In L’Expresso – le Café Pédagogique – le 28 avril 2014 :
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Devant l’ampleur des critiques et résistances, notamment des maires, il était incontournable de revenir sur le décret précédent, sans pour autant remettre en cause le projet de « refondation de l’école » de V. Peillon. Exercice difficile et subtil pour le nouveau ministre Benoit Hamon.
Un nouveau décret devrait confirmer le principe de la semaine de 4,5 jours, mais en n’imposant plus les 9 demi journées mais « 5 jours d’école » hebdomadaire. Il maintiendrait par contre son application pour tous à la rentrée 2014 ( 93% des communes ont déposées leur projet). La nuance permettra aux communes notamment les communes rurales, de choisir de libérer un après midi de classe (soutien du SNUIPP et de Claire Leconte notamment). La mesure permettra aussi aux communes de regrouper les activités péri scolaires sur 3h un après midi par semaine, plutôt que 3/4h sur 4 jours, facilitant ainsi le recrutement des animateurs et la mise en place d’activités plus longues et à portées pédagogiques plus appuyées. Cette proposition comporte ainsi réellement, un certain nombre d’avantages. Elle facilitera d’autre part l’organisation des communes et libérera les enseignants sur une demi-journée.
Cependant je lui trouve 2 handicaps, que j’ai eu souvent l’occasion de débattre avec mes (ex) collègues élus à l’éducation, principalement ceux de qui appliquent ( Paris) ou projettent d’appliquer ( Lille) cette organisation.
1. Cette mesure suppose de conserver 3 journées de 6h de classe hebdomadaires pour l’enfant. Hors l’objet de la réforme n’était-il pas de diminuer la journée d’enseignement, jugée trop lourde, notamment pour les enfants les plus en difficultés (+étude + garderie).
2. Proposer de regrouper les activités périscolaire sur une demi journée, impose quasiment aux familles une impératif d’inscription. En effet, comment occuper son enfant un jeudi après midi sinon de le mettre à l’école. Cette mesure rend ainsi « obligatoire » le temps péri scolaire qui devrait, à mon avis, rester « facultatif ». C’est l’école laïque et républicaine qui doit rester obligatoire. Il est nécessaire je crois, de laisser une latitude aux familles de proposer un choix d’autres occupation aux enfants (organisation familiale, club ou association ou périscolaire) pour qu’il ne passe pas forcément 10h à l’école. Elle pose aussi de façon crucial, la question de la gratuité des activités périscolaires, légitimes, mais ajoutant un coût supplémentaire aux communes.
Cela dit , aucune formule ne peut prétendre à résoudre à elle seule, la question des inégalités scolaires et la spirale de l’échec qui entraine plus de 20% des enfants et particulièrement ceux des familles au niveau social peu élevé. Pour permettre de mettre en place des solutions adaptées, il est nécessaire de « changer l’école » et la loi sur la « refondation de l’école » apporte quelques mesures salutaires (scolarisation des moins de 3 ans, plus de maitres que de classes, lutte contre le décrochage..) mais il est surtout indispensable de permettre des expérimentations suivies et évaluées, qui s’appuient sur l’expérience et l’expertise des acteurs de terrain, afin de renouveler la créativité pédagogique.
Paul Bron
Conseiller municipal de Grenoble