La Picardie afficherait, encore, le plus fort taux de jeunes de 17 ans en illettrisme. Le mal est connu de longue date. À la Région, on promet une action publique renforcée.
On aurait dû constater un tarissement progressif. Mais les laissés pour compte ne diminuent pas». Dominique Carpentier, le président de l’Union régionale de lutte contre l’illettrisme (URLIP) ne s’est pas étonné des chiffres révélés par Europe 1 ce mercredi. Sur la base des tests effectués lors de la journée défense et citoyenneté (JDC) en 2014, auprès de 750 000 jeunes de 17 ans (garçons et filles), c’est «la Picardie qui concentre le plus de difficultés» en termes de maîtrise de la lecture, indique la radio.
Alors que la moyenne nationale est estimée à 10 % de jeunes en illettrisme (stable après une baisse), l’Aisne culminerait à 16 %. Quatre points au-dessus de la Seine-Saint-Denis… Et donc très loin derrière les «bons élèves» que sont Paris, Bretagne et Rhône-Alpes. Rien de bien neuf en réalité.
Les garçons surreprésentés
Quelque 125 000 Picards (de 16 à 65 ans), dont «près de la moitié ont un emploi», sont en situation d’illettrisme, estimait il y a 18 mois déjà l’Insee (cf. Courrier picard du 11 octobre 2013). Soit un taux de 11 % de la population active, supérieur de trois points à la moyenne nationale. Le phénomène se révèle le plus fort dans les zones urbaines sensibles (20 %), davantage chez les garçons (13 %) que les filles (8 %). Et globalement chez les inactifs, retraités et chômeurs. Les raisons ? Une surreprésentation dans la région des sans diplômes, des ouvriers non qualifiés (un tiers d’illettrés) et des grandes fratries. Notamment.
Paradoxe cruel en Picardie, en dépit d’une tâche immense, le tissu des associations locales investies depuis des années dans la lutte contre ce fléau, n’affiche pas une bonne santé, certaines souffrant d’un manque chronique de financements, liés à des marchés publics perdus au profit d’une nouvelle concurrence moins-disante sur ses tarifs. À Ham (Somme) par exemple, les H’Amis des mots ont dû ainsi mettre la clef sous la porte l’été dernier, alors même que les collectivités saluaient de concert son action.
«Les décideurs publics ne nous ont pas assez écoutés. Après deux plans de lutte, la Région a préféré soutenir la réussite éducative», déplore Dominique Carpentier. Qui veut croire maintenant dans une relance énergique et mieux abondée de l’action sur l’illettrisme. Dont la compétence a d’ailleurs été transférée de l’État vers la Région le 1er janvier 2015.
«Nous espérons que la dynamique de la future grande région jouera. Car dans la Nord-Pas-de-Calais, grâce à une politique dotée des moyens, ils ont réussi à diminuer leur taux d’illettrisme de 15 à 11 %», note le président de l’URLIP. Le conseil régional vient justement de lancer un nouvel appel d’offres auprès des organismes de formation. «Les moyens seront augmentés de 30 %», assure Didier Cardon, vice-président chargé du dossier, mais sans triomphalisme vu l’ampleur du problème. «On sait que pour être vraiment efficace, il faudrait les multiplier par quatre, au moins».
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