PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

La réforme des rythmes scolaires initiée par le gouvernement et son ministre de l’éducation, Vincent Peillon, a fait pendant de longs mois l’actualité médiatique.

Du plus petit village à Paris, le débat a agité les acteurs locaux éducatifs sur le moment et la manière de rompre avec la semaine de quatre jours imposée en 2008 par Messieurs Darcos et Sarkozy.

Ainsi donc, plus de 20 pour cent des communes vont d’ici quelques semaines appliquer, après des mois de travail, leur propre schéma d’aménagement des rythmes (dans le cadre du décret et des dérogations possibles) tenant compte des particularités et spécificités locales.

Chacun comprendra que les  différences puisent être sensibles, cela avait été particulièrement relevé pendant les débats nationaux de la concertation, entre les 24 000 communes qui aujourd’hui possèdent encore des écoles sur leurs territoires alors que la majorité d’entre elles, rurales par exemple, n’ont pas toujours les moyens de financer une politique éducative locale.

Toutes les autres communes ont pris le même chemin  pour anticiper la rentrée 2014 et proposer de nouvelles formes d’organisation des temps, scolaires et péri éducatifs différentes de celles qui préexistaient avant la réforme.

Ce travail mené conjointement par les équipes municipales en place et tous les autres partenaires éducatifs et en premier l’éducation nationale, représentée localement par l’Inspecteur de circonscription, les directions d’école et les enseignants, est souvent long et fastidieux pour « penser »au mieux la réforme.

« Penser la réforme », c’est la traduire au mieux les intérêts des enfants dans le cadre d’une ambition dans laquelle nous pourrons mêler davantage la réussite scolaire et la réussite éducative.

C’est dans cet état d’esprit par exemple que la ville de Lomme a expérimenté l’aménagement du temps de l’enfant (A.T.E) dès septembre 2012 pour un groupe scolaire représentant 250 enfants.

Le travail préalable, concerter, réfléchir, débattre et au final construire avec tous les partenaires notamment les parents d’élèves, a pris près de deux ans pour entrer l’A.T.E dans le programme éducatif de la ville et celui de la ville de Lille.

Un seul objectif : tenir compte avant tout de l’intérêt de l’enfant.

Cette phase  de concertation est absolument vitale. Elle permet dans le cadre de la loi et du décret de dialoguer sans tabous, chacun se souvient des débats parisiens, et d’aboutir sans unanimité à une proposition  d’intelligence collective.

Évidemment ni la loi ni le décret ne peuvent décréter la confiance que suppose la concertation. Elle émane avant tout du respect des adultes, des acteurs politiques, éducatifs et associatifs pour dépasser à un moment donné les intérêts particuliers.

Ce préalable a permis, comme maintenant certainement  dans de nombreuses communes, petites ou grandes de notre pays, de poser le débat autour des temps et de leurs contenus. Il s’agit évidemment à la fois de revoir la manière dont le temps scolaire est réparti sur la semaine et la journée scolaire mais aussi de penser tous les temps vécus par les élèves pendant la journée passée à l’école.

La réduction de la réforme aux simples formes d’organisation (mercredi ou samedi matin, réduire plus ou moins la journée scolaire, élargissement ou non de la pause méridienne, positionnement des heures d’APC..) est évidemment problématique.

Les premières réponses initiées par les 4000 villes, qui passeront en septembre 2013 au nouveau rythme, montrent que de nombreuses « solutions temporelles » peuvent exister, localement, dans le  cadre du décret même si celui-ci pourrait encore évoluer.

Le modèle lommois, largement plébiscité par les parents et les enfants friands de « leurs ATE », basé sur l’expérimentation de la ville d’Epinal de feu Monsieur Seguin et de celle de la ville de Lille, par le dispositif ARVEJ, échappe par exemple pour l’instant au décret et à ses dérogations.

Pour autant la gestion des temps doit, à un moment donné, s’effacer sur celle des contenus, des activités et apprentissages.

Ni les communes et encore moins l’éducation nationale n’ont à promouvoir, plus que nécessaires, les débats sur les formes d’organisations au-delà des modèles  retenus ici ou là.

A quoi servira-t-il de réformer les temps scolaires sans se préoccuper aujourd’hui et demain des contenus éducatifs proposés aux élèves et aux enfants?

L’essentiel reste moins la redéfinition des temps et des horaires scolaires que la perspective partout où cela sera possible de créer une nouvelle semaine et une nouvelle journée dans lesquelles l’élève et l’enfant puissent s’éveiller, se construire et participer à sa propre réussite scolaire et éducative.

Cela supposera de relever deux défis importants.

Celui de la promotion des politiques éducatives locales à travers la construction des projets éducatifs de territoires (PEDT) qui permettront d’encadrer la réforme des rythmes dans les enjeux locaux.

Nous le savons les inégalités éducatives sont aujourd’hui fortes, de un à dix, en fonction du « volontarisme » des maires.

Avec l’aide financière de l’état et le soutien de la CNAF, la construction et la diffusion sur tout le territoire national de ces PEDT n’est plus une chimère. Les PEDT seront à terme, la réforme devra s’inscrire dans le temps, de puissants leviers pour réduire les inégalités éducatives entre communes.

De manière très concrète, tous les volets des politiques municipales doivent être sollicités : culture, sport, citoyenneté, parentalité, environnement durable au service d’un territoire communal ou intercommunal et surtout de ses habitants.

La création des parcours éducatifs à Lomme a procédé du travail entre les services municipaux et des directions d’école liant  dans un seul et même projet tous les apprentissages scolaires et péri éducatifs à travers par exemple la découverte de la philosophie pour les tout petits ou l’initiation à la découverte du langage des signes.

Le second défi, mais il est en route, restera de redéfinir les programmes scolaires de 2008 des écoles maternelles et élémentaires.

Si nous parvenons à relever ces deux défis la réforme des rythmes ira bien au-delà de la simple question du temps passé à l’école.

Elle bâtira pour l’avenir une nouvelle école dans laquelle l’enfant et l’élève retrouveront toute leur place.

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