In Le Monde Education – Le 01 mars 2013 :
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Le constat est quasi-unanime : les élèves français ont des années scolaires trop courtes et des journées trop longues. En juillet 2011, la conférence nationale sur les rythmes scolaires, réunie à la demande du ministre de l’éducation Luc Chatel, préconise dans son rapport d’orientation (PDF) un "étalement de la semaine sur au moins neuf demi-journées, dont, à l’école élémentaire, une demi-journée supplémentaire de trois heures d’enseignement (le mercredi ou le samedi)".
Luc Chatel en reste au stade du constat. Devenu ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon fait de la question des rythmes scolaires une de ses premières batailles. Après une phase de dialogue avec les syndicats, la modification des rythmes hebdomadaires dans les écoles maternelles et élémentaires est actée par un décret, publié le 26 janvier 2013.
- Que change le décret ?
Le décret modifie l’organisation de la semaine de classe pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires. Une demi-journée est ajoutée, fixée au mercredi matin, et la journée est raccourcie. Si la commune le souhaite, cette demi-journée peut être le samedi, "lorsque cette dérogation est justifiée par les particularités du projet éducatif territorial et présente des garanties pédagogiques suffisantes".
En 2008, Xavier Darcos, le premier ministre de l’éducation nationale de Nicolas Sarkozy, avait choisi de supprimer l’école le samedi matin, faisant passer de vingt-six à vingt-quatre heures le nombre d’heures de classe par semaine. Deux heures d’aide personnalisée sont mises en place pour les élèves rencontrant des difficultés d’apprentissage.
Faites glisser le curseur pour suivre l’évolution du temps de travail en classe jusqu’en 2013 (ou 2014, selon la date d’application de la réforme).
6 jours travaillés par semaine
Lire notre décryptage sur l’évolution des rythmes scolaires et "Rythmes scolaires : le précédent de 2008"
Le nombre d’heures hebdomadaire reste le même qu’avant l’ajout d’une demi-journée supplémentaire, c’est à dire vingt-quatre heures. Les heures d’enseignement doivent donc être réparties dans la semaine, en respectant trois critères :
- une journée d’enseignement ne peut pas durer plus de cinq heures trente ;
- une demi-journée est limitée à trois heures trente ;
- la pause méridienne, c’est-à-dire la pause de midi, doit être supérieure à une heure trente.
Les conseils d’école ou les communes proposent un projet d’organisation qui sera ensuite validé par la direction de l’académie. Le site du ministère de l’éducation nationale montre des exemples d’emploi du temps incluant des "activités pédagogiques supplémentaires" préconisées par le décret.
L’organisation des vacances scolaires n’est pas concernée par ce décret et la durée de l’année scolaire reste fixée à 36 semaines. Une réforme des rythmes annuels n’est pas à l’ordre du jour, mais M. Peillon a répété que cela pourrait être le cas à l’horizon 2015.
- Quand la réforme va-t-elle être mise en place ?
C’est à la rentrée 2013 que les emplois du temps seront réaménagés. Cependant, le décret permet aux municipalités qui le souhaitent de repousser d’un an l’application de la réforme. Elles ont jusqu’au 31 mars pour signaler le report à l’inspection académique. Vincent Peillon espère que la moitié des villes françaises passeront à la semaine de neuf demi-journées en 2013.
Suivez les décisions ville par ville dans la carte ci-dessous, pour les 51 plus grandes villes de France. En rouge, les villes ayant décidé d’appliquer la réforme à la rentrée 2013, en rose, celles ayant demandé une dérogation pour la rentrée de 2014 et en gris, celles pour lesquelles la décision n’est pas encore connue.
- Pourquoi ça coince ?
La mise en place de la réforme va coûter cher aux municipalités. A elles, par exemple, de prendre en charge les ouvertures de cantines le mercredi midi ou l’embauche d’animateurs pour assurer les activités périscolaires. L’association des maires de France juge insuffisant le montant de la dotation proposée par Vincent Peillon et espère que le fonds sera "pérennisé car les dépenses induites par la réforme seront durables".
Autre problème souligné par les enseignants et les parents d’élèves : le niveau de qualification des animateurs, souvent jugé trop faible. Pour pallier les problèmes d’effectifs, Vincent Peillon a promis d’assouplir le taux d’encadrement réglementaire, c’est-à-dire d’augmenter le nombre d’enfants que peut encadrer un animateur. Une décision contestée par les animateurs, qui estiment qu’elle pose des problèmes de sécurité.
Les syndicats de professeurs ont fait grève en janvier et février pour contester les modalités d’application et d’organisation de la réforme. Leurs inquiétudes se concentrent notamment sur les activités périscolaires qui doivent réduire le temps de travail, mais qui, en pratique, ne réduisent pas le temps de présence à l’école pour les élèves.
Lire à ce sujet : Le casse-tête des maires ruraux, "Les communes tergiversent" et "Les raisons du refus d’une école parisienne"
Les communes doivent toutes avoir indiqué leurs souhaits concernant les modalités d’application de la réforme d’ici au 31 mars.