François Dubet, professeur de sociologie et parrain de la journée du refus de l’échec scolaire 2009, revient sur les causes accrues d’échec au collège.
Faut-il tout changer au collège?
Le collège n’est pas la catastrophe que l’on décrit, notamment ceux qui veulent remettre en cause le collège unique. Mais de toute évidence, les élèves n’y sont pas très heureux, les enseignants non plus, et les résultats ne sont pas formidables. Il y a quand même motif à agir!
Je crois qu’il faudrait d’abord que le collège, comme il l’est dans les pays scandinaves, ne soit pas sélectif du tout – la sélection commencera après, quand l’école cesse d’être obligatoire. Quand vous ne sélectionnez pas les élèves en amont, ils sont divers. Et donc vous aurez toujours des bons, des mauvais, des gentils, des moins gentils, des grands, des petits, des beaux, des moches…
Je crois aussi qu’il faudrait créer une culture commune du collège, qui ne soit pas définie par la filière générale du lycée axée sur la formation d’une élite. La moitié des élèves qui quittent le collège vont faire soit un bac technologique, soit une filière professionnelle. Il est quand même incroyable que rien de cette culture ne soit enseigné au collège! Un grand nombre d’élèves seraient intéressés par la découverte de domaines où ils seraient amenés à exercer plus tard.
Autre enjeu: notre capacité de faire des établissements des endroits éducatifs, des endroits accueillants. Des établissements dans lesquels la vie collective a une fonction éducative, dans lesquels on apprend à vivre avec les autres, où être gentil, coopératif avec les autres est une notion très difficile à faire passer, notamment tant que le métier d’enseignant sera défini uniquement autour de la maîtrise disciplinaire. Mais on pourrait imaginer que l’école ne se donne pas pour unique objectif de fabriquer des gens savants: elle pourrait fabriquer des citoyens confiants, épanouis.
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www.curiosphere.tv/ressource/22676-refus-de-l-echec-scolaire-2009