TERRITOIRE
D’abord conçu comme « milieu », « aménagement » et « organisation de l’espace », P.George, 1970, il faut attendre 1992 avec l’Encyclopédie de géographie et Les mots de la géographie, pour que le territoire soit véritablement identifié. L’idée de territoire implique l’appropriation, une conscience de l’espace en quelque sorte.
Au sens sociologique, ensemble des éléments de géographie physique et humaine que les acteurs sociaux peuvent s’approprier et qui, de cette manière, sont des constituants des identités collectives et du devenir d’une communauté humaine, quelle qu’en soit la forme.
L’instauration des zones d’éducation prioritaire (ZEP) au début des années quatre vingt, fournit un exemple de territorialisation de l’espace éducatif.
Le territoire n’est pas seulement un découpage géographique aux frontières apparentes (le quartier, le village, le canton , les rues et chemins, etc.), mais est aussi un espace de sens, révélateur des représentations qu’en ont les individus, donc de la manière dont ils le « vivent » et perçoivent les ressources et contraintes liées à ce contexte local, transmettent une histoire locale et la font, défendent un patrimoine, portent des projets de développement économique, en fait, témoignent de leurs ancrages sociaux, politiques et/ou économiques et de la nature de leur implication. L’implication territoriale révèle des enjeux identitaires, en indiquant quelle place les acteurs ont le sentiment d’occuper et quelles significations ils privilégient concernant le développement local.
Penser la ville (80% de la population française est désormais urbaine), est un enjeu du XXI ème siècle. Il persiste en effet une difficulté majeure à identifier l’urbanité. Le concept politique de la ville a une quarantaine d’années tout au plus. Il nait avec l’apparition de problèmes liés à la concentration de population et à ses conséquences (violences, pollution, gestion de l’eau, etc.), conduisant à des traitements spécifiques sous l’impulsion d’une politique de la ville.
Dans les discours, comme dans les analyses, émerge la notion de « territoires d’appartenance » (comme les « pays » par exemple) auxquels les différents acteurs tentent de donner la dimension pertinente pour répondre à l’exigence d’efficacité, imposée par une action publique de plus en plus transparente. Est-ce « la fin des territoires », B.Badie, 1995 ? A l’heure des réseaux, des télécommunications et des mobilités généralisées, de nouvelles perspectives apparaissent avec la naissance de territoires virtuels (endroits fréquentés quotidiennement par une personne pour son travail, ses loisirs, sa vie familiale, etc.)
B.Charlot et J-Y. Rocheix, 1994, ont trouvé sept figures de la territorialisation :
– la version autogestionnaire, modèle Savary, 1981-1982 ;
– la version libérale qui tente de s’imposer entre 1986 et 1988 ;
– la version de la territorialisation régulée par l’Etat entre 1989 et 1993 ;
– la version DSQ de la territorialisation éducative ;
– la version collectivités territoriales (municipale, départementale, régionale) des années 1983-1985 ;
– la version marketing encouragée par la politique gestionnaire de l’Etat ;
– la version consumériste de la territorialisation.
Il se trouve parfois que « l’Etat décide et la collectivité territoriale se retrouve, de fait, obligée d’assumer cette décision et de payer ».
La territorialisation des politiques éducatives, à l’intérieur de l’Education nationale ou dans les collectivités locales (qui assurent près du quart des dépenses d’éducation) a transformé certaines fonctions à l’exemple des responsables d’établissements, dont le métier n’a plus grand chose de commun avec celui qu’ils exerçaient il y a dix ans et fait naître des métiers nouveaux (dans les ZEP, les municipalités, les conseils généraux, les régions…) ou de nouvelles activités (programme Nouveaux services/nouveaux emplois ».