Le rapport sur l’instruction publique, Talleyrand, 1791, comporte une véritable théorie ce qu’il appelle le « système éducatif ». Le sociologue, E. Durkheim, désigne par cette expression les « sommes de pratiques éducatives », in Nouveau dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, publié sous la direction de F. Buisson en 1911.
« Lorsqu’on étudie historiquement la manière dont se sont formés et développés les systèmes d’éducation, on s’aperçoit qu’ils dépendent de la religion, de l’organisation politique, du degré de développement des sciences, de l’état de l’industrie, etc. Si on les détache de toutes ces causes historiques ils deviennent incompréhensibles », E. Durkheim, 1934.
L’expression dans son acception récente date des années 70. Elle figure dans la loi Haby de juillet 1975, pour désigner l’ensemble de l’appareil de formation initiale relevant du ministère de l’Education nationale de la petite section de l’école maternelle à la fin des études supérieures, C. Durand-Prinborgne, 1992.
Ensemble d’institutions et d’agents qui définissent les connaissances à faire acquérir par la population, qui les répartissent entre les publics scolaires, qui organisent leur transmission, qui la mettent en œuvre et qui en certifient l’acquisition. L’ensemble des structures et personnels concourant à l’éducation d’une population est compris dans la terminologie de l’ UNESCO comme l’enseignement formel de cette population, (J.O. du 11 septembre 1992) ;
Pour fonctionner, ce système complexe comporte de nombreuses cellules (politiques, administratives, pédagogiques, d’animation, d’évaluation, de prospective…). La cellule de base de ce système est la classe, le maître et ses élèves. Le maître qui transmet des connaissances à ces élèves qui les reçoivent. C’est cette cellule de base qui est le cœur du système éducatif. C’est autour d’elle, pour elle, en fonction d’elle, que le reste du dispositif scolaire est institué et qu’il fonctionne, (C. Lelièvre et C. Nique, 1994).
A partir de travaux sur les représentations d’avenir des adolescents, J ?. Guichard, 1993, considère que le système d’enseignement serait une sorte de miroir structuré et structurant dans lequel le jeune apprendrait à se voir et à se représenter d’une certaine façon son avenir.
Où vont les systèmes éducatifs ? A cette question, l’ OCDE, 2001, a tenté d’imaginer ce que pourraient devenir les systèmes éducatifs dans une vingtaine d’années à partir de différents paramètres, notamment leur capacité à innover et à évoluer dans diverses directions. Six scénarios ont été retenus :
• Les scénarios 1 et 2 « Systèmes scolaires bureaucratiques forts » ; « Extension du modèle du marché » constituent une extrapolation du statu quo ;
• Les scénarios 3 et 4 « L’école au cœur de la collectivité » : « L’école comme organisation apprenante ciblée » explorent ce que pourraient être une « rescolarisation » ;
• Les scénarios 5 et 6 « les réseaux d’apprenants et la société en réseau » ; « L’exode des enseignants : la désintégration » explorent une toute autre évolution, où les insatisfactions et le rejet de systèmes organisés conduiraient à la « déscolarisation ».
Réunis en avril 2001, les ministres de l’Education de l’OCDE ont eu pour mot d’ordre : « Investir dans les compétences pour tous », en mettant l’accent sur les problèmes de contenus d’enseignement et sur les pratiques professionnelles.
On voit par là que des tendances contradictoires cohabitent eu égard au buts multiples et parfois divergents assignés aux systèmes d’éducation et de formation. Les systèmes d’éducation et de formation se rationalisent et se réorganisent.
Ils parient souvent sur une plus grande autonomie laissée aux établissements, l’introduction des technologies de l’information et de la communication, l’encouragement à des pratiques partenariales et à des approches systémiques associant des services d’orientation et de conseil. Les systèmes d’éducation de formation sont traversés par une quête fébrile d’adaptation aux nouvelles exigences de la société.