Caractère de celui qui peut être appelé Ã répondre des conséquences de ses actes. L’étymologie dérive de res (chose) et de spondere, de spondus : époux, fiancé.
Être responsable d’une chose, c’est être attaché à cette chose par des liens analogues à ceux qui unissent l’époux à l’épouse. Ce qui entraîne aussitôt l’idée de choix, de promesses, de fidélité – en un mot d’amour-. Au-delà de toute obligation de type normal, ou juridique, on se sent spontanément responsable de ce qu’on aime, Thibon, 1955.
Notion à la jonction de la psychologie (genèse de la conscience morale), l’éthique (à dissocier de la culpabilité), du juridique (civil ou pénal), du politique (individuel ou collectif) et de l’anthropologie, la responsabilité est la condition de notre humanité. De qui ou de quoi chacun de nous est-il responsable ? Singulier ou pluriel ? Déontologies ou éthique ? Vivons-nous dans une société à responsabilité limitée ou allons-nous nous laisser emporter par une dérive de harcèlement judiciaire ? L’idée de responsabilité définit un type de rapport entretenu par l’acteur avec ses actes. Devenue une norme de la pratique, nous avons été éduqués à « la responsabilité ». Elle a pour nous une fonction structurante.Elle dessine une de nos dispositions intérieures. La question est de savoir ce qu’il advient de cette norme, et référence, dans une culture politique postmoderne.
Nous sommes les contemporains d’un nouvel âge de la responsabilité. Nous sortons d’une société disciplinaire et obéissance où l’individu était apprécié pour ses qualités d’exécution d’un travail prescrit par une autorité extérieure (taylorisme) pour entrer dans une société de la responsabilité individuelle mais aussi collective, où les capacités de différenciation, d’autonomie et d’innovation seront les plus recherchées.
Parler de responsabilité, c’est situer les acteurs face à des valeurs ou à des intérêts supérieurs qu’ils doivent défendre ou auxquels ils doivent se conformer. La notion associe l’appel à une action libre, à l’engagement nécessaire à l’égard de ces principes supérieurs.
Pour A. Touraine, 2000, c’est d’une manière inverse qu’il faut définir les droits de la personne. Ils imposent des devoirs de la société plutôt qu’aux acteurs eux-mêmes, mais ils imposent à ceux-ci des exigences intérieures qui sont capables de donner naissance à leur tour à une conscience de responsabilité à l’égard de soi-même.
En constituant une théorie du principe (de) responsabilité, H. Jonas, 1990, cherche à fonder une éthique pour la civilisation technologique. Quel peut être l’horizon de l’avenir ? Le but de l’éducation, c’est être adulte.
L’éducation est une responsabilité partagée. Une nouvelle figure de la responsabilité émerge. L’idée de responsabilité ne renvoie plus, comme jadis à Dieu et à sa Providence, mais à l’homme. Ce nouveau rapport de l’homme moderne avec les techno-sciences a une double face : le recul de l’inéluctable et la précaution, comme modalité de la décision.
Devenant plus puissant, l’homme se découvre paradoxalement plus fragile. L’objet de la responsabilité, c’est le fragile (bio-éco-diversité) dans l’intérêt de la préservation d’un espace habitable par les générations futures.