SOMMAIRE
1 Introduction
2 Historique d’un pilotage et d’un mode de gouvernance ariégeois
2.1 Une organisation départementale « ambitieuse » entre institutions, collectivités et fédérations d’associations d’éducation populaire
Mode d’organisation 2012- 2015 des comités de pilotage et technique
2.2 Une organisation pensée autour de « valeurs partagées », pragmatique, facilitatrice et susceptible d’interroger les pratiques locales
2.3 La légitimation et l’affirmation du métier de « coordonnateur PEL » par la mise en place de la réforme des rythmes scolaires et de l’élaboration du PEDT
Le coordonnateur PEL : une ressource pour les élus et le territoire
INTRODUCTION
L’ARIEGE est un département rural du sud-ouest de la France d’environ 152 000 habitants répartis dans… 332 communes! Seules 136 communes gèrent les 178 écoles du département. Ce territoire compte une seule commune de plus de 15 000 habitants, Pamiers, mais il n’existe pas d’établissement public de coopération intercommunale (EPCI) prenant la forme d’une communauté d’agglomération. Du fait de la répartition démographique, du morcellement communal et de son environnement rural et montagneux, il y a eu « nécessité de se regrouper pour survivre » en utilisant les cols de montagne pour délimiter certains regroupements administratifs. Ce « fonctionnement de survie » est perçu par certains comme une spécificité locale, nous verrons qu’il est surtout le fruit de la capacité des hommes à s’organiser en s’appuyant sur les ressources pour proposer des projets de qualité en direction du plus grand nombre. Dans cet esprit porté par des élus aux profils sociaux, sinon spécifiques du moins déterminants, les communes ariégeoises se sont regroupées en 20 communautés de communes (CDC). Comme l’affirmait récemment André Vallini, dans un contexte de réforme territoriale, « pour assurer l’avenir des communes les plus petites, il faut accélérer l’intégration intercommunale. »1
La CDC a été perçue par les acteurs locaux comme le « territoire pertinent », le « bassin de vie », parfois construites en s’appuyant sur des « logiques de vallées » préexistantes, entretenues par quelques élus locaux. La CDC du Pays de Pamiers est la plus importante, elle compte 24 500 habitants alors que d’autres CDC sont
peuplées de moins de 10 000 habitants. Les Vallées d’Ax comptabilise 5 790 habitants et 465 dans la CDC du Donezan.
Quant au nombre d’ariégeois de moins de 17 ans, fin 2012, ils étaient environ 25 000, avec de fortes disparités territoriales puisque la CDC du Pays de Pamiers en comptait 4 874 alors que celle du Donezan n’en comptabilisait que 32. Toutefois, les difficultés relatives à l’environnement géographique et à l’éclatement des bassins de vie sont en partie compensées par une riche histoire collective et éducative articulant, à différents niveaux, les engagements de partenaires institutionnels, de fédérations d’associations d’éducation populaire et des acteurs des collectivités locales. Les acteurs rencontrés affirment l’existence d’ « une grosse tradition d’éducation populaire (…), depuis plus de 100 ans, en parallèle de l’école », ou que « c’est en Ariège qu’ont été créés les CLAE! » Une histoire éducative locale déterminante dans la compréhension des formes d’organisation ariégeoises actuelles, communale, intercommunale et départementale.
Au regard de ces spécificités démographique, géographique, historique, socio-culturelle, voire administrative; la Préfecture, l’Education nationale (E.N), la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP), la Caisse d’allocations familiales (CAF), le Conseil Général (CG) les associations d’Education populaire et des représentants de collectivités locales ont construit les fondations d’une politique éducative commune, par couches successives sédimentées, pendant plus de trente ans. Ces partenaires se sont récemment regroupés en un Conseil départemental des politiques éducatives concertées (CDPEL) en partageant l’idée que « l’éducation est globale et permanente » et qu’il est de leurs responsabilités de mettre en cohérence les politiques éducatives en direction de la famille, de l’école et des loisirs. Une mise en cohérence des politiques pour repenser les actions sur une base commune et promouvoir le développement local avec une certaine idée de la société démocratique dans laquelle ils souhaitent que les futurs citoyens vivent.
L’observatoire des politiques d’éducation locales est donc allé à la rencontre de ces acteurs pour présenter aux acteurs éducatifs intéressés le dynamisme de ce territoire dans le domaine éducatif. Pour ce faire, nous présenterons quelques éléments historiques de l’organisation départementale et détaillerons ensuite les pratiques d’un des éléments facilitateurs de cette organisation à l’échelle du « bassin de vie » : le coordonnateur PEL. Missions déterminantes dans certains territoires, notamment lors des phases de concertation et de mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires et du PEDT. Enfin, dans une dernière partie, nous présenterons quelques points d’analyse et questionnements sur cette organisation.
1Article intitulé : « André Vallini : « 14 milliards de transferts des départements aux régions » », La gazette des communes, 10/06/2014.
« Dans un entretien relu et amendé, le secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale défend le transfert des routes et des collèges aux régions. Il évoque aussi l’élection des « intercos » au suffrage universel direct sans fléchage. »
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