Les Rencontres de l’Observatoire de la jeunesse et des politiques de jeunesse | 27 janvier 2015
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Compte rendu des Rencontres de l’Observatoire de la jeunesse et des politiques de jeunesse, 27 janvier 2015.
La troisième édition des rencontres de l’Observatoire de la jeunesse s’est tenue le 27 janvier 2015 au ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits de femmes, cinq ans après la parution du décret confiant à l’INJEP une mission d’observation des politiques de jeunesse.
Ces rencontres s’appuyaient sur un nouveau rapport de l’INJEP, le troisième en tant qu’Observatoire, réalisé avec la contribution des chercheurs de l’INJEP et de différents spécialistes, appelés pour certains d’entre eux à témoigner au cours de cette journée.
« La thématique choisie, celle des rapports que la jeunesse entretient avec son territoire, revêt une importance particulière avec la réforme territoriale en marche et les événements tragiques des 7, 8 et 9 janvier qui ont posé la question de la présence d’espaces de ségrégation ethnique sur notre territoire », comme l’a souligné Olivier Toche , chef du service des relations et conditions de travail à la direction générale du Travail et ancien directeur de l’INJEP, en ouverture de ces troisièmes rencontres. Le territoire, a-t-il ajouté, devient même un enjeu démocratique de plus en plus vital quand les inégalités dans l’accès des jeunes aux mêmes ressources se cumulent, faisant naître toutes les formes de crispation et de radicalisation. Il existe néanmoins une intelligence des territoires capable de démentir les constats les plus noirs.
Tout au long de la journée, les chercheurs de l’INJEP ont animé les tables rondes qui ont émaillé les rencontres. Ces rencontres ont réuni entre autres, sous l’autorité du ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, Olivier Toche, l’ancien directeur de l’INJEP ; Jean-Benoît Dujol, délégué interministériel à la jeunesse et directeur de la DJEPVA ; Isabelle This Saint-Jean, vice-présidente du conseil régional d’Île-de-France ; Irène Péquerul, présidente du CNAJEP ; Vincent Bordenave, membre du Comité d’animation du Forum français de la jeunesse pour le collège étudiant ; Nicole Gallant, professeure agrégée au Centre urbanisation culture société et directrice de l’Observatoire jeunes et sociétés du Québec ; Olivier Galland, directeur du GEMASS et président du conseil scientifique de l’INJEP ; Francine Labadie, cheffe du projet Observatoire de la jeunesse et des politiques de jeunesse ; Catherine Lestre de Rey, représentante de l’association FARE « Sachons bouger autrement vers l’emploi » ; Nicolas Oppenchaim, maître de conférences à l’Université François Rabelais de Tours ; Thomas Kirszbaum, chercheur associé à l’ENS Cachan ; Omer Mas-Capitolin, représentant du think tank « Graines de France » ; Mathieu Cahn, adjoint au maire de Strasbourg ; Matthieu Angotti, directeur du centre communal d’action sociale de Grenoble ; Firas Jaïdi, membre du MRJC de Picardie ; Benoît Coquard, doctorant à l’Université de Poitiers ; Franck Temporal, sociodémographe et maître de conférences à l’Université Paris Descartes ; Cindy Chevillot, secrétaire nationale à l’éducation au MRJC ; Jean-Baptiste Etcheto, président du Conseil de développement du Pays basque ; Amélie Tessens de la CJS de Rennes Maurepas ; Emmanuelle Rousset, coordinatrice CJS à « Coopérer pour entreprendre » ; Angélica Trindade-Chadeau, chargée d’études et de recherche à l’INJEP ; Thierry Berthet, directeur de recherche au Centre Emile Durkheim de l’Université de Bordeaux ; Régis Balry, président du CRAJEP Pays de la Loire ; Jean-Paul Bachy, président du conseil régional de Champagne-Ardenne ; Eric Lenoir, chef de la mission de coordination de l’action interministérielle et sectorielle du CGET.
Le territoire, un espace de réflexion important
Jean-Benoît Dujol, délégué interministériel à la jeunesse et directeur de la DJEPVA, a remarqué que l’actualité démontre l’intérêt d’un regard scientifique, visant à mesurer les effets des territoires, surtout avec un taux de chômage au sens du BIT de 20 % chez les jeunes et même de 40 % dans les territoires, contre 10 % en population générale.
Isabelle This Saint-Jean a quant à elle rappelé que les situations se révèlent encore plus contrastées en Île-de-France qu’ailleurs. Première région européenne de recherche, l’Île-de-France compte aussi les territoires qui concentrent le plus de difficultés. La région, acteur de proximité, doit donc jouer un rôle majeur en particulier pour la jeunesse et son émancipation par le biais notamment de l’éducation. Elle a donc évoqué les actions menées par la région pour relancer la démocratisation de l’enseignement supérieur tenant compte des parcours de vie et autorisant les allers et retours au lieu de prôner un parcours totalement linéaire, comme le dispositif expérimental destiné aux jeunes détenus de la prison de Fleury-Mérogis, en partenariat avec l’Université de la Marne.
Irène Péquerul, présidente du Cnajep, a fait observer que l’on a souvent tendance à réduire la question éducative à l’intervention d’adultes en direction d’enfants et d’adolescents et à minorer les influences volontaires ou involontaires du territoire, qu’il soit physique ou virtuel. Aujourd’hui, les débats se cristallisent autour de la question de la réussite scolaire et de l’insertion professionnelle. Elle porte certes un enjeu important, mais il importe de conduire une approche globale sur le parcours de vie du jeune dans toutes ses dimensions, car les jeunes aspirent aussi à s’inscrire dans la vie de la cité. Il convient aussi de déterminer les actions à mettre en oeuvre pour que le territoire devienne véritablement « émancipateur ». Or les dispositifs publics s’inscrivent encore dans une logique de cohabitation sans véritable lisibilité. Il faut construire des politiques territoriales intégrées et développer une réponse globale au profit des jeunes en les associant davantage, dans toute leur diversité, à cette démarche de construction ainsi que dans l’animation des dispositifs.
Rappelant les propos du Premier ministre sur les situations d’ « apartheid » qui existent en France, Vincent Bordenave a souligné qu’un sentiment d’exclusion traverse aujourd’hui une jeunesse qui peine à acquérir l’autonomie à laquelle elle aspire. Les inégalités dans l’accès à l’enseignement supérieur renforcent l’absence de perspectives pour les jeunes issus des territoires ruraux et des zones urbaines où le chômage des jeunes est deux fois plus élevé qu’ailleurs. Il a rappelé que les jeunes demeurent exclus du droit commun, puisqu’ils ne possèdent pas les mêmes droits aux minima sociaux que leurs aînés, et se trouvent perdus dans un millefeuille illisible qui complique aussi leur accès au droit et tend à creuser encore davantage le fossé entre les jeunes et les institutions.
Jeunes et territoires au Québec : ancrage et mobilités
En introduction de ces rencontres, Nicole Gallant, directrice de l’Observatoire Jeunes et sociétés au Québec, a proposé une vision d’ensemble de la situation des jeunes au Québec, cette terre d’exil idéalisée, vue comme « l’Amérique en français », où 4 000 à 5 000 jeunes hexagonaux s’installent chaque année, en quête d’une insertion professionnelle plus satisfaisante et d’un mode de vie différent.
Une jeunesse comme les autres, mais des spécificités nationales
Vaste territoire très peu occupé, avec une population concentrée au sud, le Québec compte 1,5 million de jeunes, soit 20 % de la population, contre 30 % voilà 40 ans. La jeunesse québécoise est une jeunesse comme les autres. Comme partout ailleurs, on assiste au Québec à un allongement de la jeunesse au gré des études et à une permutation des seuils de passage à l’âge adulte, avec un recul de l’âge de la première grossesse de près de deux ans. Le Québec présente néanmoins quelques spécificités, comme une autonomie économique plus précoce, une moins grande différenciation entre les sexes et une plus forte proportion d’unions libres que dans le reste du Canada (37 % contre 15 %).
70 % des étudiants postsecondaires cumulent études et travail et un étudiant sur dix travaille plus de 25 heures par semaine. Les jeunes souffrent également moins du chômage qu’en Europe et les allers et retours dans les parcours scolaires sont considérés comme tout à fait normaux. Néanmoins, dans un contexte de vieillissement de la population, les emplois restent encore majoritairement occupés par les baby-boomers et les jeunes peinent à trouver des emplois qui correspondent à leurs souhaits.
Si le décrochage scolaire a baissé de 23 à 16 %, il reste très élevé dans certaines régions, y compris dans des villes universitaires où apparaît une massification relative de la scolarité universitaire. Des différences apparaissent entre les genres. Ainsi, les femmes sont plus nombreuses à obtenir un diplôme et l’écart se creuse avec les hommes (13 points).
L’ancrage territorial, protection ou enfermement ?
La migration pour études constitue un phénomène majeur, déterminant pour comprendre les différences régionales. Les jeunes quittent leur région pour aller étudier dans les grands centres, mais le phénomène de retour s’est accentué au cours des dernières années. Néanmoins, les jeunes ne rentrent plus forcément dans leur région d’origine, préférant rejoindre des régions périphériques.
Pour Nicole Gallant, le choix de retourner en région tient plus à des raisons affectives, même si elles ne relèvent pas véritablement de choix identitaires. La vie en région témoigne plutôt d’un attachement à une certaine qualité de vie et attire des jeunes soucieux d’environnement sain, empreints de valeurs environnementales, désireux d’une qualité dans les liens sociaux et de convivialité.
Olivier Galland, directeur du GEMASS et président du conseil scientifique de l’INJEP, a souligné le fort attachement des jeunes à la localité. Depuis 1980, la localité continue d’être plébiscitée, avant même le pays et la région. Cet attachement dépend de différentes causes, principalement des liens familiaux. Même si les jeunes quittent leurs parents relativement tôt, ils restent à proximité et bénéficient d’un fort soutien de leur famille, très important dans la période de précarité que constitue celle des études. Dépourvus de ce soutien, les jeunes accumulent les difficultés. Les itinéraires familiaux, territoriaux et résidentiels restent très combinés et doivent donc être analysés comme un ensemble. Dans ce contexte, l’ancrage territorial peut constituer une protection, car il reste associé à une solidarité territoriale, mais cet ancrage peut aussi devenir un enfermement et s’associer avec les problématiques de ségrégation raciale.
Une intervention en faveur de la jeunesse morcelée
Pour l’intervention publique, l’enjeu consiste à jongler entre universalité et adaptation aux spécificités locales. Or l’intervention en faveur de la jeunesse dans les régions fait apparaître un millefeuille d’organismes. La politique nationale québécoise est peu ancrée sur le territoire et l’approche actuelle reste morcelée, surtout préoccupée par un contexte budgétaire contraint. Parmi les initiatives mises en place, les forums jeunesse régionaux mènent des actions très uniformes sur le territoire. L’organisme municipal Place aux jeunes, en revanche, agit à l’échelle de la province pour faciliter l’implantation des jeunes sur le territoire. Néanmoins, le développement régional reste un peu à part et n’est pas articulé avec la politique jeunesse. La coupure de 50 % du budget du Fonds de développement régional a d’ailleurs entraîné la perte d’emplois qualifiés pour les jeunes qui faisaient le dynamisme de la politique sur les territoires.
Jeunes, inégalités, territoires
Après ce panorama introductif, Francine Labadie a présenté les grandes lignes du deuxième rapport de l’Observatoire, qui a servi de fondement à ces rencontres et qui, comme le précédent, essaie de dresser un état des lieux en identifiant les problématiques qui appellent une réaction des pouvoirs publics.
Le territoire, espace de vie et de ressources
Dans les pratiques des jeunes, le territoire constitue à la fois un espace de vie et un espace de ressources. Espace de vie, le territoire constitue l’espace où les jeunes construisent leur identité et acquièrent progressivement leur autonomie. Il peut être vécu comme un carcan, mais il peut aussi être perçu comme un espace d’attachement familial et culturel, un lieu d’émancipation collective. Comme espace de ressource, le territoire représente un espace de services, d’équipements, d’offres et d’opportunités plus ou moins accessibles et de plus ou moins bonne qualité. Les jeunes sont bien conscients que le territoire ouvre le champ des possibles, mais ils constatent aussi que l’offre reste inégalement répartie et qu’il leur faut parfois partir pour accéder à une formation, un emploi ou un logement. Il ne leur échappe pas non plus que le territoire contribue à l’inégalité des chances. Pour Francine Labadie, « à l’heure où la justice sociale ne vise pas seulement à réduire les inégalités, mais à offrir à chacun les mêmes chances de réalisation de leur projet, se voir privé d’accès aux ressources se révèle d’autant plus douloureux que des préjugés viennent assigner à des individus des identités dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas ».
Les inégalités à l’oeuvre sur les territoires
Le rapport identifie quatre formes d’inégalités :
- les inégalités de ressources, qui procèdent du jeu des politiques publiques et de la concurrence entre les territoires, avec des filières courtes et techniques prépondérantes dans les « petites » régions, alors que les plus grandes proposent plutôt des filières longues ;
- les inégalités de conditions, avec un taux de chômage des jeunes sortis de l’école en 2010 de 22 % au printemps 2013, mais très disparate selon les régions ;
- les discriminations, notamment dans l’accès à l’emploi pour lequel la détention d’un diplôme apparaît primordiale comme l’a démontré une récente étude de la DARES ;
- les inégalités d’accès à l’autonomie résidentielle, avec des liens établis par la Drees entre revenus et décohabitation et une tendance à la cohabitation plus forte aujourd’hui chez les 16-29 ans et une ségrégation spatiale qui pousse de plus en plus les jeunes à la périphérie des villes.
La mobilité en réponse à ces inégalités
Cette dialectique des territoires et des inégalités débouche sur la question centrale de la mobilité. Dans les années de lycée, un jeune sur trois est amené à étudier en dehors de sa commune. Près d’un tiers des diplômés de l’enseignement supérieur ont changé de région au cours de leur parcours. Trois cadres sur cinq sont concernés par la migration, mais celle-ci touche aussi 40 % des employés et ouvriers qualifiés et un tiers des ouvriers non qualifiés. Pour les premiers, il s’agit de trouver un emploi attractif alors que pour les moins diplômés, il s’agit tout bonnement de rompre avec le chômage. La mobilité participe à la construction du parcours de vie, mais la capacité à être mobile diffère selon les jeunes, certains la vivant plutôt sous la contrainte. La mobilité constitue un enjeu essentiel dans l’action publique. « Favoriser la mobilité, c’est donner des chances égales à chaque jeune », a conclu Francine Labadie.
Socialisation, territoires et trajectoires
L’effet de territoire, c’est l’influence que le territoire exerce en lui-même sur les parcours et la conduite des jeunes. Cette influence du territoire constitue le présupposé de toutes les politiques territoriales qui se développent depuis plusieurs années, au point de mettre en marche une « territorialisation de l’Etat providence ».
Quels liens les inégalités territoriales entretiennent-elles avec les autres inégalités ? Le territoire reflète-t-il des inégalités qui relèvent d’autres sources ou crée-t-il ses propres inégalités ? Telles sont les questions posées aux intervenants de cette première table ronde par Régis Cortesero.
Les effets de territoires seraient-ils surestimés ?
Pour Thomas Kirszbaum, chercheur associé à l’ENS Cachan, l’effet de territoire est très largement surestimé en France par le politique. D’ailleurs, aucune étude n’a mis en évidence l’effet propre du territoire. Cet effet existe, mais il reste très secondaire. Des travaux récents ont même démontré l’impact pratiquement nul de l’adresse en matière de recherche d’emploi pour les minorités ethniques, relevant même que cette discrimination fondée sur l’adresse touche les populations les plus diplômées et celles qui ne sont pas issues de l’immigration.
Toutes les études sur les effets de territoire se heurtent à la difficulté de distinguer les dimensions individuelles et familiales et la plupart des modèles ne prennent pas en compte la variable pourtant décisive de l’environnement institutionnel. Ainsi, jusqu’à présent les pouvoirs publics ont surtout raisonné en termes de remise à niveau de territoires « handicapés », sans prendre en compte les interactions entre les territoires et les problématiques de mobilité dans l’idée de bâtir « des quartiers comme les autres, comme si la mise en égalité des territoires allait de façon quelque peu mécanique résorber une série d’inégalités sociales ». Sans nier le rôle du territoire dans le parcours des individus, il convient aujourd’hui de ramener le territoire à sa juste place dans la production des inégalités et d’éviter de se tromper dans les choix de politique publique.
Valoriser les réussites au lieu de stigmatiser les échecs
Selon Mathieu Cahn, adjoint au maire de Strasbourg, « il n’y a pas un territoire pour un même individu ». Pour certains jeunes, le quartier est uniquement formé de leur rue, leur immeuble, voire de leur cave. Il faut se garder de stigmatiser les quartiers en pointant leur manque de ressources, car même lorsque les équipements existent au coeur du quartier, ils ne bénéficient pas forcément à tous les habitants. En désignant ces quartiers, on enferme leurs habitants. S’il ne faut pas nier ses faiblesses, il convient aussi de citer les forces d’un territoire, car même sur un territoire peu doté, des solidarités très fortes peuvent se créer.
Omer Mas-Capitolin, représentant du think tank Graines de France, a confirmé l’importance de valoriser ces solidarités et toutes les actions positives qui peuvent être accomplies sur un territoire. Une importance reconnue par une doctorante australienne présente dans la salle, qui a souligné la nécessité de voir les jeunes comme des acteurs du quartier et d’identifier ce qui motive les jeunes qui peuvent se positionner comme des modèles et s’engager dans leur quartier. Pour Omer Mas-Capitolin, le territoire, appréhendé par les jeunes à la manière de « poupées russes », doit effectivement être pensé comme un ensemble de lieux, un milieu de vie et de quotidienneté pour les personnes qui y habitent. Les jeunes de Belleville, quartier situé au confluent de quatre arrondissements parisiens, par exemple, sont avant tout de Belleville et ne s’identifient pas à un arrondissement plutôt qu’un autre. Les populations ne font pas le choix du lieu qu’elles habitent. Il faut faire en sorte que les jeunes disposent des moyens pour construire ensemble leur parcours, en partant toujours des jeunes et en définissant avec eux leur conception du vivre ensemble. Il importe que tous les citoyens se sentent des citoyens à part entière. Graines de France expérimente ainsi plusieurs outils, comme la formation de volontaires civiques pour travailler sur le quartier de la Belle de Mai (Marseille) ou l’interaction des jeunes avec les forces de police.
Incitation ou injonction à la mobilité ?
Le territoire ne doit pas être conçu comme un obstacle qu’il faudrait enjamber, mais comme une base d’action. C’est d’ailleurs la démarche que poursuit l’association FARE « Sachons bouger autrement vers l’emploi », qu’a présentée Catherine Lestre de Rey. FARE fédère des associations implantées sur un territoire plutôt périurbain, qui œuvrent pour la mobilité en conduisant des démarches d’éducation à la mobilité. L’association a développé un projet qui devrait toucher 1 300 jeunes sur deux ans sur sept territoires sélectionnés. Il se décomposerait en deux volets : « pouvoir bouger », pour répondre à une demande immédiate d’outils (autoécoles sociales, garages solidaires, transports à la demande) et « savoir bouger » en travaillant sur l’individualisation des parcours et la transmission de codes sociaux dans la mobilité.
Nicolas Oppenchaim, maître de conférences à l’Université François Rabelais de Tours, a pu identifier dans ses travaux sur les effets de quartiers, deux angles morts tenant d’une part à l’absence de prise en compte de la diversité géographique et sociale de ces quartiers et, d’autre part, à l’idée que le quartier constituerait le seul territoire socialisant pour ces jeunes. Ce serait oublier que la mobilité dans la ville au quotidien participe à la construction identitaire. La mobilité à l’adolescence représente bien souvent le support d’un affranchissement de la tutelle familiale et institutionnelle, un moyen d‘explorer des espaces publics inconnus, d’être confrontés à d’autres populations, d’autres architectures et d’autres équipements. Elle donne lieu à des interactions tout aussi socialisantes que celles qui s’opèrent dans les quartiers et il importe d’en tenir compte.
La mobilité est donc devenue le nouveau grand opérateur des inégalités. Or l’idée s’est répandue que seuls les jeunes qui bougent pourraient réussir, justifiant toute une série de politiques en faveur de la mobilité. Ce nouveau mot d’ordre peut néanmoins apparaître aux yeux de certains comme une injonction.
Omer Mas-Capitolin a soulevé la difficulté pour les jeunes de bâtir des projets qui les amènent à sortir du quartier et à rechercher une autre proximité. La mobilité doit être conçue comme un outil d’une stratégie d’accompagnement plus qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les politiques publiques doivent, sans abandonner les dispositifs existants, utiliser cet outil de la mobilité pour construire une tactique en lien avec les jeunes, en intégrant leurs connaissances et leur expérience. Pour Mathieu Cahn, il faut éviter que la mobilité, autrefois privilège de la politique jeunesse, devienne une injonction. S’il paraît nécessaire de renforcer la mobilité, certaines politiques publiques doivent aussi assurer plus de proximité. La mobilité doit également être appréhendée dans les deux sens, non seulement en sortie, mais en entrée dans ces territoires. Donner des raisons aux autres de rejoindre un territoire, c’est lutter contre la ségrégation.
« La mobilité doit devenir une politique intégrée » a estimé Catherine Lestre de Rey. Nicolas Oppenchaim a toutefois appelé l’assemblée à ne pas surestimer le rôle socialisant de la mobilité et à l’articuler aussi avec le territoire local, car « personne ne s’interroge par exemple sur l’immobilité d’un jeune du XVIe ».
Identités, appartenances et territoires
L’âge, le lieu de résidence, le genre, la scolarité, la vie professionnelle sont autant d’éléments qui permettent d’appréhender les relations complexes qu’entretiennent les jeunes avec leur territoire. De par leur mode de vie, leurs valeurs, leurs loisirs, les jeunes ruraux se rapprochent de plus en plus des jeunes urbains, mais conservent le sentiment d’être moins bien considérés, en raison notamment de leur sous-représentation dans les médias.
L’injonction à la mobilité pour la jeunesse rurale
Benoît Coquard, doctorant en sociologie à l’Université de Poitiers, a effectivement relevé que les jeunes ruraux sont perçus comme un tout homogène – des « fils de paysans » — que les médias et les pouvoirs politiques opposent souvent aux jeunes de banlieue alors qu’ils présentent des caractéristiques sensiblement identiques. Aujourd’hui majoritairement issus de familles ouvrières, les jeunes ruraux fondent cependant moins d’espoir que les jeunes urbains dans leur capacité à s’élever grâce aux études et préfèrent s’appuyer sur un réseau local fort qui leur permettra de trouver un emploi, même si celui-ci reste peu qualifié et moins rémunéré. Et ceux qui souhaitent poursuivre leurs études n’ont qu’une seule possibilité : quitter leur territoire.
Quitter leur territoire, c’est aussi l’alternative proposée aux jeunes Ultramarins, aidés en cela par les politiques fondées sur le principe de continuité territoriale, comme l’a rappelé Franck Temporal, sociodémographe de l’Université Paris Descartes. Les départements et régions d’outre-mer affichent les indices de jeunesse les plus élevés (70 % de la population mahoraise a moins de vingt ans), font partie des territoires les plus inégalitaires et cumulent des contraintes qui compliquent les trajectoires d’autonomie des jeunes. Ainsi, 42 % de la population réunionnaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette pauvreté s’explique par un très faible accès à l’emploi. Plus de la moitié des jeunes ultramarins sont au chômage aujourd’hui et un nombre croissant d’entre eux, découragés, ne se déclarent même plus en recherche d’emploi. A Mayotte, c’est une personne sur dix qui occupe effectivement un emploi. Dans ce contexte, ils sont nombreux à choisir de quitter leur territoire.
En milieu rural, la question de la mobilité occupe une place centrale selon Cindy Chevillot, secrétaire nationale à l’éducation au MRJC. Les jeunes ruraux restent en effet très dépendants de leurs parents pour leurs activités scolaires, mais aussi pour leurs loisirs. Ils ont pourtant les mêmes attentes que les jeunes urbains dans ce domaine et souhaitent comme eux participer à la vie démocratique et citoyenne de leur territoire, comme l’a relevé Firas Jaïdi, du MRJC Picardie, mais ils se trouvent confrontés à la problématique de mobilité, qui vient s’ajouter à celle de la stigmatisation. Or les politiques publiques en faveur de la jeunesse se préoccupent peu des enjeux ruraux et les associations se trouvent bien souvent démunies humainement et financièrement.
Partir ou rester ? Un choix bien souvent imposé
Absence d’offre d’enseignement supérieur, manque de connaissance dans les emplois disponibles sur le territoire, absence de transports en commun, foncier rendu inaccessible par l’afflux de populations urbaines en quête d’une meilleure qualité de vie, délitement du service public, les jeunes ruraux sont confrontés à de nombreuses problématiques qui les incitent bien souvent à quitter leur territoire, comme l’a relevé Jean-Baptiste Etcheto, président du Conseil de développement du Pays Basque.
Pour autant, comme internet permet plus au jeune de dialoguer avec ses amis que de s’ouvrir au monde, posséder une voiture n’incite pas toujours le jeune à parcourir la France ; c’est parfois seulement un moyen d’aller retrouver ses amis deux rues plus loin. Les jeunes ruraux n’aspirent pas tous à quitter leur territoire, comme l’a relevé Benoît Coquard. De jeunes ruraux issus de milieux populaires font le choix de rester vivre et travailler « au pays », considérant que l’université n’est pas faite pour eux et s’inscrivant dans une culture anti-école héritée de leurs aînés. Ils préfèrent une orientation rationnelle et rentable, même si elle s’écarte de leurs aspirations. Or la mutation des postes de travail les rend parfois incapables d’occuper les emplois que tenaient leurs aînés avec les mêmes qualifications. « Certains jeunes, très attachés à leur territoire, ne choisissent pas leurs études en fonction de leur souhait, mais en fonction de la proximité de l’école » a confirmé Cindy Chevillot. Partir pour étudier exige souvent de quitter sa famille et son territoire dès 15 ou 16 ans sans réelle perspective de retour.
La mobilité des populations d’outre-mer constitue une tradition ancienne. Plutôt qu’une injonction, elle apparaît comme une nécessité. Aujourd’hui, la moitié des jeunes antillais diplômés de l’enseignement supérieur vivent en métropole et les deux tiers des jeunes Martiniquais se déclarent prêts à partir s’ils trouvent une opportunité. Néanmoins, cette mobilité ne constitue pas forcément un avantage au retour, car une forte sélection s’opère tant au départ qu’au retour et ceux qui reviennent n’accèdent pas forcément à un emploi plus large. En outre, la mobilité renforce les inégalités entre les individus. Les plus diplômés partent, laissant les personnes les plus en difficulté. « Il serait temps », comme l’a souligné Franck Temporal, « de s’intéresser aux populations immobiles sur ces territoires », mais aussi de créer des lieux de socialisation et d’apprentissage pour que les jeunes puissent échanger, expérimenter et s’ouvrir au monde, comme l’a proposé Cindy Chevillot.
Même si le tissu associatif diffère d’un territoire à l’autre, les solidarités se révèlent bien plus fortes en milieu rural. Pour en témoigner, Firas Jaïdi a présenté le projet « Les Fabriques du monde rural », qui consiste à devenir propriétaire d’un lieu pour y mener des actions diverses, en se fondant sur l’idée qu’il est possible de mettre en place des activités économiques dans le monde rural. En Picardie, 350 jeunes ont ainsi été invités durant l’été à venir réfléchir aux actions à mener dans ces fabriques, qui apparaissent comme des lieux de socialisation, d’expérimentation et de transmission intergénérationnelle, pour favoriser le vivre ensemble et réduire la stigmatisation des jeunes.
Jean-Baptiste Etcheto a quant à lui évoqué une initiative locale innovante tirant parti de l’attachement identitaire et linguistique des jeunes pour le Pays Basque. Outil de participation démocratique réunissant l’ensemble des acteurs majeurs de la société civile, le Pays Basque n’a toutefois pas d’existence institutionnelle. Il possède néanmoins une forte identité culturelle qui permet de développer des actions pour dynamiser le territoire. Ainsi, avec le projet « Enseigner le Pays Basque », le territoire lui-même devient une manière d’enseignement. Une plate-forme de données territorialisées a été mise à la disposition des enseignants afin qu’ils puissent décliner la matière qu’ils enseignent au niveau local. De la même manière, le territoire mène une expérimentation de « boîte à parole, boîte à images » offrant aux jeunes l’opportunité de s’exprimer et aux pouvoirs politiques de progresser dans leur compréhension de cette jeunesse.
Nouveaux registres d’action, transversalité, gouvernance
Cette table ronde s’est consacrée à la question de l’emploi, qui illustre les dynamiques territoriales en faveur de la jeunesse. Il s’agissait d’identifier la manière dont les acteurs participent à la construction de l’action publique.
L’entrepreneuriat, une solution pour l’emploi des jeunes
« Le monde du travail me faisait peur ». Comme en a témoigné Amélie Tessens, les jeunes se retrouvent souvent perdus lorsqu’il s’agit de trouver un emploi et leurs conseillers en mission locale – trois en trois mois pour Amélie – peinent à leur apporter le soutien dont ils ont besoin. Des initiatives locales se développent, comme le projet d’éducation à l’entrepreneuriat coopératif présenté par Emmanuelle Rousset, coordinatrice CJS à « Coopérer pour entreprendre », et permettent bien souvent de dépasser le cloisonnement des acteurs qui s’approprient « leurs » jeunes. Pour aider les jeunes à sortir de leur représentation, il faut penser en termes de parcours et non de projet, et inscrire la démarche sur le territoire et dans la durée, en faisant en sorte que les acteurs travaillent véritablement ensemble.
Angélica Trindade-Chadeau, chargée d’études et de recherche à l’INJEP, a confirmé que l’entrepreneuriat constitue un levier pour les jeunes et le territoire. Cette pédagogie nouvelle répond aux préoccupations de quatre politiques : celle de l’emploi, puisqu’elle permet d’aider les jeunes à s’insérer dans la vie professionnelle ; celle du développement économique, en favorisant la création d’entreprises et donc de richesse sur un territoire ; la politique en faveur de la jeunesse, par l’incitation des jeunes à prendre des initiatives et à développer des projets et enfin la politique locale, cette démarche permettant de s’appuyer sur les forces vives du territoire et d’apporter un soutien direct aux jeunes. La mise en œuvre combinée de ces quatre politiques sur un même territoire peut néanmoins brouiller la démarche pour les jeunes, qui identifient mal les limites de chacune d’elles. Cette démarche poursuit en outre trois séries de motivations parallèles, la recherche d’utilité sociale, l’expérimentation et la maturation professionnelle, mais l’on en sait encore peu sur la manière dont les collectivités locales appréhendent ces motivations et assurent la cohérence de leurs actions avec celles-ci.
La politique de l’emploi, une politique nationale en quête de territorialité
L’emploi relève de prérogatives nationales et non locales, comme l’a rappelé Thierry Berthet, directeur de recherche en sciences politiques au Centre Emile Durkheim. L’action publique doit toutefois se construire en tenant compte des parcours individuels et faire en sorte que les opérateurs de l’emploi sortent du contexte où la charge de travail est telle que seuls les jeunes les plus motivés en bénéficient alors que ceux qui en ont le plus besoin sont laissés de côté. Aujourd’hui, les chômeurs doivent construire leur parcours comme se construit une entreprise, mais cette individualisation présente quelques limites. Elle ne doit pas toucher seulement les demandeurs d’emploi, mais concerner aussi les décideurs locaux. Il ne faut plus parler d’Etat providence, mais de « région providence », puisque les régions disposent de compétences dans le champ de la formation professionnelle des jeunes.
Régis Balry, président du CRAJEP Pays de la Loire, a souligné le risque engendré par la centralisation de l’action sur l’emploi dans un contexte de chômage de masse durable. Toute collectivité peut, selon lui, mettre en oeuvre une politique volontariste en la matière en établissant un schéma directeur pour travailler, à l’échelle d’une région, sur la question de l’accès à l’emploi. Partant d’un constat partagé entre les acteurs et les jeunes, ce schéma développerait des actions pour lutter contre la dispersion des informations et les inégalités d’accès tant sociales que territoriales à la formation ou pour favoriser l’orientation, la formation professionnelle ou la consolidation des parcours.
« Jeunesse et territoire, c’est aussi la recherche d’un niveau pertinent ». Comme l’a noté Jean-Paul Bachy, président du conseil régional de Champagne Ardenne, les régions sont de plus en plus reconnues comme un échelon pertinent dans les politiques, car elles restent encore proches des citoyens, mais se trouvent à un niveau suffisamment général pour mettre en place des politiques structurantes et fédérer les forces. Les politiques mises en œuvre à l’échelon national, elles, manquent d’écoute et d’outils d’évaluation que seule la proximité offre. Plutôt que de providence, il convient de promouvoir l’idée d’une territorialisation des politiques de jeunesse. La région Champagne Ardenne s’est appuyée, pour repenser sa politique jeunesse et prendre davantage en compte l’expertise d’usage des jeunes et leurs besoins effectifs, sur l’expertise de la 27ème Région, laboratoire de transformation des politiques publiques et territoriales créé à l’initiative de l’association des Régions de France. Une expérimentation a donc été conduite entre 2011 et 2014.
La nécessaire coordination des acteurs
Thierry Berthet a confirmé le caractère essentiel de la coordination des acteurs, la région ne disposant d’aucun levier d’action. Jusqu’à présent, la logique qui présidait à l’action consistait à créer des institutions aussi justes que possible et à demander aux individus de s’y conformer. Aujourd’hui, les pouvoirs publics doivent tenir compte des spécificités territoriales et faire confiance aux acteurs locaux au lieu d’essayer de leur imposer un schéma figé. « Il faut une approche commune, conjointe, dans une vision plurielle de l’orientation », a reconnu Jean-Paul Bachy ; « le jeune doit disposer des différents outils au même endroit ». Il convient d’arrêter ce jeu de « ping-pong » dans lequel le jeune est renvoyé d’une structure à une autre, en créant un lieu unique où des professionnels pourraient venir témoigner de leur expérience, offrant ainsi aux jeunes une représentation précise de leur métier.
Eric Lenoir, chef de la mission de coordination de l’action interministérielle et sectorielle du CGET, a souligné le nécessaire « emboîtement » de l’ensemble des démarches. Il a d’ailleurs rappelé que les politiques jeunesse mises en œuvre dans les contrats de ville déclinés des nouveaux contrats de plan Etat-région cherchent justement à intégrer les questions d’emploi, de décrochage scolaire ou d’accès aux loisirs en poursuivant quatre priorités, l’information, la mobilité, l’engagement des jeunes et la co-construction dans le cadre d’une démarche coordonnée entre le président de l’agglomération, la coordination interministérielle et l’ensemble des acteurs concernés. Emmanuelle Rousset a toutefois observé que « la co-construction ne se décrète pas, mais se vit ».
Dans la salle, on a relevé que les initiatives existent, mais qu’elles doivent être relayées par des acteurs de terrain, car « l’institution ne remplacera jamais l’humain ». Un participant a appelé l’attention des intervenants : coordonner ne signifie pas forcément regrouper les structures pour former une mégastructure accompagnant les jeunes. Ces lieux uniques ne fonctionnent pas, comme en témoigne la fermeture progressive des maisons des jeunes. Chaque structure doit conserver sa spécificité.
Répondant à Régis Balry, qui soulignait la nécessité de l’apprentissage de la démocratie et de la dimension politique dans tous les lieux de vie collective, Omer Mas-Capitolin a regretté que les élus ne financent pas la mise en place de structures comme les tables de coordination au Québec qui permettraient aux jeunes de participer plus étroitement à la vie de leur quartier.
Quel projet politique pour la jeunesse ?
Avant la clôture des rencontres, Matthieu Angotti, directeur du Centre communal d’action sociale de Grenoble et grand témoin de cette manifestation, s’est interrogé : « quel projet politique pour la jeunesse ? » La définition d’une politique en faveur de la jeunesse paraît effectivement essentielle, mais la méthode doit être choisie avec soin. Il ne s’agit pas de tomber dans des schémas moraux préfabriqués imposés aux jeunes, mais de croiser les approches en intégrant la jeunesse dans les politiques de droit commun tout en assurant la transversalité des politiques dédiées à la jeunesse. Enfin, il ne faut pas laisser les jeunes de côté dans la définition des politiques qui les touchent directement ou les perdre dans des sémantiques trop compliquées.
Les échanges de la journée ont permis de démontrer les liens paradoxaux entre les jeunes et le territoire. Ainsi, le quartier est perçu à la fois comme un lieu d’enfermement imposé ou volontaire et de protection. De la même manière, la mobilité, souvent considérée comme émancipatrice, est parfois vécue comme une injonction alors que l’effet protecteur du quartier inciterait plutôt à l’immobilité. Il importe de trouver du sens à cette mobilité pour conduire des politiques d’accès aux ressources de la ville pour les quartiers et inversement.
La jeunesse, priorité du quinquennat
En conclusion de cette journée, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner a tenu à rappeler l’engagement du président de la République : « faire en sorte que la jeunesse vive mieux en 2017 qu’en 2012 », un engagement ambitieux dans un contexte où, comme le souligne le rapport de l’INJEP, les inégalités se creusent tant en termes d’emploi que de mobilité. Il a également replacé l’événement dans la mobilisation républicaine d’envergure souhaitée par le premier ministre en faveur de l’égalité, pour « casser les ghettos ». La concentration des inégalités est aujourd’hui telle qu’elle exige une action d’une détermination inédite.
Cette journée apportera donc sa pierre à l’édifice de la concertation qui trouvera son point d’orgue à l’occasion du troisième Comité interministériel de la Jeunesse, au cours duquel un nouveau plan d’action sera proposé. Identifier les talents, encourager les initiatives et essaimer sur le territoire, tel est aussi l’objectif du programme des investissements d’avenir lancé dans une quinzaine de jours. 60 millions d’euros seront engagés pour favoriser les politiques intégrées visant notamment à développer une offre culturelle et sportive, prévenir le décrochage scolaire ou favoriser les partenariats avec le monde de l’entreprise.
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