In L’université ouverte des compétences – 5 février 2013 :
Accéder au site source de notre article.
1. Le microcrédit : l’expérience qui nous vient du Sud
2. L’Adie aujourd’hui, Association pour le droit à l’initiative économique : 266 emplois créés par semaine…?
3. Une association de microcrédit : les missions, le périmètre d’action, les performances
4. L’alchimie Adie : « Faire crédit, c’est faire confiance ». Une alternative pour les exclus de l’entrepreneuriat
Comment inventer avec les créateurs (-trices) d’entreprise les activités de demain ?
Réponse ordinaire en France : en se concentrant sur les diplômés à Bac + 5 minimum. Formés dans les meilleures universités et grandes écoles, disposant des accès aux capitaux culturels, relationnels et monétaires (le crédit) qui permettent d’entreprendre…
Les promoteurs du microcrédit en France, dont au premier chef l’ADIE (Association pour le développement de l’initiative économique), sur les traces des intuitions et des réalisations décapantes de Muhammad Yunus (Prix Nobel de la paix), pensent et agissent tout autrement. Que les « incompétents » peuvent créer activité, entreprises et emplois, voire en apprendre aux « compétents » sur le comment agir.
Au Bangladesh, en France et ailleurs, ils s’intéressent à celles et ceux déclarés « incompétents ». N’ayant pas les bons diplômes, pas insérés dans les « bons » réseaux, n’ayant pas d’argent pour démarrer, exclus du système bancaire, n’ayant pas d’accès à un conseil et un appui de qualité.
Mais qui ont plein d’idées, parfois très neuves, une envie très forte d’entreprendre et d’agir, un projet, et qui avec l’appui au local d’une association de microcrédit comme l’ADIE peuvent créer leur activité, un emploi (le leur), parfois plusieurs.
Ce qui est un peu « dérangeant » ? C’est que le taux de pérennité des entreprises créées avec l’aide du microcrédit est de 68 % (sur 2 ans). Soit… un peu supérieur au taux de pérennité des entreprises crées « normalement », par des entrepreneurs bien pourvus (diplômes, etc.), avec l’aide des banques.
En matière de création d’emploi, d’accompagnement professionnel, d’insertion ou de réinsertion sociale et professionnelle l’ADIE c’est une "alchimie", un "système" qui a fait c’est preuve : 266 emplois, un "Lejaby" par semaine" argumente Catherine Barbaroux.
L’expérience de l’ADIE, fondée par Marie Nowak, présidée aujourd’hui par Catherine Barbaroux est troublante. Elle peut même interroger sur ce qu’il serait utile de faire dans les organisations et les entreprises en directions de ceux réputés « incompétents ». Notamment si l’on oublie pas que la compétence peut être définie très simplement comme la disposition à agir de manière pertinente dans une situation donnée (Philippe Zarifian).
Catherine Barbaroux ne parle pas la langue de bois, elle ne tait pas non plus les échecs, les difficultés, les limites : en matière de création d’activité, en matière d’aide à la création d’entreprises, de politiques d’emplois, la France demeure très élitiste…