Dans le paysage des rendez-vous éducatifs, les Rencontres nationales de l’éducation présentent, depuis bientôt 16 ans, la caractéristique de proposer aux acteurs de l’éducation une réflexion qui vise à analyser les mutations qui touchent la société, à définir les enjeux propres au champ éducatif et à inscrire leur action dans les valeurs qui fondent une politique éducative.
A l’approche d’une 9 ème édition, plusieurs points, acquis, des précédentes éditions, méritent d’être rappelés.
L’éducation telle que nous l’entendons reconnaît et prend en compte trois espaces, trois temps éducatifs : formel (l’Ecole et la formation initiale), non formel (une intentionnalité éducative dans un cadre non obligatoire, celui des loisirs) et informel (pas d’intentionnalité éducative : l’expérience, les pratiques).
Notre réflexion dépasse le seul cadre de l’éducation, habituellement déclinée
dans les champs de l’enfance et de la jeunesse, et intègre aussi celui de la
formation tout long de la vie.
Ainsi, c’est en termes de parcours, tant individuel que collectif, de la petite enfance au plus grand âge, que les Rencontres ont choisi de penser l’éducation.
Cette éducation trouve sa pleine mesure, lorsque qu’elle s’ancre dans un territoire et qu’elle englobe l’ensemble des temps, des acteurs, et des savoirs. Cette approche par le territoire reflète notre conviction que cet espace géographique et humain est l’espace privilégié d’élaboration et de mise en œuvre de projets éducatifs, le lieu du projet et du sens partagés.
De notre point de vue l’éducation vise à former les personnes dans leurs différentes dimensions : la personne, le travailleur et le citoyen, et ce dans des dynamiques individuelles et collectives qui loin de s’opposer se complètent.
Autour des questions d’éducation et de formation tout au long de la vie, les questions restent vives, les chantiers à améliorer nombreux. Ainsi, la question des inégalités dans notre société est l’un des défis que les politiques éducatives doivent relever.
Les nombreux états des lieux conduits sur notre école, mais aussi sur les inégalités d’accès aux loisirs, à la culture, au sport, aux vacances…. confirment que le rôle des institutions éducatives n’est pas de se focaliser sur les seules élites, «les héritiers», dans une posture qui participe à la production de l’échec scolaire, mais de viser l’excellence – le meilleur – pour tous.
Nous savons que la question de la démocratisation de l’Ecole est toujours d’actualité et c’est pourquoi à «l’égalité des chances», trop aléatoire, nous opposons «l’égalité des droits», pour tous.
A l’heure, où les 9èmes Rencontres nationales de l’éducation se préparent, il est important que nous ayons à l’esprit le contexte qui servira aussi de cadre à notre réflexion.
Depuis de nombreux mois, la question éducative est revenue au premier plan du débat public, faisant suite à de nouvelles politiques publiques : la Refondation de l’école publique 1 avec la mise en place de nouveaux rythmes scolaires et l’introduction de nouveaux temps éducatifs, l’invitation dans la loi
à généraliser des projets éducatifs de territoire, la révision de la politique de prévention et de lutte contre le décrochage scolaire et le rôle central que joueront les conseils régionaux, mais aussi la réforme de la formation professionnelle 2, ou encore la poursuite de la décentralisation et les recompositions territoriales.
Ces Rencontres nous permettront ainsi de faire un point, voire de préciser
un contexte institutionnel dans lequel il peut sembler difficile de se repérer.
Comme lors des précédentes éditions, cette 9ème édition sera une contribution directe au débat public, au cours de laquelle il s’agira de poursuivre et d’approfondir la réflexion engagée en questionnant les évidences, en se réappropriant des questions qui font problème, en acceptant
de travailler dans la tension et sans renoncer à nous inscrire dans la complexité (réflexion et action, diagnostic et prospective, théorie et pratique).
En 2014, les Rencontres nationales de l’éducation se donneront pour objectif
de poursuivre l’exploration des notions de territoire éducatif, de territoire apprenant, et de les envisager dans leur capacité à œuvrer pour une société de la connaissance ET une société démocratique.
Quel que soit le niveau territorial dans lequel se déploie une politique éducative, la question des savoirs est centrale dans ce qu’elle doit permettre de répondre à nombre d’enjeux présents dans la société : enjeux scientifiques,
politiques, culturels et bien entendu éducatifs.
1 Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République.
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