In La Voix du Nord – le 28 Août 2013 :
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En février dernier, la ville de Roubaix annonçait son intention d’appliquer la semaine des quatre jours et demi dès la rentrée de septembre 2013. Six mois pour mettre en musique une telle réforme, c’est court. Alors que l’opposition lui prédisait le flop, la municipalité a dû procéder à marche forcée. Les « animateurs périscolaires », piliers du projet, ont ainsi été recrutés cet été par job dating. Et leurs « référents » achèvent tout juste leur formation !
Ils ont bouclé mardi leur formation théorique en vue d’obtenir le BAFD (brevet d’aptitude aux fonctions de directeur). Manon, 24 ans, et Hamid, 21 ans, sont deux des 52 « référents » qui, dans chaque école primaire de Roubaix, seront chargés d’orchestrer la mise en place effective de la réforme des rythmes scolaires. Embauchés en contrat d’avenir, ils devront encadrer les animateurs périscolaires, mais surtout définir les activités et projet pédagogique de leur structure. Ils se sentent prêts, et piaffent d’impatience de démarrer. « Je suis fier d’être là, qu’on m’ait fait confiance, on va avoir un rôle important. Les activités qui seront proposées aux enfants, on aurait peut-être aimé voir ça quand on était à leur place ! », confie Hamid, qui n’avait pas d’emploi mais avait une solide expérience d’animateur lorsque la Mission locale de Roubaix lui a proposé de candidater. Manon, elle, se sent pousser des ailes quand elle envisage son futur job : « Pour moi, ce n’est pas un métier mais une passion ; d’ailleurs, on est obligés de le concevoir comme ça, sinon l’enfant le ressentira. Dans une ville comme Roubaix, en plus, notre tâche sera essentielle. »
Leur recrutement comme leur formation se sont réalisés in extremis, tout comme celui des quelque 220 animateurs périscolaires. Ces vacataires, qui animeront les accueils de loisirs de l’après-midi et surveilleront la cantine comme la garderie, n’ont été embauchés que cet été… par job dating ! « Le premier a eu lieu début juillet, trois jours au cours desquels on a rencontré les candidats un par un, raconte Olivier Selosse, directeur du service jeunesse de Roubaix. Nous avons ensuite dû ajouter deux matinées de job dating fin août. » La mairie n’a pour autant pas choisi n’importe qui : 80 % des candidats retenus ont le BAFA. Et le service jeunesse a puisé dans son vivier d’animateurs d’été pour étoffer son équipe. Des formations « maison » ont ensuite été délivrées fin août. Cette semaine, une vingtaine d’animateurs sont par exemple sensibilisés au développement d’animations scientifiques.
« Mobilisation intense et collective »
Ce mode de recrutement a beau être très tardif, il n’inquiète pas les autorités roubaisiennes. Le maire de la ville, Pierre Dubois, estime que le fait d’être prêt à temps a « toujours été le challenge à relever » et que « la mobilisation a été intense et collective » pour y parvenir.
Malgré les difficultés, la copie de la municipalité est donc semble-t-il prête à être rendue pour le jour J. Le contenu des « clubs » d’activités périscolaires, auxquels les 10 000 écoliers de la ville pourront participer une fois par semaine, a été défini cet été après un appel à projets auquel ont répondu une soixantaine d’associations culturelles, sportives ou de loisirs. Mais aussi une cinquantaine d’enseignants, qui participeront à cette révolution scolaire. Ne reste plus qu’une étape : le choix des activités par les parents et leurs enfants.
Ils auront trois jours pour le faire, jusqu’au 5 septembre. Ce qui explique que le périscolaire ne débutera vraiment à Roubaix que le lundi 9.
Dans la métropole, seules huit communes basculent mardi
Roubaix est la seule « grande » ville de la métropole à avoir fait le choix de passer à la semaine des quatre jours et demi dès 2013. « On venait d’entériner notre projet éducatif global, c’était le moment idéal, d’autant que le défi de l’éducation est particulièrement important à Roubaix », martèle le maire, Pierre Dubois. Tourcoing, Lille et Villeneuve-d’Ascq ont opté pour la carte de la prudence en reportant l’application de la réforme à septembre 2014. « Ce qui est le plus important, c’est le contenu de ce projet. Pour qu’il soit de qualité, il nous faut prendre le temps », avait expliqué Martine Aubry en mars dernier. D’autres communes ont pu aussi craindre de mettre en place cette réforme avant les élections municipales.
Au total, outre Roubaix, seules sept autres communes de la métropole lilloise ont accepté le challenge de 2013. Wasquehal, Hem et Wannehain (lire ci-contre) ont désigné le samedi matin comme demi-journée supplémentaire. Nieppe, Vendeville, Lezennes, Louvil et donc Roubaix ont opté pour le mercredi matin. Cette liberté de choix des communes risque bien de mettre certains métropolitains dans l’embarras : les familles dont les enfants sont scolarisés dans des communes différentes n’ayant pas effectué le même choix, ou encore les instituteurs qui n’habitent pas dans la commune où ils travaillent…