadre des PEL aujourd’hui de construire des collaborations entre acteurs sans argent de façon à renforcer l’intelligence territoriale (Girardot). Cela pose la question de l’ingénierie et de la fonction tierce à renforcer : comment accompagner l’ensemble des acteurs d’un PEL (enseignants compris,) ? Sur quel temps ?

Sur les TICE, le fait qu’on ait le sentiment que les choses avancent très lentement du côté des enseignants renvoie aussi à la crise de leur légitimité ? Comment dans cette situation de crise de légitimité, peuvent-ils passer d’une posture de « transmetteur et de détenteur de savoir » à une posture de « médiateur de savoir « ?

Dans cette situation, deux types de sorties de crise ont été évoquées : l’expérimentation et les future lois (d’orientation sur l’éducation et celle relative à la réforme territoriale).

Néanmoins, le couple expérimentation/ généralisation a montré ses limites (trente ans d’éducation prioritaire ou de politique de la ville le montre bien).

Sur les lois à venir, il serait fort dommageable que la loi sur l’éducation arrive avant celle sur la réforme territoriale, les PEL se trouveraient en effet encore de nombreuses années à « ramer » avant de rendre cohérentes localement les contradictions que le national n’arrive pas à lever.

 

 

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