Les référents laïcité viennent d’effectuer leur première vraie rentrée. Rencontre avec Lionel Jeanneret et Loïc Bernard, dans les académies de Dijon et Rennes.
Le principe de laïcité, c’est leur spécialité ! A la rentrée 2013, une charte de la laïcité a fait son apparition dans les établissements scolaires. Un référent laïcité était alors nommé dans chaque académie. Ce dernier peut être inspecteur d’académie, inspecteur pédagogique régional ou proviseur de vie scolaire. Sa mission ? Former et aider les équipes pédagogiques et éducatives confrontées, sur le terrain, à des questionnements autour de la laïcité.
Plusieurs modes d’action
« Nous sommes amenés à intervenir lors d’une situation de contestation au sein d’un établissement, lorsqu’il y a besoin d’un médiateur, formé, qui maîtrise un argumentaire et des techniques d’entretien », explique Lionel Jeanneret, nommé dans l’académie de Dijon.
Les référents peuvent agir à la demande de chefs d’établissements qui souhaitent mettre en place une réflexion sur le sujet avec leurs équipes ou leurs élèves. « Par exemple, avec le proviseur du Conseil académique de la vie lycéenne de Rennes, nous avons animé un module de réflexion à partir de la charte de la laïcité et les élus lycéens ont travaillé sur les articles de la charte », indique Loïc Bernard, référent laïcité de l’académie de Rennes.
Les référents sont aussi forces de propositions pour faire vivre la charte dans leur académie. Ainsi, le 9 décembre prochain, lors de la Journée nationale de la laïcité, Lionel Jeanneret organise une journée de sensibilisation dans son académie, avec l’intervention d’Abdennour Bidar, chargé de mission auprès de la Direction générale de l’enseignement scolaire et membre de l’Observatoire national de la laïcité .
S’accorder sur la notion de laïcité
Mais concrètement, la laïcité, c’est quoi ? « Historiquement, elle est associée à la séparation de l’Église et de l’État, avec d’un côté une école religieuse et de l’autre une école laïque. Mais la laïcité, c’est plus que cela. C’est une réflexion autour de la tolérance et du respect », souligne Lionel Jeanneret. « Il s’agit de faire acquérir aux élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience. Et également de faire partager les valeurs de la République (liberté, égalité, fraternité) », ajoute Loïc Bernard.
Dans les académies de Rennes comme de Dijon, les problèmes liés à la contestation du principe de laïcité sont rares. « L’objectif est d’intervenir en amont, de ne pas attendre les incidents », souligne Loïc Bernard. Bien souvent, la question de la laïcité est abordée en fonction de l’actualité, des questionnements de la société. Comme par exemple l’an dernier avec « les manipulations de l’opinion publique disant que l’école allait enseigner la théorie du genre », réagit Lionel Jeanneret. « L’école n’a aucune vocation à établir un discours unique, au contraire ! Nous sommes là pour former des citoyens éclairés, capables de réfléchir et de se forger eux-mêmes une opinion. » Un point de vue partagé par Loïc Bernard qui précise : « L’école doit former des citoyens avec des valeurs communes ! »
Neutralité des enseignants, partage des valeurs, liberté d’opinion, interdiction du port de signes religieux, le renforcement de la notion de laïcité à l’école n’est qu’un début. Le Conseil supérieur des programmes vient d’ailleurs d’adopter son projet de programme d’enseignement moral et civique qui pourrait être dispensé dès la rentrée 2015, de l’école élémentaire à la classe de terminale.
Julie Crenn