In Pôle Rhône-alpes de l’orientation – le 24 juillet 2014 :
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Les journées d’été de la Formation tout au long de la vie ont réuni, les 30 juin et 1er juillet 2014, plus de 200 professionnels de l’orientation, de la formation, de l’insertion. La thématique du « projet » était au cœur des échanges de cette deuxième édition des journées d’été organisées par la Région Rhône-Alpes en partenariat avec l’Université Lumière Lyon 2 et le Pôle Rhône-Alpes de l’Orientation.
Projets en formation, projet d’orientation, pédagogie du projet ont constitué les thèmes principaux des interventions et des débats de ces 2 journées…
Projets en formation, projet d’orientation, pédagogie du projet
"Le mot projet est un "mot valise" aux contenus multiples et à l’utilisation plurielle porteur de nombreuses contradictions" : c’est ce que Philippe Meirieu, vice-président délégué à la formation tout au long de la vie de la Région Rhône-Alpes et professeur à l’université Lumière-Lyon 2 pointe dans son introduction et livre à la réflexion des intervenants et participants aux journées d’été. Parmi les difficultés de l’utilisation de ce terme, Philippe Meirieu insiste sur la confusion entre le "projet-objectif " ou le "projet-préalable" : ne considère-t-on pas, trop souvent, le projet comme un préalable à un apprentissage, une formation, une orientation, une insertion professionnelle, alors que la construction du projet, dans tous ces domaines, est un objectif que nous devons accompagner ?
- Conférence journée 1 : "De la motivation à la mobilisation", Philippe Meirieu
Dans sa conférence introductive "Histoire et fondements de la notion de projet", Jean-Pierre Boutinet, professeur émérite de psychosociologie à l’université catholique de l’Ouest, insiste, à la fois, sur les fondamentaux et les paradoxes du projet. Pas de projet sans auteur, individuel ou collectif et sans opportunités. Tout projet s’inscrit dans une démarche itérative, de la conception à la réalisation, poursuit-il et dans un environnement incertain et complexe. Présentant l’évolution du projet et la manière dont les individus et les groupes le vivent, depuis la Renaissance jusqu’à nos jours, J.-P. Boutinet identifie deux dérives récentes : l’avènement du projet procédural depuis le milieu des années 1970 qui freine notamment l’initiative et la créativité ; l’hypertrophie du temps et la déshérence de l’espace. Il invite également la salle à réagir aux différents paradoxes à prendre en compte lors de la concrétisation d’un projet : celui de l’individuel et du collectif ; celui de la réussite et de l’échec car le projet ne peut jamais réussir totalement ; celui du temps et de l’espace pour penser l’espace malgré l’urgence ; celui de la singularité versus procédure pour laisser s’exprimer les singularités et ne pas se laisser enfermer dans les dérives procédurales ; et enfin celui de l’optimisme et du réalisme.
Au cours de cette première journée, Philippe Meirieu amène aussi les participants à réfléchir aux conditions qui permettent de passer de la "motivation à la mobilisation". Si l’apprentissage et la formation ont été considérés jusqu’au 18e siècle comme des processus endogènes, c’est-à-dire produits par l’individu lui-même et en dehors de tout apport extérieur, Philippe Meirieu montre que de nombreux facteurs externes influent sur la motivation, sur la capacité d’un individu à se mettre dans une dynamique de projet, d’où la nécessité de construire des situations élaborées (en termes de contraintes et de ressources) qui permettent au sujet de se mobiliser et de s’engager librement. Il insiste, dans ce cadre, sur l’importance de la dimension culturelle de toute orientation/formation et sa dimension mobilisatrice. Il montre également comment la dualité que nous pratiquons en tant que professionnels entre le "tu peux tout pour toi" et le "je peux tout pour toi" reste une tension à dépasser dans le cadre de la formation des adultes.
La seconde journée a davantage porté sur le projet en formation et la pédagogie du projet. François Müller qui travaille au sein du département Recherche et Développement de la DGESCO, au travers différents exemples de projets réalisés dans des classes japonaises, néozélandaises colombiennes et françaises, montre comment différents éléments pédagogiques peuvent se combiner pour remettre les apprenants au centre du système de formation.
- Conférence journée 2 : "Les conditions d’une mise en projet en formation ; apprendre par projet" François Müller
Retour sur les tables rondes
Deux tables rondes on également ponctué les travaux de ces journées d’été : la première intitulée "Mobiliser des personnes sans projet" a abordé à travers le regard d’experts la question de l’absence de projet et de ses conséquences. Les intervenants ont également cherché à identifier les conditions nécessaires à la construction d’un projet.
- Table ronde journée 1 : "Mobiliser des personnes sans projet", Claire Caboche – Consulter son blog "La jeunesse invisible"
La seconde table ronde, "Se former dans la cadre d’une pédagogie de projet" a montré à travers différentes mises en œuvre comment se développe le projet en formation. En guise de conclusion de ces journées, Philippe Meirieu a alerté sur l’hégémonie des procédures, "la société du contrôle", "la prolétarisation des esprits" qui rend difficile toute créativité et ne permet pas d’inventer son avenir. Il a également souligné l’ouverture d’un nouveau cycle davantage tourné vers plus de solidarité et d’égalité des droits, dont celui à la formation tout au long de la vie. Enfin, il insisté sur "l’urgence de reconstruire des collectifs" dans une société en proie à une individualisation effrénée.
- Table ronde journée 2 : "(se) former dans la cadre d’une pédagogie de projet". Catherine Reverdy, Des projets pour mieux apprendre ? – Christophe Girard, Présentation des Ecoles de production – Bernard Gerde, Présentation du CLEPT également en vidéo
- Grand témoin, journée 2 : Bibliographie de Raphaelle Raab