In Revue internationale d’éducation de Sèvres :
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L’éducation préscolaire : importance, visibilité et développements actuels
L’éducation préscolaire a gagné en importance et en visibilité au cours de ces dernières années, sur tous les continents, au Nord, où la population enfantine est devenue rare, comme au Sud, où, nombreuse, elle demeure porteuse d’espoir. Elle s’entend, au niveau international, comme l’éducation avant l’âge, variable selon les pays – 4, 5, 6, 7 ans –, de la scolarité obligatoire et se pense dès le début de la vie, dépassant et englobant les seules dimensions de garde des très jeunes enfants et de soins à leur prodiguer. La convention des Nations unies sur les droits des enfants de 1989, signée par tous les pays – sauf les États-Unis et la Somalie –, reconnaît en effet le droit des enfants à l’éducation dès la naissance, donnant ainsi un cadre à une éducation pour tous (Unesco, 2007).
Les recherches sur l’éducation des jeunes enfants se sont multipliées un peu partout dans le monde (Plaisance et Rayna, 1997) – bien qu’il reste encore beaucoup à savoir, notamment sur la prise en charge éducative des plus jeunes d’entre eux (Johansson, sous presse) –, à la fois cause et effet de l’intérêt croissant pour la petite enfance. Et comme Rebecca New le rappelle dans son article sur le préscolaire américain, les travaux en économie de l’éducation montrent l’efficacité des investissements faits au niveau préscolaire en termes de performance économique et de cohésion sociale. Un numéro spécial consacré à l’éducation préscolaire s’imposait donc pour donner un aperçu ne prétendant certes pas l’exhaustivité mais cherchant à rendre compte des tendances majeures
qui la caractérisent et des principales tensions qui la traversent.
Les conclusions des travaux comparatifs réalisés ici ou là sont aujourd’hui force de réflexion et de proposition. Celles adressées aux gouvernements par Starting Strong, examen thématique lancé par l’OCDE, à la fin des années quatre-vingt-dix, pour tirer des leçons de la confrontation des différentes revue internationale d’éducation – S È V R E S politiques d’accueil et d’éducation de la petite enfance menées dans vingt pays, occupent une place particulière sur la scène internationale. Aussi est-il légitime qu’en début de ce numéro John Bennett, maître d’oeuvre avec Michelle Neuman et Colette Tayler de cet examen, précise quelques uns des développements actuellement observés, dans un contexte de crise économique qui touche de plein fouet les jeunes enfants et leurs parents, de phénomènes migratoires sans précédents les concernant au premier chef, et d’intrusion de logiques managériales qui se généralisent dans le secteur éducatif et social.
L’analyse de Starting strong, comme de nombre de publications scientifiques récentes ou des axes de travail des principaux réseaux de recherche et professionnels, européens et internationaux concernés par l’éducation préscolaire, laisse voir une articulation de thèmes majeurs et de priorités qui sont aujourd’hui discutés autour des trois notions et valeurs de qualité, d’équité et de diversité. C’est pourquoi ce numéro s’attache à repérer les façons dont se déclinent et se croisent, dans les politiques et les pratiques de plusieurs pays choisis sur les cinq continents, recherche et conception de la qualité, de l’équité et de l’accueil de la diversité, dans le but de mettre à jour les communautés et les spécificités des débats, des approches, des réalisations et des perspectives. Les auteurs des différents articles contribuent à cette entreprise, chacun apportant un éclairage particulier, situé dans le contexte historique et culturel propre à son pays : l’Angleterre, le Brésil, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Sénégal et la Suède.