Lors de la présentation de la première version de la réforme du collège, le ministère de l’Education nationale n’avait pas caché son ambition de supprimer totalement l’enseignement du latin et du grec dans le premier niveau du secondaire. Il n’avait d’ailleurs même pas été demandé au Conseil supérieur des programmes (CSP) de plancher sur de nouveaux textes encadrant ces enseignements.
Mais face à une importante levée de boucliers, le ministère a fait quelque peu marche arrière, acceptant de saupoudrer un peu de latin et de grec au sein du collège nouvelle formule. Le Conseil supérieur des programmes a donc été invité à proposer des textes définissant cet enseignement de complément baptisé « Langues et cultures de l’Antiquité ».
Le site Arrête ton char vient de se faire l’écho de ces nouveaux programmes. La CNARELA (Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues anciennes) diffuse sur son site le projet de programme pour l’enseignement de complément «Langues et cultures de l’Antiquité » remis par le CSP à la Ministre le 17 décembre.
Ce texte doit encore être soumis à une consultation des inspecteurs avant d’être ensuite validé par le ministère. Il est possible de prendre connaissance de ce document en se rendant directement sur le site de la CNARELA.
Les rédacteurs de ce texte précisent en forme de préambule :
« L’enseignement des langues et cultures de l’Antiquité commence dès le cycle 3. En français au cours de ce cycle, les élèves ont découvert les bases latines et grecques du vocabulaire français et lu des récits tirés de la mythologie et des œuvres ou des extraits d’œuvres antiques traduites. En histoire, en début de cycle, ils ont observé les traces de civilisations antiques, celtes, gauloises, grecque, romaine, dans leur environnement proche et ont étudié les contacts entre elles, particulièrement entre les Gaules et la civilisation romaine.
En classe de sixième, ils ont abordé les récits fondateurs, les croyances et la citoyenneté dans la Méditerranée antique au Ier millénaire ; ils ont vu comment les récits mythiques pouvaient être mis en relation avec les découvertes archéologiques, ils ont découvert le monde des cités grecques. Enfin, ils ont eu une première approche de l’histoire romaine en étudiant l’empire romain dans le monde antique.
Au cycle 4, cet enseignement des langues et cultures de l’Antiquité relève de trois dispositifs qui se complètent :
– Il s’inscrit dans le cadre d’enseignements dispensés à tous les élèves, particulièrement le français, à travers la découverte de l’histoire de l’écriture, l’étude du lexique qui fait connaitre les éléments de composition issus du latin et du grec et la constitution d’une culture littéraire et artistique qui s’appuie sur des corpus intégrant des œuvres de l’Antiquité.
– Il fait l’objet d’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), déterminés au sein de chaque établissement, qui proposent des approches des langues et cultures de l’Antiquité faisant converger les apports de différentes disciplines.
– Il est dispensé aux élèves volontaires dans le cadre de l’enseignement de complément « Langues et cultures de l’Antiquité » dont le programme figure ci-après.
Les élèves qui ont fait le choix de cet enseignement de complément acquièrent au cours de leur scolarité en collège une première connaissance des cultures de l’Antiquité qui permet d’en saisir les constituants fondamentaux : langues, histoire, sciences, littérature, arts, croyances, modes de vie. Cette découverte est une incitation à poursuivre l’étude des langues et cultures de l’Antiquité dans la suite de leur scolarité. Elle constitue également un acquis pour ceux d’entre eux qui ne feront pas le choix de poursuivre cette étude mais disposeront, grâce à l’enseignement de complément, d’une représentation des cultures de l’Antiquité et de leur étendue.
Dans l’Antiquité, le dialogue entre les deux cultures, latine et grecque, a été constant. Le contact avec la culture antique conduit aujourd’hui à mettre en regard, chaque fois que possible, ses expressions latine et grecque. Au plan linguistique, l’apprentissage de l’une des deux langues ne devra pas être exclusif d’incursions et d’éclairages en direction de l’autre langue. Au plan culturel, les différents thèmes du programme associent des éléments provenant des deux cultures, afin qu’en particulier la culture grecque soit présente chaque fois que possible.
La connaissance que les élèves acquièrent de l’Antiquité se fonde, d’abord, sur l’étude des textes authentiques, que l’on fait lire en latin et en grec, mais également, de manière cursive, en traduction, ainsi que sur celle des œuvres d’art et des vestiges archéologiques. Elle se nourrit aussi des œuvres que l’Antiquité a inspirées au fil du temps. Écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, cinéastes, auteurs de bandes dessinées, philosophes, musiciens etc. ont trouvé en elle une source inépuisable de création et de réflexion. L’étude de ces œuvres offre l’occasion de rapprochements féconds mais aussi d’une réflexion sur l’altérité en amenant à prendre conscience de la diversité des interprétations en fonction des époques et du contexte.
Le professeur élabore librement, à partir de la liste de thèmes proposée ci-après dans la partie « Culture littéraire, historique et artistique », les problématiques de séquences qui visent au développement d’une culture littéraire et artistique et à l’acquisition de compétences de lecture, de compréhension et de traduction des textes antiques prenant appui sur l’étude de la langue.
Il organise son projet pédagogique annuel en ayant soin de choisir des thèmes d’étude qui lui permettent d’aborder des aspects diversifiés et complémentaires des cultures de l’Antiquité et d’élaborer une progression dans la connaissance de la langue et des méthodes pour accéder aux textes.
Il a soin de varier les lectures et les activités pour ménager l’intérêt des élèves et susciter le plaisir de découvrir et d’apprendre. Le travail exploite toutes les possibilités qu’offre le numérique pour réaliser des visites virtuelles et les élèves poursuivent leur apprentissage de la recherche documentaire sous toutes ses formes. Chaque fois que possible, le professeur a recours aux ressources locales ou accessibles et organise des échanges et des rencontres avec des professionnels et des spécialistes des langues et cultures de l’Antiquité pour nourrir son enseignement.»
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