Activité conseil et d’information sur soi, les filières de formation initiale et continue, les métiers et les trajectoires professionnelles, qui vise à faire émerger de l’univers des possibles, les probables qui soient désirables pour l’individu en particulier, et utiles à la société en général.
Souvent assimilée à une procédure d’affectation sociale à connotation négative, l’orientation est avant tout un procès sociétal historiquement situé, F ; Danvers. 1988.
Tant que l’évolution du monde permettait qu’un fils reprenne le métier de son père, la question de l’orientation n’était pas véritablement posée. C’est sous l’influence de l’évolution des techniques du marché de l’emploi et de la notion de qualification professionnelle que s’est développée l’idée d’orientation par la rencontre de deux courants : l’évènement du machinisme industriel d’une part, et le développement de la psychologie appliquée d’autre part.
Tous ces changements d’ordre technologique, social et culturel ouvrent la voie à une orientation professionnelle.
Le concept ne commence réellement à s’imposer qu’après la Première Guerre mondiale : cette période de reconstruction exige une main-d’œuvre plus qualifiée et plus diversifiée. Ainsi l’orientation a pour fonction de réaliser le meilleur ajustement possible entre les exigences d’un métier et les caractéristiques du jeune adolescent. Elle se situe au moment où celui-ci quitte l’école primaire pour rentrer en apprentissage (décret du 26 septembre 1922) ;
Ce modèle mécaniste et d’ajustement -« the right man in the right place » – d’une orientation professionnelle, publique, populaire, précoce et ponctuelle décline après la Seconde Guerre mondiale par l’effet de la démocratisation de l’enseignement secondaire de la réforme de l’organisation scolaire. Des innovations en pédagogie, (R.Gal, 1946 – L.Lefevre, 1949- A.Léon, 1957 etc.), contribuent à l˜élargissement d’une orientation devenue scolaire et professionnelle.
Des auteurs comme Ginzberg, 1951, et D. Super, 1957, développent une conception plus globale et continue de l’orientation, sous-tendue par une approche développementale et dynamique qui heurte la gestion technocratique des flux scolaires corrélatives à la mise en œuvre de nouvelles procédures d’information, d’orientation et d’affectation des élèves, prélude à l’installation du « collège unique », voulu par la réforme R. Haby (1977).
S’orienter dans le système scolaire, mais aussi à l’issue de la scolarité initiale, c’est effectuer des choix, s’appuyer sur des conseils et s’engager dans une voie spécifique (formation ou emploi). Or les choix individuels sont influencés par des facteurs sociaux, qu’ils appartiennent au milieu socio-familial, au contexte scolaire ou encore, aux classements sociaux (qui opèrent une distinction entre métiers prestigieux/métiers non prestigieux, métiers féminins/métiers masculins, travail manuel/travail intellectuel…). Pour le sociologue, F.Dubet, 1994, « les études peuvent être définies par les portes qu’elles ferment définitivement ».
Face à la difficulté du conseil, parce que la problématique de l’orientation est traversée par des tensions qui relèvent de l’inadéquation entre les attentes économiques et les aspirations sociales et individuelles, M. Reuchlin, 1980, propose de considérer l’orientation comme une activité qui « comprend (non seulement) l’orientation scolaire (mais aussi) l’aide personnelle aux élèves pour se guider dans la vie en général, l’information professionnelle et les conseils relatifs aux choix d’une profession ».
En milieu scolaire, l’orientation se caractérise par l’ensemble des actions administratives, informatives et pyscho-éducatives visant à accompagner les jeunes dans la construction et la réalisation de leurs projets de formation et d’insertion sociale et professionnelle, B. Schwartz, 1981.
Au cours de ces vingt dernières années, nous assistons au primat d’une conception éducative de l’orientation visant à l’auto-orientation tout au long du cycle de l’existence. L’orientation fait désormais partie intégrante du droit à l’éducation (article 8 de la loi du 10 juillet 1989) mais « La mise en pratique du principe fondamental de la maîtrise de son orientation par le jeune peut rencontrer deux limites. Il s’agit tout d’abord de la nécessité d’avoir acquis certaines aptitudes et certaines connaissances pour tirer profit d’un enseignement ultérieur. Il s’agit ensuite de l’offre de formation, en particulier dans le cas des formations professionnelles dont le développement est en partie lié à l’importance des débouchés »
L’orientation conçue dans le cadre du service public d’enseignement est un processus continu qui se déroule tout au long de la scolarité et dont les composantes – phases d’accès à l’information, de bilans individuels, de dialogue – et tout particulièrement l’éducation à l’orientation, sont inscrites dans le projet d’établissement, (BOEN n° 9 du 28 février 2002).
Le développement de l’orientation des jeunes dans un contexte d’apprentissage à vie (société de la connaissance) signe le passage d’une orientation ponctuelle à une orientation continue. J. Guichard, INETOP, 1997, préfère utiliser le terme d’éducation à la carrière : « Les activités d’orientation scolaire et professionnelle dépendent notamment de l’organisation des systèmes de formation et de production, mais aussi des conceptions de la qualification sociale.
Le modèle de la compétence conduit à douter de la pérennité des actuelles procédures d’orientation des élèves. Les pratiques « d’éducation aux carrières » et d’orientation tout au long de la vie, semblent plus pertinentes dans le contexte d’aujourd’hui ».