« La généralisation de la réforme : une réelle
opportunité pour le développement des projets
locaux d’éducation »
Comme d’autres associations, la Fédération nationale des Francas accompagne le développement de l’action éducative locale dans le cadre de la mise en œuvre de l’aménagement des temps éducatifs. Comment cette action se traduit-elle localement ?
Notre Fédération accompagne le développement de l’action éducative locale à travers son réseau d’associations départementales et d’organisateurs locaux affiliés. Les modalités d’intervention sont adaptées aux besoins, ainsi qu’aux
réalités territoriales, et peuvent prendre diverses formes. De l’accompagnement à la réflexion, jusqu’à l’aide à l’élaboration du projet éducatif territorial, les interventions peuvent également contribuer à la formation des animateurs, des directeurs et des responsables. Nous contribuons aussi à la création des centres de loisirs éducatifs, à l’élaboration de projets d’animation ambitieux et, bien entendu, à l’évaluation des actions mises en œuvre. Les Francas situent leurs interventions dans une dynamique d’éducation populaire, qui vise une construction partagée avec les différents acteurs, notamment les collectivités et les associations locales.
Avec le Cape, vous faites partie des partenaires associés à la construction des projets éducatifs de territoire. Quel regard portez-vous sur ces projets et leurs enjeux ?
La loi de refondation de l’école de la République institue les projets éducatifs territoriaux dans le cadre de la réforme des temps éducatifs. Cet acquis est le résultat d’une longue histoire débutée depuis près de 25 ans. Au début des années 90, à l’occasion d’un programme baptisé « La Place de l’Enfant » – dont la Cnaf était d’ailleurs partenaire -, notre fédération avait déjà souligné la nécessité d’élaborer les projets éducatifs locaux.
Depuis, cette proposition a été reprise dans de nombreuses politiques ou dispositifs qui se sont développés. C’est le cas des contrats éducatifs locaux ou des contrats “enfance et jeunesse”. Qu’ils s‘appellent “projet éducatif territorial”, “projet éducatif local” ou “projet local d’éducation”, ces dispositifs s’inscrivent dans une dynamique territoriale et répondent à un triple enjeu. Le premier repose sur la nécessité d’une construction plus citoyenne de l’éducation et du modèle éducatif dont notre pays a besoin. La logique territoriale permet justement cette construction de proximité avec les citoyens et notamment avec les parents. Le second enjeu tient à la nécessité d’une meilleure prise en compte de la diversité des besoins éducatifs et sociaux des enfants, des adolescents et de leurs familles. Cela implique que les réponses éducatives, construites dans un cadre national par les différents acteurs, puissent être adaptées localement. Le dernier enjeu renvoie donc à la construction d’un nouveau modèle éducatif qui intègre à la fois les interventions de l’État, des collectivités territoriales, des différents acteurs et institutions qui agissent aujourd’hui dans le cadre des politiques familiales et dans celles de l’éducation populaire et de l’Education nationale.
Pour les Francas, les projets éducatifs doivent avant tout être des processus d’implication et de construction collective, en évolution permanente sur les territoires, mobilisant le plus largement possible.
La rentrée 2014 verra une généralisation de la mise en place des nouveaux temps éducatifs. Quelles sont vos préconisations ou qu’avez-vous mis en place dans votre réseau pour mieux accompagner les territoires et les acteurs locaux ?
Cette généralisation est une réelle opportunité pour le développement des projets locaux d’éducation. Dans cette perspective, notre fédération a élaboré cinq propositions diffusées dans une plaquette destinée aux collectivités territoriales et aux institutions.
La première a porté sur la gouvernance du projet local d’éducation, pour laquelle nous proposons trois espaces distincts et articulés entre eux : l’espace des relations institutionnelles, celui de « l’opérationnalisation » du projet local d’éducation et, enfin, l’espace du comité local d’éducation où tous les acteurs peuvent parler ensemble d’éducation. Ce dernier nous semble aujourd’hui essentiel pour que ce thème soit abordé sur tous les territoires.
La deuxième proposition insiste sur la nécessité de développer des centres de loisirs éducatifs sur l’ensemble des temps éducatifs quotidiens, à côté de l’école. C’est, pour nous, la condition pour que l’ensemble des temps soient abordés avec une visée éducative et des modalités pédagogiques adaptées.
Troisième préconisation : le développement des pratiques éducatives visant à répondre aux enjeux éducatifs du moment. Il s’agit notamment de la laïcité, la citoyenneté, le développement durable, l’influence des médias dans l’éducation, l’Europe, l’interculturel, le vivre ensemble…
La quatrième proposition porte sur la mise en œuvre de dispositifs d’implication et de participation des enfants et des adolescents. Nous savons aujourd’hui l’importance que les jeunes eux-mêmes soient acteurs du processus de leur éducation.
La dernière préconisation porte sur la formation. Il faut assurer celle des différents intervenants, afin de leur permettre d’acquérir les qualifications nécessaires aux responsabilités occupées, mais il faut également développer de vrais programmes de formation continue des animateurs, coordinateurs et directeurs.
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