PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

L˜étude 2004-2005 a porté sur les professeurs des écoles stagiaires de l’IUFM de Créteil ayant été scolarisés en collège ZEP.

Conditions de l’enquête :

L’enquête menée en 2004-2005 de manière qualitative concernant les professeurs des stagiaires de l’IUFM de Créteil scolarisés pendant leurs années de collège dans des établissements classés ZEP a concerné un échantillon de tous les professeurs des écoles concernés et pas seulement ceux issus de parents venus du Maghreb comme cela avait été le cas en 2003-2004.

Il s’agit avec l’enquête 2004-2005 de savoir si le parcours scolaire des jeunes scolarisés en collège ZEP devenus professeurs des écoles ont des parcours, des réflexions proches quelles que soient les origines géographiques de leurs parents.

Un échantillon de professeurs des écoles stagiaires de l’IUFM de Créteil scolarisés en collège ZEP a donc été sélectionné visant à permettre la présence de professeurs des écoles ayant des parents d’origines géographiques très diversifiées.

Leur parcours, leurs attentes, leurs réflexions ont été étudiés pour :
• 10 professeurs des écoles stagiaires ayant des parents originaires du Maghreb ( 5 avec des parents originaires d’Algérie, 2 de Tunisie, 2 du Maroc, 1 avec des parents venant du Maroc et de l’Algérie) ,
• 7 professeurs stagiaires ayant des parents originaires de différents pays et d’un DOM-TOM ( 3 ayant des parents originaires du Portugal, 1 du Cambodge, 1 de l’Inde ( tamoul), 1 du Sénégal, 1 de l’île de la Réunion),
• 5 professeurs stagiaires ayant leurs deux parents nés en France.

Tous ont été scolarisés dans des collèges classés ZEP au moment de leur scolarité , pour la plupart au milieu des années1990.

Il s’agit pour la quasi-totalité des professeurs des écoles stagiaires issus de familles ouvrières,dont les parents n’ont pas suivi d’études longues (le plus souvent , s’ils en ont suivi, leurs études se sont arrêtées à la fin de l’école primaire), et la majeure partie des mères restent au foyer.

Quelles caractéristiques ? :

L’échantillon 2004-2005 des professeurs stagiaires de l’IUFM de Créteil ayant des parents originaires du Maghreb présente les mêmes caractéristiques sociales que celui étudié en 2003-2004.
Il y a 90% de filles ( un petit peu plus que le pourcentage de filles sur l’ensemble de la promotion de PE2 : 87%) .
La taille de la famille apparaît bien supérieure à ce qu’elle est en moyenne en France, puis qu’elle est pour cet échantillon en moyenne de 5,5 enfants.

Massivement, les mères de ces professeurs stagiaires sont au foyer ( 80%) sans avoir poursuivi d’études et sans parler la langue française.
Les pères sont ou étaient pour ceux qui sont retraités, ouvriers et n’ont pas suivi d’études ou ont juste fini l’école primaire.

Les licences obtenues par les professeurs des écoles sont très diversifiées :
– 2 licences scientifiques ( biologie animale, chimie)
– 1 licence d’Histoire
– 1 licence Sciences du langage
– 1 licence de Sociologie
– 4 licence Sciences de l’Education
– 1 BTS Bureautique

Un nombre important ( 3 sur 10 ) de filles de cet échantillon ont été aides éducatrices.

L’échantillon des professeurs des écoles stagiaires ayant des parents originaires de pays étrangers autres que le Maghreb comporte les caractéristiques suivantes :
– proportion très importante de filles ( 5 sur 7)
– nombre moyen d’enfants par famille : 3,2 soit un chiffre plus élevé que la moyenne française, mais moins élevé que celui observé pour les familles dont les parents sont nés au Maghreb
– Il y a parmi l’échantillon étudié, une famille monoparentale : mère seule.
– le niveau d’études des parents est très faibles ( fin de primaire ou niveau CM2, telles sont les indications données )
– Une des professeurs des écoles stagiaires de cet échantillon a été aide-éducatrice.
– Les licences obtenues par les professeurs des écoles de cet échantillon sont également très diversifiées :
– 1 licence d’ethnologie
– 2 licences Lettres modernes
– 2 licences Sciences de l’éducation
– 1 licence Histoire
– 1 licence Espagnol

L’échantillon concernant les professeurs des écoles stagiaires scolarisés en ZEP et ayant leur deux parents nés en France montre :
– que les parents ont un niveau d’études faible ( maximum Cap) et occupent des emplois d’ouvriers ou sont au chômage. Leurs enfants indiquent explicitement la situation de chômage de leurs parents , ce qui n’était pas le cas dans les deux autres échantillons
– Il y a deux familles mono-parentales : père seul et mère seule
– Le nombre d’enfants par famille est très inférieur à celui des deux autres échantillons puisqu’ils se situent à 2, donc correspondant à la moyenne nationale des familles française.
– Une des professeurs stagiaires de cet échantillon a été aide-éducatrice.
– Les licences obtenues par les professeurs des écoles stagiaires de cet échantillon sont très diversifiées : Licences STAPS, de Géographie, de Chimie, de Sociologie, de Lettres Modernes…….

Quelles ressemblance et quelles différences entre les diverses origines des stagiaires ?

Quelles ressemblances entre ces professeurs stagiaires ayant été scolarisés en collège ZEP ?
Il apparaît que ces professeurs des écoles quelles que soient les origines géographiques de leurs parents, habitant dans des quartiers jugés « sensibles » et scolarisés dans des collèges ZEP sont tous issus de familles qu’on peut qualifier de « populaires » avec des parents exerçant des professions ouvrières, des mères le plus souvent « au foyer »

Le métier d’aide éducateur a été incontestablement un tremplin vers le métier enseignant pour ces jeunes enseignants issus de milieux populaires.

Les différences portent essentiellement sur les structures familiales :
• Il n’y a pas de familles mono-parentales parmi les familles dont les parents sont originaires du Maghreb, alors que ce type de familles existent dans les autres échantillons ;
• La taille des familles différent considérablement selon l’origine des parents :
– 5,5 enfants par famille pour les familles dont les parents sont originaires du Maghreb ;
– 3,2 enfants par famille pour les familles dont les parents sont originaires de pays étrangers hors Maghreb ;
– 2 enfants par famille pour les familles dont les parents sont originaires de la métropole.
Si les structures familiales de ces familles populaires habitant dans des cités de banlieues sont différentes suivant leurs origines géographiques, qu’en est-il du rapport de leurs enfants en réussite scolaire par rapport au métier d’enseignant ?
Y a-t-il des différences entre eux suivant les origines géographiques de leurs familles ou le caractère ouvrier et populaire de leur famille, leurs conditions de vie et de scolarité similaires sont-ils déterminants ?

Quel parcours des professeurs des écoles stagiaires scolarisés en ZEP ?

La sectorisation universitaire

Quelles que soient leurs origines, la sectorisation universitaire est ressentie par ces jeunes issus de milieux ouvriers , scolarisés en collèges ZEP souvent stigmatisés, comme une contrainte insupportable, voire comme un élément de la ghettoïsation……

Ces jeunes professeurs des écoles sont prêts à venir travailler dans les quartiers dont ils sont issus, mais ils disent explicitement pour une part d’entre eux avoir mal ressenti la sectorisation universitaire.
Plusieurs d’entre eux, notamment ceux affectés dans les Universités situées en Seine-saint-Denis indiquent qu’ils n’ont pas eu le choix de l’université : « Affectée par la scolarisation »,
« imposée à cause de la sectorisation » ; d’autres sont plus explicites :
C’est Hanène qui nous dit : « Je ne voulais pas aller à l’Université de Villetaneuse , mais la sectorisation en a fait autrement ».
Dalila indique, elle, : « J’ai été à l’Université Paris VII ; c’est une université réputée en Sciences ».
Ces réflexions ne concernent pas que les professeurs des écoles stagiaires scolarisés en collège ZEP et ayant des parents originaires du Maghreb ; mais également ceux ayant des parents nés en France :
« J’ai chois Paris X, une université réputée pour la qualité de la filière ethnologique », ou ceux ayant des parents nés à l’étrangers, comme David ayant des parents d’origine portugaise : « J’ai choisi Paris III, parce qu’elle était spécialisée dans les Lettres Modernes, et qu’elle était située à Paris. C’était important pour moi de changer de cadre ».

Le choix du métier enseignant

Une étude de la Direction de l’Evaluation et de la Prospective ( DEP) réalisée en 2000 ( Connaissance des enseignants, n°56, avril-juin 2000) montre qu’au niveau des enseignants du premier degré, le désir de s’occuper d’enfants rejoint le désir de transmettre des connaissances, alors qu’au niveau des enseignants du second degré, la transmission des connaissances, l’enseignement de la discipline qu’on aime, l’emporte sur le contact avec les élèves.

Comment se comporte lorsqu’on les interroge sur les raisons du choix de leur métier, ces enseignants stagiaires issus de milieux populaires, scolarisés pendant leurs années collège dans des établissements classés ZEP. ?

Globalement, ces professeurs des écoles, issus de milieux populaires, quel que soit le lieu de naissance de leurs parents ( au Maghreb, dans différents pays étrangers, en France) mettent en avant la « transmission de connaissances ».plus que le contact avec les enfants :
« Transmission des savoirs, des valeurs. Une école juste et neutre. » ( Nassera )
« Transmission du savoir » ( Nadera )
« Faire acquérir des connaissances, transmettre le goût d’apprendre, de comprendre » ( Samira )
« Pour transmettre des connaissances » ( Dalila )
« Le fait de transmettre des connaissances » ( Stanislas)
« Un intermédiaire entre le savoir et l’élève pour l’aider dans son apprentissage » ( Adelia).

Seule, une minorité, met les enfants « au centre » de leurs préoccupations. :
« J’aime être avec les enfants et j’aime transmettre des savoirs. » ( Joana)
« Pour se sentir utile auprès des enfants » ( David)
« Professeurs des écoles : un adulte qui fait naître un rapport de confiance avec les enfants ; un adule qui transmet les savoirs et qui permet aux élèves de développer leurs capacités dans les meilleurs conditions possibles » ( Céline 1)
« C’est un métier au contact des enfants, stimulant intellectuellement et gratifiant » ( Karima ).

Le profil de rapport au métier des professeurs des écoles stagiaires issus des collèges ZEP et de familles populaires apparaît donc plus proche des préoccupations exprimées dans les études DEP par les professeurs du second degré que par ceux du premier degré.
Les jeunes femmes ayant été scolarisées dans des collèges ZEP, issus de familles d’ouvriers et dont les parents sont souvent nés à l’étranger , étudiées ici sont très loin de ce que décrit l’étude de la DEP : « Le contact avec les jeunes enfants ( surtout pour les femmes ) sont les raisons majeures du choix du premier degré pour les jeunes professeurs des écoles . »
( La diversité des profils et des métiers d’enseignants in Education et Formations n°66 juillet-décembre 2003)

Pour ces jeunes professeurs des écoles étudiés ici, issus de familles à faible bagage scolaire et qui ont réussi grâce à l’école, il apparaît que les savoirs apparaissent fondamentaux et qu’ils sont très exigeants concernant les contenus d’enseignement.

Des professeurs des écoles stagiaires issus de milieux populaires , quelles que soient les origines géographiques de leurs parents se placent clairement dans une situation où le métier de professeur des écoles apparaît comme un prélude à l’exercice du métier de professeur du second degré.
« La discipline choisie était ma préférée au lycée » ( Hanène)
« J’ai choisi une telle licence, car cela me permettra plus tard de passer les concours du second degré » ( Abdenour )
« Plus tard, professeur d’EPS pour me rapprocher de la discipline que j’apprécie le plus »( Stanislas)

Des enseignants rencontrés durant la scolarité ont eu un rôle décisif

La quasi totalité des professeurs des écoles stagiaires questionnés évoquent des professeurs qui les ont marqué dans leurs scolarité, à l’exception de deux professeurs stagiaires dont les parents sont d’origine portugaise.

Les professeurs qui ont le plus marqués ces enseignants des écoles se situent à l’école élémentaire.

Une grande majorité des stagiaires souligne les bons rapports qu’ils ont eu avec des enseignants à l’école élémentaire et combien certains d’entre eux ont retenu leur attention et ont déterminé leur carrière.
Smith salue : « l’ensemble de l’école primaire qui m’a permis d’apprendre la langue française et de la maîtriser. »
Pour un professeur des écoles stagiaires dont la famille est originaire du Sénégal :« L’école a été pour moi une issue de secours. Elle m’a permis d’exister en tant qu’individu à part entière. »

Si, majoritairement(60%) les professeurs stagiaires évoquent des professeurs des écoles élémentaires comme enseignants déterminants pour leur futur carrière, il évoque aussi en nombre non négligeable des professeurs d’autres niveaux scolaires, notamment le lycée et l’université.

Comme dans l’étude menée en 2004 sur les professeurs des écoles stagiaires ayant été scolarisés dans des collèges ZEP, il y a très peu d’enseignants de collège cités comme déterminants par les stagiaires.

Une phrase d’Emilie dont les parents sont d’origine tunisienne résume bien ce qui semble ressortir des témoignages des professeurs des écoles stagiaires :
« Je pourrais vous citer tous ceux de ma scolarité en école primaire, notamment M.B. avec qui j’ai gardé des contacts. Je pourrais aussi citer ceux du lycée, mais pas ceux du collège hormis quelques-uns. »

Quels lieux d’exercice sont désirés ?

Les professeurs des écoles stagiaires étudiés ici sont très majoritairement des femmes.
A l’inverse de certaines études qui indiquent que les jeunes femmes désirent choisir majoritairement l’école maternelle, les professeurs des écoles interrogés sur le niveau où elles ou ils souhaitent enseigner répondent :
• Maternelle pour 9,1%
• Cycle 2 pour 40,9%
• Cycle 2 ou 3 pour 13,6%
• Cycle 3 pour 22,7%
• AIS ou SEGPA pour 4,6%
• Peu importe le niveau pour 9,1%
L’école élémentaire représente donc 77,2% des demandes.

Quand aux communes où ils souhaitent enseigner , la majorité des professeurs des écoles stagiaires interrogée répondent que le lieu n’a pas d’importance pour eux ;
40% d’entre elles et eux évoquent explicitement leur volontariat pour enseigner en ZEP. Oidiba indique par exemple, qu’elle n’est « pas contre des communes difficiles ».
Hanène : « Ma conception du métier est d’aider ceux qui en pont besoin ; travailler en ZEP serait le plus intéressant ».

Une seule professeur des écoles stagiaire dont les parents sont originaires du Portugal indique qu’elle souhaite pour l’avenir « enseigner dans une commune « calme » de préférence ».

Quels regards sur les enseignants rencontrés en stage ?

La majorité des professeurs des écoles stagiaires interrogés dans cette étude ,a une vision très positive des enseignants rencontrés lors de leurs stages et qu’ils voient en tant qu’enseignants débutants comme des « anciens » qui vont les initier aux arcanes du métier d’enseignant des écoles.
« Equipes pédagogiques soudées » ( Dalila)
« Très accueillants, très disponibles » ( Oidiba)
« Beaucoup sont très motivés » ( David )
« Des pratiques novatrices » ( Smith)

D’autres professeurs des écoles stagiaires sont plus dubitatifs par rapport à leurs collègues plus anciens :
« Certains sont très individualistes » ( Samira)
« Il y a des problèmes de discipline et d’autorité dans certaines classes » ( Nadera )
« Beaucoup de surprises tant positivement que négativement » ( Sylvia )

Enfin, un professeur des écoles stagiaire a une vision très négative des enseignants plus anciens qu’il rencontre dans les écoles où il est en stage :
« Ce sont des gens qui n’ont jamais quitté l(Education nationale, parfois en décalage avec leur public . » ( Philippe)

Quels regards sur la formation des maîtres ?

Le jugement des professeurs des écoles stagiaires interrogés ici est relativement sévère sur la formation actuelle des maîtres comme d’ailleurs la majorité des jeunes enseignants dans les diverses enquêtes publiées.

Quelles que soient les origines géographiques de leurs parents, ces professeurs des écoles issus de milieux populaires scolarisés dans des établissements ZEP sont très critiques sur une formation des maîtres qu’ils jugent trop théoriques et souvent coupés des réalités du terrain, notamment de celles qu’ils ont connu en tant qu’élèves.

« Il y a un certain décalage parfois entre ce qu’on apprend à l’IUFM et les professeurs sur le terrain » ( Hanène)
« La théorie est certes indispensable ,mais les PE2 demandent davantage de concret ( Linda)
« Certains cours sont trop théoriques . On se rend compte du décalage entre la pratique et les cours donnés à l’IUFM » ( Abdenour )
« Avoir plus de projets concrets et d’activités concrètes à réaliser dans les classes » ( Céline 1 )

Elles et ils réclament :
« Plus de pratiques, plus de concrets, une sorte de tutorat tout au long de l’année » ( Emilie)
« Avoir plus d’interventions dans les écoles, plus d’analyses de pratiques » ( Samira)

Une professeur des écoles stagiaire dont les parents sont originaires du Maghreb a cependant des phrases très positives sur sa formation à l’IUFM :
« Pour le moment mes attentes sont comblées, en particulier concernant l’apprentissage de la lecture » ( Oihiba )

Quels regards sur l’école ?

Les professeurs des écoles stagiaires interrogés dans cette enquête mettent en avant une vision résolument optimiste de l’école qu’ils veulent revaloriser et changer :
« Que tous les élèves soient acceptés et intégrés avec les mêmes chances de réussite. Il faut toujours rester optimiste face aux interrogations concernant l’école et les élèves » ( Linda)
« Revaloriser l’école auprès des enfants pour qu’ils croient encore en elle » ( Emilie)
« je souhaite changer l’image que donne l’école de l’échec scolaire qui trop souvent rime avec échec social. » ( Lynda)

Le souci d’aider les élèves en difficulté est très présent dans leurs réflexions :
« L’envie de se sentir utile dans cette société. Un peu d’idéal dans l’idée de pouvoir changer les choses et pour cela, il faut s’y prendre très tôt……Enseigner, un métier difficile, mais dans lequel on peut avoir de grandes joies, un sentiment de satisfaction an cas de réussite et le courage, la ténacité d(aider ceux qui sont en difficulté. » ( Emilie)
« Plus de moyens financiers pour aider les enfants les plus démunis. J’ai pu en effet voir des enfants très pauvres qui ne mangeaient pas le midi, n’avaient pas de manteaux chauds en hiver…..ce qui m’a beaucoup choqué ! beaucoup plus que la violence ou les incivilités d’ailleurs. » ( Dalila)
« Ne pas cataloguer les gens : Etre nul en maths ou en sciences à un temps T ne signifie pas qu’un jour , on ne sera pas un bon scientifique » ( Philippe)

Compte tenu de leurs parcours, des origines de leur famille, ils sont également sensibles aux contenus des programmes :
« Le programme est parfois trop lourd et ne colle pas toujours avec la réalité de la vie des élèves » ( Céline 2 )
« Transmettre un enseignement plus objectif de l’Histoire-Géographie, moins européocentré, faire entrer les apports de l’ethnologie à l’école primaire tant les valeurs humaines qui y sont associées me semblent incontournables. » ( Sylvia)

Comme l’étude conduite en 2004 sur les professeurs des écoles stagiaires scolarisés en ZEP l’avait montré, ces enseignants apparaissent très sensibilisés à la question des relations entre les parents d’élèves et l’école :

« Renforcer le lien école/famille » ( Karima)
« Améliorer les relations avec les parents » ( Adelia )

En guise de conclusion

Il apparaît bien à travers cette étude qu’au-delà des différences de structures familiales, de la diversité des origines géographiques, le rapport aux études et au parcours scolaire soit très proche pour les enfants issus de familles ouvrières.

Pour ces jeunes issus des milieux populaires des cités, dont les parents ont un faible bagage scolaire, la poursuite d’études réussies signifie souvent:
– un nécessaire changement de cadre à l’occasion des études universitaires qui elur fait refuser la sectorisation universitaire actuelle
– l’accent mis sur la transmission des savoirs et le « disciplinaire »
– la rencontre dans leur scolarité avec des enseignants ayant joué un rôle déterminant dans leur choix d’exercer le métier de professeur des écoles.
– une préoccupation forte concernant les élèves jugés les plus en difficulté
– la volonté de ne pas refuser d’exercer dans des écoles classées ZEP ou jugées difficiles, de réclamer cette possibilité et de ne pas choisir en priorité l’école maternelle .

Le rapport femmes/hommes parmi ces professeurs des écoles stagiaires est le même que celui existant nationalement.
Le fait d’avoir exercé le métier d’aide-éducateur a été pour certaines d’entre eux un tremplin vers l’exercice du métier de professeur des écoles.

Les différences de structures familiales ( taille de la famille, existence de familles mono-parentales), la différence d’origine géographique des parents n’apparaissent pas comme des discriminants décisifs pour ces jeunes enseignants par rapport à leurs conditions de vie dans des cités.

Le fait d’être enfants de milieux populaires, habitants de cités souvent en difficulté tissent plus de liens que les différences d’origine ethnique.
Le comportement des professeurs stagiaires issus des cités, scolarisés comme élèves dans des établissements souvent stigmatisés pour leur violence ou leur taux d’échec scolaire, apparaît comme très similaire
quelle que soit leur origine ethnique, à l’exception de certains des professeurs dont les parents sont d’origine portugaise et qui diffèrent des autres sur le rôle des enseignants rencontrés dans leurs scolarité sur leur choix d’exercer ce métier et le souhait du lieu d’exercice dans l’avenir.

JEAN-LOUIS AUDUC
14/2/2005

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