PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Source :

Accéder au site source de notre article.


On l’attendait, et il est arrivé : le livre de Céline Walkowiak et Francis Blanquart est sorti ! Professeurs en collège et fidèles auteurs des Cahiers pédagogiques, Céline Walkowiak et Francis Blanquart ont cette fois écrit un livre qui donne des clés pour mettre en place la fameuse école du socle.

Recension du livre, interviews avec les auteurs et annonce d’une journée autour du dialogue des disciplines.

Francis Blanquart et Céline Walkowiak. ESF éditeur, collection Pédagogies, février?2013

Présentation du livre par Yannick Mével

Les sculpteurs sur ballons. Trois expirations, quatre torsions, un peu d’air, beaucoup d’imagination, ils vous fabriquent n’importe quel animal, léger et coloré. Magique ! Céline Walkowiak et Francis Blanquart le font avec le socle commun. De cet agglomérat de connaissances et de compétences, fruit des compromis entre des rédacteurs aux conceptions incompatibles, ces auteurs font la matrice vivante d’une révolution pédagogique.

Amateurs de réflexion théorique et de grand style, passez votre chemin ! Ici on agit.

Ce sont deux enseignants de lettres et de technologie au collège de Loos-en-Gohelle. Ils ont une idée par jour. Au moins. Leur livre en témoigne. Ouvrez-le à n’importe quelle page, vous trouverez une frise chronologique pendue à cinq fils dans le hall du collège ; une heure d’aide externalisée transformée en heure de débriefing, une grille d’évaluation de l’oral, un planning annuel de concertation autour de la mise en œuvre du socle, de ces idées dont on dit « ?c’est simple, il suffisait d’y penser? ».

Ce sont les champions du recyclage. Surtout ne pas gâcher. Un principe qu’ils énoncent ainsi : « ?S’il ne reste, en définitive, qu’un bilan certificatif à la fin de la scolarité obligatoire sur des compétences que l’on n’aura pas explicitement construites avec les élèves, c’est qu’on sera passé à côté de quelque chose, d’une occasion unique d’apprendre à travailler ensemble dans les établissements, pour fédérer nos expertises professionnelles autour de l’acquisition des connaissances et des compétences de tous les élèves.? »

Heure de vie de classe, conseil de classe, conseil pédagogique, PPRE (programme personnalisé de réussite éducative), projet d’établissement, histoire des arts, journées de prérentrée, de solidarité, etc. Sans chercher les effets, dans une écriture de l’urgence, ils recyclent la pédagogie du XXe siècle : éducabilité, travail de groupe, projet, tâche complexe, métacognition, évaluation formative et formatrice, etc. « ?Tout leur fait ventre? », dit le proverbe provençal.

Les premiers chapitres abordent la dimension institutionnelle (établissement, formation, évaluation). Conclusion : rien n’est possible sans une mobilisation collective des enseignants. Il ne s’agit plus de se répartir le travail, mais de travailler ensemble à la conception de situations d’apprentissage qui mobilisent chaque discipline dans sa spécificité et construisent chez les élèves les compétences « ?de l’entredeux disciplinaire? ». Celles-ci sont questionnées ensuite : maitrise de la langue, contenus disciplinaires, autonomie. Préparer l’oral d’histoire des arts, un projet théâtre, une étude sur les migrants clandestins, autant entreprendre un dialogue exigeant entre les disciplines. Les contenus du socle servent à questionner, à fixer des objectifs transversaux, à donner du sens.

Enfin, l’ouvrage aborde le travail des élèves. La démarche est la même : en prenant au sérieux les mots (attitude, stratégie), les auteurs donnent vie au socle qui devient le pivot de projets collectifs et de prise en charge des élèves en difficulté.

Le dernier chapitre passe du dialogue des disciplines à celui des acteurs : élèves, parents, enseignants des écoles et des lycées, pour rendre le socle véritablement « ?commun? », c’est-à-dire partagé. C’est le message du livre : emparons-nous du socle dans ce qu’il recèle d’opacité, d’ambigüité, de contradictions. Faisons de ces trous noirs des attracteurs étranges, des objets du débat. Là où d’autres dénoncent les incohérences, construisent l’embrouille pour éviter de se mettre au travail, posons la seule question qui vaille : qu’est-ce qu’on fait avec ça ?

Rien d’étonnant dans cette optique, lorsqu’ils quittent leur collège quelques jours dans l’année pour contribuer à la formation continue dans les établissements de l’académie, que leur premier souci soit de tendre l’oreille aux doléances des enseignants pour leur permettre d’élaborer leurs propres solutions.

Avec un peu de mauvaise volonté, il n’est pas difficile de faire du socle commun et du livret de compétences d’excellents instruments de torture des élèves et des enseignants. Saluons donc le livre de Céline Walkowiak et Francis Blanquart qui montre qu’avec de la bonne volonté, il est aussi possible d’en faire de formidables leviers de changement des pratiques, d’accompagnement des apprentissages et de développement du plaisir d’apprendre et d’enseigner ensemble !

Yannick Mével

Print Friendly
Categories: 3.3 Compétences

Répondre