Si on organise l’année scolaire selon une alternance de six ou sept semaines de classe et deux semaines de vacances qui coïncident avec des semaines civiles (on évite ainsi les ruptures de rythme provoquées par le retour à l’école au cours de la semaine lorsque la durée des petites vacances est de 11, 12, 13 jours, et donc des “effets” comparables à ceux observés le lundi “à la sortie” du week-end), il est possible de concevoir la fin des vacances d’été selon des modalités qui évitent ou réduisent les polémiques sur la durée des vacances d’été.
L’année scolaire se terminant entre le 10 et le 13 juillet, selon le calendrier, la dernière semaine du mois d’août pourrait être décrétée “semaine des enfants et des adolescents”. Dans une ambiance encore “imprégnée” des vacances, elle permettrait une mobilisation détendue des énergies et ressources de tout ordre dans les communes, quartiers… en particulier au sein des mairies, associations, clubs, organisations… qui pourraient consacrer une partie de leur temps aux enfants et aux adolescents encore en vacances et dégagés de toute obligation scolaire. Cette semaine de la fin du mois d’août serait un temps fort qui pourrait permettre aux enfants et aux adolescents de retrouver les pairs de la même classe, de rencontrer d’autres enfants ou adolescents de tous les âges, et de vivre ainsi un ensemble d’activités ludiques, récréatives, sportives, écologiques, culturelles, artistiques et intellectuelles sans autre “finalité” que les échanges sociaux et l’acquisition de nouveaux plaisirs, savoirs, connaissances, compétences… non encadrés par des programmes. Chacun pourrait libérer dans ce contexte des possibilités, potentialités, savoir-être, savoir-vivre, savoir-faire… non lisibles ou non “fonctionnels” dans d’autres conditions. Les différents enfants pourraient ainsi avoir le sentiment de ne pas être abandonnés, oubliés, délaissés, isolés… alors que leurs parents ont repris le travail ou s’apprêtent à le faire, (re)prendre confiance en soi, développer l’estime de soi et libérer leurs émotions, leur langage et leur pensée, tout en révélant à leurs partenaires des possibilités, potentialités, compétences, talents… qu’on ne leur connaissait pas. En outre, chacun pourrait former l’idée qu’il a la possibilité de sélectionner un “menu” d’activités pour les temps non familiaux et les temps non scolaires des différents jours de la semaine tout au long de l’année scolaire qui s’annonce. Enfin, ce temps permettrait aux différents professionnels de l’enfance et de l’adolescence de faire connaissance et d’envisager des rencontres, échanges et coopérations au cours de l’année scolaire, entre eux et avec les équipes éducatives. Il donnerait aux professeurs des écoles en formation des opportunités pour découvrir les particularités libérées des enfants… qu’ils auront ensuite comme élèves.
La première semaine de septembre, cette fois au sein des écoles, en présence de l’équipe éducative (enseignants, RASED, ATSEM…) et des parents disponibles, pourrait permettre aux Mairies, associations, organisations, clubs… de préciser ce qu’ils peuvent apporter aux enfants du mois de septembre au mois de juillet avant le temps scolaire du matin, au cours de la pause méridienne, après le temps scolaire de l’après-midi, et au cours des jours ou demi-journées non scolaires (mercredi après-midi, samedi, jours fériés). Ce qui rassurerait les enfants, les famille et les enseignants sur la continuité des différents temps de la journée et de la semaine, sans rupture insécurisante, sans que les enfants aient le sentiment d’être abandonnés, oubliés, délaissés, isolés… et, ainsi, de leur permettre de s’installer peu ou prou dans la sécurité affective.
Ces deux semaines constitueraient pour tous les enfants et adolescents une charnière flexible de remise en confiance, de stabilisation émotionnelle et de reconstitution des repères avec les partenaires qu’ils n’ont pas vus tout au long de l’été (les copains et copines), et en même temps avec l’équipe pédagogique, avant le début de l’année scolaire (dernière semaine du mois d’août), puis au sein de l’école (première semaine du mois de septembre), hors contraintes pédagogiques et exigences scolaires. Chacun pourrait ainsi vivre une plage de temps particulière dans des relations non focalisées sur les apprentissages scolaires, au cours d’interactions et d’activités conçues pour déminer les peurs, les inquiétudes, l’anxiété ou les angoisses que certains enfants peuvent nourrir avant la rentrée scolaire sous la pression de leurs proches, de l’institution scolaire, des médias… mais aussi lever des inhibitions invalidantes, au moins partiellement.
Hubert Montagner
Professeur des Universités en retraite
ancien Directeur de Recherche à l’INSERM