Introduction
Les multiples réformes scolaires et les profondes mutations sociales observées aujourd’hui n’ont pas permis de limiter l’effet des déterminismes psychosociaux qui pèsent sur la trajectoire scolaire et sociale des individus. Bien au contraire… La rapidité des bouleversements de la société laissent bien des éducateurs (parents, enseignants…) en désarroi. Les jeunes aussi expriment leur mal-être face à ce monde incertain. Certes, certaines familles s’en sortent bien : elles sont, pour la plupart, issues d’un milieu favorisé, disposent d’un large réseau social facilitant la réflexivité sociale et personnelle (Kaufmann, 2001) et manifestent davantage de flexibilité dans la mise en oeuvre de leurs pratiques éducatives. D’autres, au contraire, moins favorisées, sont désarmées et, notamment, assurent mal la tension entre l’autonomie et la protection, entre la liberté et le contrôle de leurs enfants (Gauchet, 2008). Celles-là ne disposent pas de soutien qui puisse les aider dans leur tâche d’éducation. Dès lors, la situation actuelle creuse encore davantage les disparités entre les classes sociales. Dans un tel contexte, le fatalisme est le plus souvent de mise. Seule, comme de nombreux travaux le révèlent (Auberty et Bergougnoux, 1985 ; Maschino, 2002), l’école ne peut généralement pas grand-chose pour changer la situation. Isolées, les familles sont tout aussi impuissantes à s’opposer aux multiples déterminismes psychosociaux auxquels leurs enfants sont confrontés quand ils sont engagés dans leur parcours scolaire et social.
C’est de ce premier constat qu’est née l’idée de la présente recherche-action visant une coéducation efficace entre l’école et la famille1. Comment imaginer une école au sein de laquelle tout ce qui est appris trouve en définitive son sens dans les deux milieux de vie essentiels de l’enfant ? Comment envisager une éducation réellement émancipatrice pour tous ? Telles sont les questions fondamentales qui nous ont orientés vers une forme éducative nouvelle qui fait du partenariat école-famille-communauté la véritable clé de voûte de l’ensemble du processus éducatif. Accroître le lien social, donner sens aux événements de la vie, exercer davantage de pouvoir sur ceux-ci sont les attentes que les acteurs pédagogiques (parents, enseignants…), politiques et scientifiques expriment face à une situation que d’aucuns qualifient de crise de l’éducation. C’est à ces attentes que la recherche-action veut répondre en privilégiant les valeurs de solidarité et d’engagement en vue d’un monde plus égalitaire, constitué d’hommes et de femmes émancipés.
Avant de présenter notre conception de la recherche-action menée dans trois villes de Belgique2, nous développerons plus précisément quelques constats qui l’ont orientée. Après les constats, nous la décrirons et présenterons les résultats de son évaluation.
1 Il s’agit d’une recherche-action pluriannuelle (2008-2013) intitulée « Parents partenaires de l’éducation » subsidiée par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Ministère de l’Enseignement obligatoire.
Pour lire la suite sous pdf :