Présents : Jean Roucou, Didier Bargas, André Chambon, Martine Fourier, Jacques Guyard, Dominique Laousse, Françoise Malique, Yves Neuville, Brigitte Vigroux.
1 – Activités et informations diverses
– Assemblée générale
Philippe Meirieu devrait nous faire l’honneur de sa présence lors de la rencontre-débat précédant notre réunion statutaire le mercredi 7 avril. Monsieur Meirieu mettra à disposition son dernier ouvrage « Faire école, faire classe », titre que nous souhaitons retravailler pour intituler cet événement comme « Faire école, faire classe…mais pourquoi faire ? »par exemple.
François Cardi, membre de Prisme et intervenant de l’an dernier, pourrait assurer l’introduction de cette journée.
Cet événement sera un moment fort de la vie de l’association et préparera la problématique de notre université d’été.
Le lieu de l’assemblée générale reste à confirmer.
– Université d’été
Le sondage réalisé autour de la date de notre université d’été indique une tendance pour début juillet, plutôt le 8 et 9 juillet. A préciser.
La problèmatique pourrait s’articuler autour de l’état et du local car la notion territoriale reste entière.
– Nouveaux prismés
A la suite du [texte sur le développement local ->http://www.cahiers-pedagogiques.com/numeros/421/part.html] écrit par André Chambon et Jean Roucou dans les Cahiers pédagogiques, 20 personnes nous ont appelés. Le retour a été plus important encore après l’info flash de « l’Expresso » du 7 janvier.
– Le site de Prisme
Nous fonctionnons aujourd’hui sur un double site, le site actuel et le futur site sous spip. Notre site définitif sera opérationnel pour l’Assemblée générale.
– Echo Visite de Prisme à la Maison Robinson en Essonne
(compte-rendu détaillé sur site)
Françoise Malique et Brigitte Vigroux ont rencontré les permanents de la Maison Robinson de Longjumeau (91) le 16 janvier dernier.
Cette structure, un appartement au premier étage d’un immeuble HLM, est un programme d’actions de l’association Intermèdes. Ses 2 objectifs sont de lutter contre la solitude enfantine et de soutenir la fonction parentale. Cette solitude enfantine dans les familles en difficulté sociale et économique, bien souvent monoparentales, a été révélée par les écrits de Laurent Ott.
Lieu d’accueil, la Maison Robinson se distingue par la gratuité d’accès, la liberté d’aller et de venir et l’hétérogénéité des âges. L’adhésion volontaire des enfants et des parents est un des axes forts de la Maison Robinson qui privilégie les animations en milieu ouvert dans les espaces extérieur et la pédagogie de projets en invitant les enfants à prendre leur place, agir et intervenir.
– Premières rencontres de l’éducation citoyenne les 7 et 8 février à Lille
Ces rencontres ont réuni un grand nombre de mouvements écologistes, beaucoup de mouvements école et Nature et d’association d’éducateurs, beaucoup d’enseignants, de membres d’Attac. On a remarqué un grand investissement de l’ICEM, des CEMEA et des MJC, mais peu de mouvements périphériques de l’école.
L’organisation en ateliers a répondu au besoin de discuter et d’échanger de bon nombre de participants.
Patrick Viveret a fait une intervention remarquable.
On a senti lors de ces journées que quelque chose d’important est en train de se créer du type de l’éducation populaire qui dépasse le cadre des verts, une nouvelle appropriation de l’école.
Parents, enseignants, associations, maisons de quartier, accompagnement scolaire et autres, ont envie d’aller plus loin.
2 – Débats
2-1 Le débat s’engage autour de ces premières rencontres de l’éducation citoyenne et évolue sur ce droit générique qu’est devenu le droit à la mobilité urbaine.
Didier Bargas indique que, s’il est légitime pour des personnes qui prennent place au niveau de l’école d’avoir plaisir à échanger, à être ensemble, cela ne peut être une fin en soi. Dans la mesure où l’on souhaite aller plus loin, on ne peut pas se contenter d’une action marginale même innovante, on est obligé de se confronter à l’institution.
Jean Roucou confirme que c’est le plus difficile. Il faut transformer ce qui est en train de se passer et trouver comment le politique peut aider à transformer la situation.
Mais Dominique Laousse pose la question : l’école est-elle encore en prise sur la société ?
Pour lui le politique n’a plus de pouvoir d’impulsion. Le programme « Mobilité et exclusion » menée en partenariat avec l’Institut pour la ville en mouvement s’est mis en place car la mobilité urbaine est devenue un facteur déterminant dans le processus d’intégration sociale et économique de l’individu dans la ville, particulièrement pour une frange de la population cumulant deux formes de handicap, social et géographique. Ce programme développe une pédagogie de la mobilité qui consiste à redonner à chacun la confiance et l’autonomie nécessaires pour redevenir un acteur mobile dans son quartier ou dans la ville. Cette étude se trouve sur le site : www.ville-en-mouvement.com
Martine Fourier confirme que bon nombre d’élèves sont incapables de s’adapter à la mobilité sur leur propre ville en n’osant pas affronter des espaces inconnus. De plus, lorsque les enfants évoluent dans des espaces que les parents ne maîtrisent pas, ils s’autorisent souvent à faire n’importe quoi.
André Chambon fait le parallèle avec les thèses sur la reproduction sociale soutenues par Bourdieu.
Jean Roucou demande comment mettre en phase cette entrée avec les notions territoriales et temporelles.
Dominique Laousse pense que la notion territoriale est un problème pour les politiques car elle dépasse bien souvent leurs compétences territoriales d’élu. De fait, l’école sert à accéder, mais à quoi si l’individu se trouve dans l’impossibilité de se déplacer ? Pour ce qui est de la notion temporelle, les évolutions économiques et des modes de vie sont en perpétuels mouvements bien plus rapides que ceux de l’institution scolaire.
Pour Martine Fourier, le présent est envahissant et Jacques Guyard parle d’un futur qui n’est pas maîtrisé.
Dominique Laousse précise que les problèmes actuels de mobilité ont une profondeur qui date du Moyen-Age. Effectivement on ne peut pas ne pas penser le futur mais on parle de futur souhaitable. Les cycles de révolutions de l’économie sont de 2 Ã 3 ans alors que ceux des formations demandent 5 ans, alors, comment fait-on ?
Jean Roucou indique que l’adéquation formation / emploi n’a jamais pu exister.
Dominique Laousse reprend en indiquant que les entreprises n’ont aujourd’hui plus rien de précis à demander aux écoles du fait de cette évolution trop rapide.
Jean Roucou considère que sur le rapport au territoire et au temps, les choses ont un peu avancé. Par contre, cette notion de mobilité s’avère être une nouvelle entrée plus complexe. Comment, par exemple, les entreprises abordent-elles les questions de modifications et interrogent-elles les autres structures ?
Dominique Laousse indique que les déplacements liés au travail ne représentent plus que 25% du trafic quotidien. La mobilité urbaine est devenue un élément clef des modes de vie et elle commande de fait l’accès au travail, au logement, à la famille, à l’éducation et aux loisirs. Les pouvoirs publics doivent se mobiliser durablement et dans une perspective globale pour assurer non plus simplement un droit au transport mais un droit à la mobilité pour tous les citoyens. Sans mobilité géographique, il n’y a pas de mobilité sociale.
Didier Bargas intervient car pour lui, les relations école-quartiers ou collège-quartier sont très ambivalentes. Lorsque les écoles ou les collèges marchent bien cela crée un pôle d’attractivité lié à la réussite scolaire. A l’inverse, si les choses vont mal il se crée des situations d’évitement, de fuite et de dégradation qui amènent une ségrégation sociale voire une ghettoïsation ou du communautarisme. L’ancrage dans le local est à la fois un atout et un risque. C’est une ressource dans beaucoup de cas mais il faut donner aux élèves la capacité d’être autonome.
Cette analyse est pour André Chambon en lien direct avec l’école de Chicago dont les études ont révélé une intégration à la seconde génération.
Dominique Laousse répond à Didier Bargas en demandant comment doit-on travailler l’ambivalence dans la mesure où l’école cherche toujours à la nier ?
2-2 Les deux sujets suivants ont été ensuite abordés l’un d’ordre éducatif et pédagogique, le second à caractère plus politique.
– « Tsiganes à l’école »
Présentation par de Françoise Malique de son ouvrage » Tsiganes à l’école. Pédagogie interculturelle pour l’entrée dans les apprentissages « disponible dans le circuit CNDP (sous le numero ISBN : 2-86637-403-7 et au prix de 12 euros) dont la belle présentation et maquette donnent vraiment envie de rentrer dans le sujet.
L’ouvrage témoignage de 3 années de recherche dont PRISME c’était déjà fait l’écho l’an passé.
Les suites du projet se décomposent sur trois axes :
– Rédaction d’articles dans la presse (dont l’article pour prisme) mais aussi d’autres très différents selon le public. Un numéro spécial pour la revue d’un groupe de linguistes de Paris III (numéro 51) vient de sortir et est consacre à l’aspect « oralité » développé dans le projet.
– L’ouvrage « Tsiganes à l’école »
– Un cours de formation d’adultes, principalement des enseignants, a l’échelon européen sous forme d’un colloque à Grigny du 17 au 22 novembre. Cette manifestation a rassemblé 25 stagiaires par jour avec un noyau dur d’une dizaine de personnes venant de Roumanie, Bulgarie, Grèce, Espagne, et de différentes régions de France (Normandie, S.O. et Montpellier qui n’a pu venir au dernier moment). Beaucoup de franciliens étaient présents mais pas tous les jours, comme ils l’auraient souhaité pour des raisons professionnelles.
– Françoise Malique a animé des réunions pédagogiques en Essonne au mois de décembre.
– Un colloque aura lieu à Paris VIII au printemps prochain où Françoise Malique interviendra en compagnie de Monsieur Braouzec, maire de Saint Denis.
Une rencontre est prévue au mois de juin avec les correspondants canadiens de Françoise Malique qui apprécient tout particulièrement son travail sur la décentration des enseignants à travers les 9 questions développées dans l’ouvrage et qui l’enseignent déjà dans leur université interculturelle. Jean Bédard, chargé par le ministère canadien des questions de grande pauvreté, souhaite qu’un séminaire sur la question soit organisé.
Prisme pourrait être associé Ã la préparation de cette rencontre.
Pour plus amples renseignements et/ou pour aller plus loin avec nous…contacter prisme.asso@wanadoo.fr à l’intention de F Malique
– Débat national sur l’avenir de l’école
Sur les 14 Ã 15000 débats, le nombre de personnes présentes a été très important. Toutefois le contexte est celui d’une grande méfiance sur l’organisation même du débat et de ses débouchés.
Pendant les débats, les blocages, les a-priori négatifs et la quasi-impossibilité de poser certaines questions sensibles comme la distribution des moyens de l’éducation nationale ou la décentralisation par exemple, ont mis en évidence un déni d’écoute et le refus de débattre et de rentrer dans l’échange qui permettrait de se comprendre.
2-3 Enfin, nous avons débattu sur un nouveau positionnement que pourrait prendre Prisme en devenant plus revendicatif
Didier Bargas considère que nous pouvons prendre position mais il insiste sur le fait qu’une association n’est pas un syndicat ou un parti politique. Les questions d’actualité de cette année sont les suivantes :
– la synthèse du débat national sur l’école qui doit paraître en mars/avril, moment où il faudra s’exprimer.
– Nous pouvons aussi nous positionner au regard de la nouvelle loi d’orientation en préparation, prévue pour octobre prochain. Ce qui gêne le gouvernement actuel dans la loi d’orientation de 1989 sont les trois points suivants : l’élève au centre, les 80% de réussite au baccalauréat et les sorties sans qualification.
– Un thème important qui doit nous mobiliser est la mise en œuvre de l’alternance en 4ème et 5ème. Différentes formules sont à l’étude avec pour objectif non avoué, de faire sortir du système scolaire 70.000 élèves de 4ème et de 3ème. Beaucoup n’ont pas conscience de l’impact social que cela impliquerait.
Jean Roucou pense que Prisme peut avoir une réponse incisive sur le sujet.
Comme le précise Yves Neuville, le problème va bien au-delà du contenu. Nous sommes attaqués parce que nous n’avons pas réalisé ce que nous promettions.
Et, Didier Bargas de confirmer que l’offensive du pouvoir passe par nos brèches béantes parce que nous n’avons pas tenu sur les fondamentaux.
Yves Neuville regrette que nous courrions sans cesse après une échéance immédiate. Il faut rebondir pour redémarrer dit-il et trouver les moyens de réagir.
Jacques Guyard relève qu’il s’agit là aussi d’un vrai thème pour l’université d’été