In Pierre Frackowiak :
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Situation curieuse, véritable impasse qui était parfaitement prévisible (cf mes écrits sur la catastrophe annoncée)…
Tout le monde condamne la semaine des 4 jours et l’aide individualisée hors temps scolaire… Même les syndicats qui avaient cautionné ces mesures admettent, plus ou moins ouvertement (difficile d’admettre ses erreurs ou ses compromissions), que le système s’est engagé dans une impasse.
Le gouvernement a pris conscience du problème. La Cour des Comptes et l’Institut Montaigne (qui revendique presque le retour à la loi Jospin!) l’ont pour le moins perturbé. L. Chatel navigue à vue, hésitant entre assouplissement et marche arrière. Il peut être tenté par le "botter en touche" renvoyant la responsabilité de la réorganisation de la semaine aux collectivités locales, au nom de la démocratie, de la décentralisation, etc, ou par l’autoritarisme: retour imposé aux 4 jours et demi avec le concours qui ne lui a pas manqué jusqu’alors, des inspecteurs
La première solution est irréaliste: la moindre proposition des collectivités attise tous les conflits entre les partenaires et entre les enseignants eux-mêmes (voir Lille, Mulhouse… et les hésitations de nombreux maires de tous les bords). Se concerter après la catastrophe quand on ne l’a pas fait avant est un exercice périlleux.
La seconde solution est illusoire. En acceptant de porter un discours hostile aux programmes de 2002 dont ils avaient expliqué l’intérêt, pour se faire les chantres des nouveaux vieux programmes de 2008, en acceptant le discours officiel sur l’échec de 30 ans de politiques éducatives qu’ils avaient impulsées, en se lançant à corps perdu dans l’évaluationnite négative aigue, dans le stupide pilotage par les résultats, dans la technicisation et la déshumanisation du management, les inspecteurs se sont fortement décrédibilisés aux yeux des enseignants. Leur demander de retourner à nouveau leur veste est toujours possible.
Mais la résistance passive, la démobilisation, la culture de l’apparence (le faire semblant) seront plus que jamais à l’ordre du jour. Elles le sont déjà bien plus qu’on ne le pense. On peut aussi se demander si le corps des IEN acceptera de passer définitivement de la loyauté à la servilité… signant ainsi, probablement, sa condamnation à mort.
On ne joue pas impunément avec l’avenir de l’école !
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