Mondialisation, capitalisme financier, financiarisation de l’économie, dividendes, austérité, croissance, déflation… Il suffit d’allumer sa télé, sa radio ou de lire la presse quotidienne pour entendre en leitmotiv, ces termes associés à la crise économique mondiale, dans un contexte de conflits politiques et religieux aux quatre coins du monde.
Le débat, aujourd’hui, en France, autour de la politique de l’offre ou de la demande semble bien caricatural quand on sait que l’équilibre actuel entre les entreprises qui créent l’emploi et les salariés qui sont les principaux leviers de la consommation, est particulièrement fragile.
Mais les entreprises ne sont pas toutes les mêmes et les salariés non plus.
Face à un chômage qui progresse partout en Europe, il existe une autre économie où on ne parle pas de dividendes, où les écarts de salaires sont contenus, où un homme compte pour une voix. L’économie sociale et solidaire (ESS) qui vient d’être reconnue par une loi, participe à la construction d’une « autre économie » , en réaction à l’économie capitalistique « traditionnelle ».
L’emploi créé augmente chaque année, que ce soit dans les mutuelles, les associations, les coopératives, dans le secteur de l’Insertion par l’Activité Economique, il mérite qu’on y porte une attention toute particulière.
L’ESS, ce sont presque 2 400 000 salariés (10% des salariés de France) ; 20% des emplois créés en France proviennent des entreprises de l’ESS (soit plus de 100.000 emplois par an). Il est à noter également que dans l’ESS, 67% des emplois sont occupés par des femmes qui représentent 52% des cadres. Et, enfin 25% des actifs de l’ESS seront à la retraite en 2020 (600.000 personnes).
Au-delà des chiffres, ce qui est à retenir, ce sont les qualités de dynamisme et d’innovation qui caractérisent le développement de l’emploi dans l’ESS. En cela, et la loi le conforte, l’ESS n’est pas un « sous-secteur » de l’économie, qui ne générait que de « petits emplois ». Il prouve chaque jour qu’il est possible de travailler, de faire travailler et d’entreprendre autrement dans les territoires (à ce sujet, lire ou relire la belle Tribune de Pierre Calame sur la construction du capital immatériel des territoires). Il suffit de parcourir la France pour constater les formidables réalisations des acteurs de l’ESS ; je pense, bien sûr, aux structures de l’Insertion par l’Activité Economique qui développent avec leurs salariés des activités de production (parfois même en reprenant des activités où le savoir -faire des salariés a été dilapidé par de grands groupes industriels), de services aux particuliers, aux entreprises ou aux collectivités locales.
Oui, l’ESS constitue un formidable secteur économique pour le développement de l’emploi, c’est aussi une autre économie, responsable, profondément attachée aux valeurs humaines et qui offre de vraies perspectives à nos territoires.
Christiane Demontès
Sénatrice du Rhône et présidente du CNIAE