In L’Expresso – le Café Pédagogique – le 21 novembre 2013 :
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Le manuel scolaire demain sera-t-il un support au coaching, le bon vieux manuel plus ou moins enrichi ou un outil d’enseignement en ligne ? Servira-t-il au professeur ? A l’élève ? Derrière ces questions c’est le modèle économique de l’édition qui est remis en question par la percée du numérique éducatif. Pour en parler, Educatice a réuni, le 20 novembre, des représentants des grands groupes d’édition scolaire ainsi que des acteurs de l’édition numérique. Avec une mission : dire l’avenir de ce secteur au moment où le ministère veut organiser la filière numérique.
Trois modèles économiques de l’édition scolaire affrontent les incertitudes de l’avenir de l’édition scolaire. Guillaume Scottez du groupe Hachette accompagne Sylvain Fayol du groupe Editis (Nathan, Bordas etc.). Ces grands groupes vivent à 95% de manuels scolaires papier payés souvent par les collectivités locales. Michèle Barrière représente le Gedem, une association regroupant des éditeurs historiques de logiciels. Enfin François Firmin dirige Nomad Education, une startup née du nouveau marché Internet.
Pour les éditeurs traditionnels, c’est le moment de la transition. Elle est un peu forcée. L’association des régions françaises, sous la plume de F. Bonneau, ne fait pas mystère de sa volonté de passer au moins partiellement au numérique. Pour les éditeurs c’est déjà un défi économique. Le rapport de l’inspection générale sur la filière numérique montre que l’édition scolaire est le secteur qui progresse dans une filière en crise. Mais c’est aussi un défi éditorial. Les auteurs c’est le point fort de ces éditeurs et il faut en trouver de nouveaux capables de tirer parti du numérique. Hachette annonce 25 millions d’euros de recherche et développement sur trois ans . Editis évoque ses 200 manuels publiés chaque année avec plus ou moins d’enrichissements. « La difficulté c’est de mettre l’investissement là où est le marché ».
Pour le Gedem la situation est différente. Les éditeurs sont des « natifs du numérique », comme le dit M Barrère. Mais ce sont de petites structures aux moyens limités. « Nous participons aux appels d’offre e-educ », précise M Barrère et aux investissements d’avenir. « La loi d’orientation, où le ministre a fait inscrire le numérique, est un gage d’existence pour nous. Il faut que les établissements disposent de budgets ciblés vers le numérique ».
Finalement c’est peut être le modèle de Nomad Education qui est le plus assuré. F. Firmin ne mise pas sur l’éducation nationale. Il n’a pas de problème de portabilité puisqu’il publie pour les grands formats du marché grand public des smartphones. Et ce sont les familles, poussées par l’angoisse de l’échec scolaire, qui achètent. Une application pour le brevet a été téléchargée par 150 000 familles, ce qui représente un élève sur cinq.
François Jarraud