PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Noémie Wang,Shemar, Aminata…ont trois ans aujourd’hui. En 2025, ils seront en âge de voter et d’exercer pleinement leur citoyenneté. Nul ne peut sait vraiment les choix qu’ils devront faire, les questions auxquelles il sauront à répondre, les dimensions de leurs vies personnelles et professionnelles.

Ils vivront sur la Terre avec près de 8 milliards d’autres humains, dont plus de la moitié en Asie et près d’1,5 milliard en Afrique. 20 %de cette population continuera à se partager 80 % des richesses. Leur pays, la France représentera moins de 1 % de la population mondiale dans une Europe restant une des régions les plus puissantes du monde. Ils auront confirmation des limites de notre planète commune, sans rechange possible. Ils vivront les usages encore insoupçonnés du génome humain pour réparer le vivant accidenté ou pour le manipuler à des fins commerciales. Les ordinateurs auront encore accru leur vitesse de calcul pour améliorer la vie quotidienne de tous ou pour renforcer le pouvoir de quelques-uns et le fichage de chacun.

L’espérance de vie sera de 85 ans en moyenne dont 27 consacrés au sommeil, 10 aux activités professionnelles, 45 à la vie quotidienne (dont 16 devant les écrans) et 3 à l’éducation et la formation initiales. On pense souvent l’éducation pour une époque qui n’existe déjà plus. Ce qui rend toute politique d’éducation vaine quand elle prétend avoir des effets certains et de court terme. Cela ne dispense pas d’en avoir une qui ambitionne d’avoir prise sur l’avenir, d’y préparer les enfants et les jeunes, de leur donner confiance en l’avenir, tant individuel que collectif!

Une éducation démocratique et républicaine

Finalement l’éducation en soi ne présage en rien des qualités humaines d’une société. Il y a des politiques d’éducation, notamment scolaires, qui préparent à la servilité, d’autres à l’émancipation, à la domination par la compétition ou à l’entraide par la coopération, au conformisme ou à la créativité.

Bref, toute société a l’éducation et l’École qu’elle mérite et réciproquement. Mais une chose est certaine, c’est qu’une société qui se prétend une République démocratique n’a de chance d’y arriver qu’avec une politique d’éducation (en particulier à la citoyenneté) républicaine et démocratique.

Et la France a encore des marges de progrès pour y parvenir. Pour tous ses enfants et· notamment pour les 150 000 qu’elle laisse chaque année sans diplôme ni qualification à leur sortie de l’école, mais aussi pour ses « élites ) dont il convient d’interroger la formation et les modèles qu’elle fait prévaloir. C’est d’autant plus vrai dans une époque dont les mutations inédites, rapides, parfois brutales rendent la situation de l’humanité plus incertaine, et d’une complexité inouïe. C’est à un tel moment qu’on mesure l’importance d’une politique pour « Faire société ) et qu’il faut penser et construire une véritable éducation du futur. En république et en démocratie, elle ne se conçoit pas sans un ardent désir de permettre à chacun, dans l’égalité, de trouver sa place dans la société: sa place de personne autonome et solidaire capable de se situer dans son époque, son environnement, de s’y insérer socialement, et d’y exercer sa citoyenneté … En prenant part au gouvernement de la cité ou en le déléguant en conscience.

La coopération contre la fatalité sociale

Nous mesurons bien l’étendue des responsabilités présentes et à venir pour élaborer et conduire de telles politiques scolaires, d’éducation et de formation initiales ou tout au long de la vie. I.:exercice vaut pour la puissance publique, État et collectivités, les institutions culturelles publiques ou privées, les mouvements d’éducation, les acteurs économiques et sociaux et tous les citoyens. Il doit être entendu que l’éducation est une responsabilité partagée et que la coopération entre tous les éducateurs est la meilleure façon de faire reculer la fatalité sociale qui semble s’être emparé de notre pays. L’école notamment ne tient pas sa promesse de permettre à tous les enfants de la République de grandir en son sein dans l’égalité d’accès aux savoirs, des savoirs pour « Faire société ». L’école doit être refondée et la Ligue de l’enseignement a formulé des propositions ambitieuses en ce sens ;pour que l’éducation soit à nouveau un carburant effectif du progrès social et de la démocratie.

Notre engagement de mouvement laïque d’éducation populaire, c’est de faire que les enfants et les jeunes ne soient pas des cœurs de cible pour les fabricants de pensée toute faite et des parts de marché pour la publicité. Qu’ils puissent penser et faire par eux-mêmes, avec et pour les autres. Que leur identité ne soit pas constituée de leurs seules origines mais surtout de ce qu’ils font de leur vie.

Finalement peut-être que toute politique d’éducation démocratique qui entend prendre l’enfant au sérieux afin qu’il apprenne à « faire société » a sans doute comme objet principal de lui apprendre à dire bonjour à l’Autre.

Éric Favey

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Categories: 4.2 Société

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