Les derniers résultats de l’enquête PISA renforcent le constat déjà ancien d’une école française peu performante, où l’écart s’accroît entre les élèves les plus faibles, de plus en plus nombreux, et les meilleurs, dont l’importance numérique tend à se réduire. Le recrutement social de nos élites se rétrécit. Notre école est ainsi devenue la plus inéquitable de l’ensemble des pays développés, celle où les résultats et les parcours des élèves dépendent le plus de leur origine, en opposition totale avec l’objectif d’égalité des chances. La note de Terra Nova, articulant recul historique, recommandations concrètes et chiffrage de cet échec scolaire, propose une réflexion renouvelée pour assurer une meilleure continuité entre l’école primaire et la fin du collège, afin de faire en sorte que l’école commune puisse être le lieu des chances de chacun.
Avec la mise en place en 1975 du collège unique sur les bases pédagogiques et éducatives de la filière alors la plus élitiste, l’école française est devenue progressivement une école oligarchique de masse. Le coût social et économique de ce gâchis est considérable : sur une base prudente, le coût minimal de l’échec scolaire est estimé par Terra Nova à environ 24 milliards d’euros par an.
Diverses études permettent de repérer deux causes principales de cette dérive : d’une part une ségrégation sociale et ethnique croissante entre les établissements, récemment accentuée par l’assouplissement de la carte scolaire ; d’autre part la triple rupture cognitive, pédagogique et éducative que représente le passage de l’école primaire au collège et le fonctionnement particulièrement inégalitaire de ce dernier, notamment par des processus de choix et d’orientation qui avantagent systématiquement les élèves socialement favorisés.
Face à un héritage comparable d’un enseignement primaire de masse centré sur l’acquisition de compétences et de savoirs fondamentaux, suivi d’un enseignement secondaire organisé par disciplines universitaires disjointes et tourné vers l’enseignement supérieur, une majorité de pays européens a entrepris avec succès de fusionner ou de rapprocher ses établissements primaires et secondaires inférieurs, et d’instaurer une plus grande continuité dans les contenus et les démarches pédagogiques, avec dans l’ensemble des résultats probants.
Notre projet d’école commune vise un objectif profondément républicain : faire réussir les élèves qui aujourd’hui échouent dans leur scolarité obligatoire et qui sont presque exclusivement, en France, issus des classes sociales défavorisées, tout en assurant le progrès de tous et la promotion d’une élite plus nombreuse car plus large et de meilleur niveau.
Pour cela, nous proposons d’agir dans trois directions :
– assurer la continuité des parcours, la progressivité des évolutions et la cohérence des enseignements et de l’éducation entre l’entrée à l’école primaire et la fin du collège ;
– favoriser une mixité sociale et scolaire accrue des établissements et des classes ;
– promouvoir une pédagogie de l’hétérogénéité centrée sur le traitement de la difficulté scolaire au sein des classes, la coopération et l’aide mutuelle entre élèves.
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