In Le Blog des Maisons Familiales rurales – le 30 mai 2013 :
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Poursuivant son cycle d’auditions, le COLLECTIF DES PRÉSIDENTS pour l’amélioration de la formation professionnelle, présidé par Yves ATTOU, a auditionné lundi dernier Philippe MEIRIEU dans les locaux de l’UNMFREO (dont le président, Xavier MICHELIN, est lui-même inscrit dans ce collectif).
En véritable "fil rouge" de ses réflexions, le Collectif des présidents a pour objectif de "redonner du sens" à la formation professionnelle et ambitionne de faire entendre la voix de la société civile sur ce thème.
C’est donc dans ce contexte que Philippe MEIRIEU, chercheur en Sciences de l’éducation et vice-Président de la région Rhône-Alpes chargé de la formation tout au long de la vie, est venu apporter son éclairage sur les enjeux de la formation professionnelle aujourd’hui.
Celui-ci est tout d’abord revenu sur les choix historiques qui tracent aujourd’hui encore les contours de l’école et font selon lui du système scolaire une "structure nationale invariante et invariable à laquelle tout est mêlé". Ainsi, "l’éducation est souvent confondue avec l’école (…) et la formation continue ne représente que très peu de choses dans la nouvelle loi sur la refondation de l’école" regrette Philippe MEIRIEU. D’autre part, il remarque que la "forme scolaire est prédominante partout"…
P. MEIRIEU a ensuite rappelé la nécessité pour la formation professionnelle de conjuguer une triple finalité entre trajectoire personnelle (nécessitant mise en confiance, approfondissement, accompagnement), trajectoire professionnelle (mettant en jeu l’employabilité) et trajectoire culturelle (tentant ainsi de répondre au retard pris dans ce domaine par une grande partie de la population selon lui).
Il a par ailleurs souhaité interroger deux termes très utilisés en formation, individualisation et compétence, non pour les dénoncer mais plutôt pour mettre en lumière certaines dérives possibles. Le premier de ces termes met en jeu selon P. MEIRIEU un système de "détection-dérivation" qui peut amener en effet à de l’exclusion dans le cadre de la mise en place d’indicateurs mesurant les taux de réussite par exemple… "Pas de formation sans structuration et accompagnement extrêmement ferme du collectif" affirme-t-il. Le terme "compétence" comporte quant à lui le risque selon P. MEIRIEU de l’atomisation et du découpage de la formation. "On peut finir par découper tellement que l’objectif-évaluation écrase la situation d’apprentissage" insiste-t-il. P. MEIRIEU ajoute que "le temps d’apprendre n’est plus pensé dans sa spécificité avec ses silences, ses hésitations, son humaine condition (…) la notion d’alternance n’est plus réellement interrogée dans sa complexité (…) la notion d’oeuvre et de chef d’oeuvre disparait".
Revenant également sur le système de la formation pour adultes en France, Philippe MEIRIEU a affirmé la nécessité de le simplifier, dénonçant un certain manque de fluidité dans les relations verticales et horizontales entre les différents acteurs de la formation. Il a enfin regretté le "mauvais signal" donné par l’absence actuelle de ministre pour la formation professionnelle, après le récent départ de Thierry REPENTIN…