In Institut de la Statistique Québec – volume 7 du fasicule 2 de Février 2013 :
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SOMMAIRE
– L’ELDEQ 1998-2010 en bref
– Le décrochage scolaire, un problème multifactoriel
– L’hétérogénéité des élèves décrocheurs et le dépistage
– Le décrochage scolaire, l’aboutissement d’un processus de désengagement
– Les objectifs
– L’identification des élèves de 12 ans à risque de décrocher de l’école au secondaire
– Les méthodes d’analyse
Stratégies d’analyse
– Les résultats
Portrait d’élèves à risque de décrocher
– Quelles sont les caractéristiques dominantes des élèves de 12 ans à risque de décrocher de l’école au secondaire ?
– Quels sont les meilleurs prédicteurs à 7 ans du risque de décrocher de l’école au secondaire ?
– Conclusion
– Notes
– Bibliographie
Au Québec, 26 % des jeunes n’ont toujours pas obtenu un diplôme ou une qualification d’études secondaires à l’âge de 20 ans (MELS, 2011).
Le problème est plus marqué chez les garçons, alors que le taux de non-diplomation atteint 32 %. Les contextes sociaux, économiques, industriels et politiques actuels de même que les conséquences du décrochage scolaire rendent ce problème hautement préoccupant.
Les jeunes qui quittent aujourd’hui l’école se trouvent confrontés à un marché du travail exigeant et compétitif, dans lequel l’absence de diplôme constitue une lacune importante. L’absence de qualification n’est pas sans conséquences sur la qualité de vie, notamment au regard des compétences requises pour bien fonctionner dans le cadre de la société du savoir (Bernèche et Perron, 2006). En effet, les jeunes qui quittent l’école sans diplôme sont plus susceptibles d’éprouver des difficultés d’intégration professionnelle, d’occuper des emplois moins bien rémunérés, moins prestigieux et moins stables, d’être sans emploi, de devenir bénéficiaires de l’aide sociale et de le rester plus longtemps (Bjerk, 2012; Canadian Education Statistics Council, 2012; Coelli, Green et Warburton, 2007; Ferrer et Riddell, 2002; Fortin, 2008; Gervais, 2005).
Étant donné ces difficultés socioéconomiques et l’insécurité qu’elles engendrent, il n’est pas étonnant de constater que les décrocheurs présentent aussi plus de problèmes de santé physique et mentale (Aloise-Young, Cruickshank et Chavez, 2002; Cutler et Lleras-Muney, 2006; Furnée, Groot et van den Brink, 2008) ainsi qu’une mortalité plus précoce (Wong, Shapiro, Boscardin et Ettner, 2002). En outre, lorsqu’ils deviennent parents, ils sont plus susceptibles de voir leurs enfants éprouver des difficultés scolaires et décrocher de l’école à leur tour (Janosz et autres, 1997; OCDE, 2006; Oreopoulos, Page et Huff Stevens, 2003). Le décrochage est également associé à la criminalité juvénile et adulte (Drapela, 2005; Harlow, 2003; Sweeten, Bushway et Paternoster, 2009) de même qu’à l’abus d’alcool et de psychotropes (Crum et autres, 2006; Townsend, Flisher et King, 2007), bien que ces associations soient parfois expliquées par les caractéristiques préexistantes des décrocheurs (Drapela, 2005; Sweeten, Bushway et Paternoster, 2009). Le décrochage représente non seulement pour le gouvernement une perte en matière de taxes et d’impôts non perçus, mais aussi engendre des dépenses sociales additionnelles et prive la société de travailleurs qualifiés. Au Québec, le décrochage entraînerait un manque à gagner de 1,9 milliard de dollars par cohorte (Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaires, 2009)2.