In Le Café :
Accéder au site source de notre article.
"Réduire la ségrégation Côté système enfin, le professeur n’enseigne pas seulement à des élèves mais aussi à des classes qui ne sont en rien comparables. Il faut arrêter l’hypocrisie : il existe des « bonnes classes », dotées des options les plus recherchées, celles qui concentrent les bons élèves, celles où les progrès sont plus rapides et, à l’opposé, celles qui regroupent les enfants des catégories populaires où statistiquement les possibilités de réussir sont moindres. De nouveau, sous couvert de différences individuelles, notre école de la République scolarise de plus en plus séparément les enfants des catégories aisées et populaires. Certains tartuffes vont s’indigner : nous sommes une nation d’individus ! Tous différents ! Les établissements doivent s’adapter à chacun ! Il faut regarder l’école telle qu’elle est : les ghettos scolaires sont des réalités de plus en plus prégnantes ; les établissements des beaux quartiers, surtout dans le secteur privé, concentrent de plus en plus massivement les enfants des catégories favorisées. Que faire ? Réduire cette ségrégation sociale qui distingue les scolarités dès le plus jeune âge, repenser l’affectation des élèves dans les établissements, ne pas se contenter de l’actuel choix de l’école qui a stimulé les différences inter-établissements, construire une école de la République fondée sur la mixité sociale et non sur l’apartheid.
Les systèmes éducatifs dans lesquels la ségrégation sociale est réduite – les pays nordiques mais pas seulement eux – sont aussi ceux qui ont la proportion la plus basse d’élèves faibles (seulement 1% en Finlande !) sans réduire pour autant les performances des meilleurs. Même l’Allemagne, dont l’école par filières est ségrégative, a mis en oeuvre, suite à des évaluations PISA peu flatteuses, les recommandations de l’OCDE : réduire la ségrégation inter-établissement, diminuer les scolarités courtes professionnelles (la realshule), favoriser les scolarités longues pour tous (Gesamchule et Gymnasium). Le résultat a été spectaculaire. En moins de dix ans, de 2000 à 2009, la proportion d’élèves faibles a baissé, les inégalités de compétences scolaires entre élèves s’est réduite, le poids de l’origine sociale a été limité. Le gain en mixité sociale, même limité, a été au service de la performance et de la justice scolaire."