In La Nouvelle République – le 21 février 2014 :
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Claire Leconte est professeure émérite de psychologie de l’Education.
Spécialiste du temps de l’enfant, l’universitaire lilloise Claire Leconte dénonce l’organisation du temps scolaire sur neuf demi-journées.
S’il est une personne qui se passionne pour la réforme des rythmes scolaires, c’est bien Claire Leconte. « Une vraie réforme ! Pas ce que nous connaissons aujourd’hui… », s’empresse de préciser cette professeure émérite de psychologie de l’éducation à l’université de Lille III. Toute la journée d’hier, à l’invitation du SNUipp-FSU, Claire Leconte a animé à Niort un stage sur le sujet à la maison des syndicats qui a rassemblé une vingtaine d’enseignants, des élus locaux ainsi que des parents d’élèves.
Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois d’expérimentation de la réforme ?
« Si l’on veut véritablement aller vers un mieux être de l’enfant à l’école et plus de réussite scolaire, on ne peut le faire que sur la base d’un projet construit de manière paritaire avec les parents, les enseignants, les élus, les responsables de mouvements de l’éducation populaire, les ATSEM… Or, cela n’a pas été le cas. On a surtout imposé un nouvel emploi du temps avec des cases vides que chacun s’efforce aujourd’hui de remplir comme il peut. Un emploi du temps davantage soucieux de contraintes extérieures – transports scolaires, locaux, ressources disponibles, ou plutôt indisponibles ! – plus que des rythmes de l’enfant. »
Quelle est la conséquence de ce rendez-vous manqué ?
« Comment faire un état des lieux quand on ne dispose d’aucune donnée sur un niveau de base qui permettrait de faire une comparaison entre l’avant et l’après. Les constats qui sont faits ne s’appuient que sur des sentiments et non sur une évaluation scientifique. Quel maire qui s’est engagé dès 2013 dira que ce qu’il a mis en place ne marche pas ? Et que pensent tous ceux qui se gardent bien de répondre ? »
Quelle solution pour atteindre l’objectif initial, à savoir l’intérêt de l’enfant ?
« Que l’on accepte d’assouplir le décret qui rigidifie le cadre en imposant une organisation sur neuf demi-journées laquelle ne permet pas aux enseignants de mieux organiser le temps scolaire au bénéfice des enfants ni aux communes de disposer de plages de temps pour proposer des activités de qualité, y compris en sortant les enfants des écoles. Depuis janvier 2013, je me suis rendue dans près de 300 communes, dans toute la France, notamment deux fois à Chef-Boutonne, qui ont fait appel à moi pour les aider à construire un emploi du temps. De nombreux maires commencent à se mobiliser pour que l’on ne raisonne plus sur cette base de neuf demi-journées mais sur quatre jours et demi. »