La réussite au sens matériel du terme, s’entend comme la constante expansion de la satisfaction par la réalisation progressive de buts utiles. La réussite scolaire contribue à la réussite personnelle et professionnelle, mais ne peut en aucun cas s’y réduire. Réussir sa vie ou réussir dans la vie ? Toute forme de réussite postule une hiérarchie de valeurs, L. Ferry, 2002. Le sentiment de réussite est indépendant de critères extérieurs définissant la réussite, car réussir est souvent un choix d’investissement existentiel. Le modèle social de « la réussite sociale » accessible à tous renvoie l’individu à lui-même et à a responsabilité.
Par quel mécanisme se détermine la réussite à l’école, au travail ou dans toute autre situation sociale ? A. Bandura avance l’hypothèse que l’efficacité personnelle, « sel-efficacy », 1997, est un élément important pour le fonctionnement d’un individu tout au long de sa vie. L’efficacité personnelle est ainsi définie comme étant la « conviction » que l’on peut organiser et exécuter avec succès des actions requises pour produire des résultats ou négocier avec des situations futures qui contiennent des éléments ambigus, imprévisibles ou stressants.
L’efficacité personnelle déterminerait le défi choisi par l’individu, l’effort consacré à sa réalisation, la persévérance face aux difficultés, le stress éprouvé dans le processus et le découragement à la suite d’un échec. Les perceptions d’efficacité personnelle influencent les schèmes de pensée, les émotions et l’action.
Mécanisme central qui médiatise la performance, l’efficacité personnelle concerne les croyances qu’ont les gens en leurs capacités de mobiliser leur motivation, leurs ressources cognitives et les actions nécessaires pour maîtriser les tâches exigées dans une situation donnée.
L’attente d’efficacité n’est pas conceptualisée comme un trait de personnalité ; elle est plutôt définie dans le contexte de comportement assez spécifiques, même si l’on peut s’attendre à ce que les attentes d’efficacité se généralisent d’un domaine à ˜autre, par exemple du plan scolaire à une nouvelle situation d’apprentissage que constitue la transition études travail (démarche efficace de recherche d’emploi).
D’après la théorie de la cognition sociale les gens peuvent anticiper des évènements et les conséquences possibles de leurs comportements ; ils peuvent aussi s’imaginer agir de façon efficace ou inefficace dans le futur. Ainsi ceux qui se sentent très compétents visualisent des scénarios à succès qui servent de guides pour performer, alors que ceux qui se jugent inefficaces sont plus enclins à imaginer des scénarios d’échec qui influenceront leurs performances.
A. Bandura a montré que plus le niveau d’efficacité personnelle est élevé, c’est-Ã -dire plus les personnes croient en leurs capacités et compétences, plus elles sont persistantes dans leurs efforts et plus les stratégies d’adaptation et d’ajustement en sont facilitées. Le schéma très pertinent d’ A. Bandura de la prophétie autoréalisatrice, en s’appuyant sur une vision assez comportementaliste du rapport réussite/non réussite ne fait-il pas l’impasse sur la critique sociale en prenant le risque de psychologiser des données sociologiques ?
La motivation à la réussite peut être comprise comme une combinaison de besoin de réussite, de contrôle interne et de perspective temporelle, Y. Forner, 19996.
J.P Laurens, 1992, s’est interrogé sur a réussite scolaire en milieu populaire : une sur cinq cents, c’est la probabilité qu’avait un enfant d’ouvrier, né dans les années soixante, d’obtenir un diplôme d’ingénieur dans les années quatre vingt.
« Aujourd’hui, même si la probabilité a sans doute augmenté, c’est peu, mais beaucoup plus que les chances de gagner au tiercé ou à la loterie, bien assez pour ne pas renoncer d’emblée à parier », P ; Perrenoud, 1998.
Des réussites paradoxales (inattendues, surprenantes, hors logiques) : grâce à qui ? Les raisons sociales et familiales d’un succès exceptionnel semblent tenir à la cohérence du projet social que se donne la lignée familiale, prise dans une trajectoire souvent instable et frustrante. Il convient de « considérer échec et réussite comme des réponses attachés à des insertions sociales spécifiques et non plus seulement aux propriétés des tâches et aux compétences cognitives des individus « , J. M Monteil, 1993