In Ma Onzième année – le 3 avril 2014 :
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Depuis cinq ans que j’utilise Twitter en classe avec mes élèves , j’ai toujours opté pour des comptes individuels propres à chaque élève. Puisqu’ils sont lycéens, donc plus autonomes, plus matures avec une capacité de réflexion plus large que des primaires ou des collégiens, ce fonctionnement n’a jamais posé problème.
Sur ce principe, chaque élève définit son avatar, son pseudo, sa ligne éditoriale , ce qui me permet de faire une éducation à l’identité numérique active, pratique et efficace. En 5 ans, je n’ai eu à déplorer aucun dérapage sur les comptes élèves: ils ont tous respecté la ligne éditoriale édictée.
Mais cinq ans ont passé et mes élèves comme moi-même avons évolué dans nos pratiques et nos approches du réseau social.
Ma 1ère promo (qui sera étiquetée bien plus tard de "twittclasse") ne connaissait pas Twitter: ces élèves étaient les premiers ados-facebook laissant tomber les skyblogs mais pas encore msn. Nous avons défriché ensemble ce réseau et ses possibilités pédagogiques: des inventions qui sont aujourd’hui présentées à travers d’autres projets comme innovants.
Ma dernière promo en date (que je suis pendant trois ans) quitte peu à peu Facebook pour Instagram, Snapchat … et tout ce qui se prèsente à elle! Ces élèves consomment le web comme ils consomment dans leur quotidien: selon leurs envies et selon les tendances sans aucune fidélité. Le web est devenu un espace de consommation. Ils connaissaient déjà Twitter, n’ont pas été plus surpris que ça qu’on l’utilise en classe. Plusieurs avaient déjà un compte Twitter personnel qu’ils ont souhaité conserver. Difficile de leur demander d’en créer un nouveau. D’autres, par la création du compte en classe, se le sont approprié développant leur réseau sur leurs centres d’intérêts personnels. C’est ainsi que nos TL enseignant-élèves ont été envahies de tweets de fans de Kpop, One D etc ! J’ai fini par ne plus suivre ces comptes qui dénaturent la ligne éditoriale que je souhaitais donner à ce réseau classe. Par cette rupture, le constat s’impose de fait: nous ne pouvons plus travailler en réseau global si j’en exclus des élèves!
Le deuxième changement de pratiques constaté c’est ce que certains élèves n’utilisent jamais Twitter si je ne leur demande pas. J’avais réussi avec la première promo un usage régulier hors temps de classe: Twitter permet plus de communication, d’informations, plus de travail. Je me suis épuisée au fil des classes à activer ces "plus" hors temps de classe pour quasiment l’abandonner. Nous utilisons Twitter en classe mais il y a peu de relai individuel en dehors du temps de classe.
Aujourd’hui quand nous utilisons ce réseau c’est pour échanger sur un projet spécifique avec des intervenants extérieurs comme avec le projet #àtable ou #femmepantheon : Des projets qui n’amènent plus l’élève à interagir seul avec un binôme extérieur. C’est le groupe classe qui lance un appel à contribution et les tweeteurs intéressés y répondent.
Cette pratique est cohérente avec celle que nous avons de Tumblr et surtout cette année de Pinterest: un seul compte, un seul espace, un seul mot de passe partagé par toute la classe avec moi. Pinterest est devenu notre "musée imaginaire" (à la manière de Malraux), Tumblr notre espace d’appel à contribution. Nous avons dématérialisé notre espace de classe à travers ces réseaux.
Sur Pinterest, l’espace est commun et les productions sont variées: communes à la classe, communes à des groupes ou individuelles. L’élève inscrit ses initiales pour que nous puissions identifier celui qui produit.
Nous avons donc glissé sur un espace commun où chaque individualité est pourtant respectée: les tableaux exposés sur le Pinterest de classe sont heretoclytes épinglant des images et des textes correspondant à chaque producteur. Les objectifs posé sont donc toujours atteints : collaboration, mutualisation et indivualisation des apprentissages.
Le décalage entre ces nouvelles pratiques et celles que nous avons toujours eues avec Twitter est désormais évident. J’ai donc décidé que nous utiliserions désormais Twitter à travers un seul compte : mon compte prof qui devient celui de la classe. Il était déjà intitulé "compte classe" : @gadoriole faisant peut apparaître mon nom et ma fonction. Chaque élève pourra produire des tweets et mettra ses initiales.
Nous allons de fait plus travailler sur l’identité numérique d’un groupe que sur l’individuelle. C’est un groupe d’élèves qui passent trois années scolaires ensemble. À mi-parcours, nous avons besoin de renforcer la cohésion, de mettre en place des solidarités, de l’entraide et du tutorat. Ces espaces virtuels sont des outils pour atteindre ces objectifs.
C’est aussi pour consolider une compétence pré professionnelle: le travail en équipe auquel ils sont confrontés lorsqu’ils font leur stages en entreprises. Nous devons amener cette génération qu’on dit très individualiste (mais qui n’est que le reflet de notre Société !) à construire leur parcours en réseau.
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