Par Laure Endrizzi Chargée d’études et de recherche à la Veille scientifique et technologique
Peut-on aider les étudiants à réussir leur entrée dans l’enseignement supérieur ? Si une réponse positive paraît d’emblée évidente, c’est le comment qui fait débat. De-puis plus de vingt ans, les pouvoirs publics s’interrogent en effet sur la manière de lutter contre l’échec et l’abandon à l’université, sans obtenir de résultats probants.
De nombreuses recherches se sont intéressées à cette nouvelle population étu-diante qui, avec la massification, peut désormais prétendre à la poursuite d’études supérieures. Les difficultés que les étudiants rencontrent et les phénomènes d’échec et d’abandon, constatés dans l’ensemble des pays de l’OCDE, ont été abondam-ment étudiés, en particulier à l’université. Les inégalités, en termes à la fois d’accès et de réussite, font également l’objet d’une importante littérature.
On a conscience aujourd’hui que les filières courtes et les filières d’excellence ne sont pas épargnées ; on réalise sans doute mieux que ceux qui échouent sont aussi parfois ceux qui réussissaient bien au lycée ; on admet plus ouvertement que le discours commun sur la baisse de niveau et l’inadéquation scolaire n’est plus tena-ble et que l’échec ne peut décemment être imputable aux seuls étudiants ; on com-prend enfin qu’il ne s’agit plus de trouver le dispositif qui permettra d’endiguer tous les échecs, mais qu’il s’agit bien d’adopter une approche plus « holistique », qui inclut, certes, des dispositifs d’accompagnement personnalisé mais suppose éga-lement des transformations en termes d’offre de formation, d’organisation pédago-gique et de pédagogie…
Dans le prolongement des dossiers d’actualité dédiés respectivement aux sorties sans diplôme (Gaussel, 2007) et au soutien scolaire (Cavet, 2006), et en écho à ceux consacrés à la vie scolaire (Cavet, 2009) et à l’individualisation des apprentissages (Feyfant, 2008), ce nouveau dossier se concentre sur le début du parcours dans l’enseignement supérieur et les dispositifs d’aide à la réussite qui sont aujourd’hui proposés, en France comme ailleurs, pour rendre la transition plus douce.
Après une première partie qui s’attache à mettre en évidence les spécificités fran-çaises en termes d’accès et de réussite, nous examinons les facteurs de risque, d’ordre à la fois contextuel et individuel, qui marquent l’entrée dans la vie étudiante, à la lumière des parcours et des expériences des étudiants. Dans une troisième partie, nous abordons les différents dispositifs susceptibles d’aider les étudiants à entrer dans leur nouveau métier et mettons au jour les approches multidimension-nelles qui sont aujourd’hui privilégiées.