PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs



 

« L’orientation, c’est l’orientation de l’action" (A. Touraine).

J. Guichard, 1997, notait avec justesse, que le vocable « orientation" est fréquent dans les discours relatifs au système éducatif et à l’insertion professionnelle, surtout quand ils se proposent d’expliquer des difficultés, des insuffisances, des dysfonctionnements: « S’il y a trop d’échecs à l’entrée de l’université c’est parce que l’orientation en classe terminale est insuffisante. S’il y a tant de jeunes au chômage c’est parce qu’ils sont trop souvent orientés dans des filières sans débouchés … ".

D.Ferré, et alii, 2000, ont mis au point une « méthode d’orientation active" centrée sur la vie scolaire du lycéen. La méthode « Orientation lycée" est le produit d’une recherche action menée pendant trois ans au lycée R.Gosse de Clermont-l’Hérault (académie de Montpellier), avec le concours de 600 élèves et 35 professeurs, conseillers principaux d’éducation, documentalistes et conseillers psychologues.

Pour ces auteurs, une méthode d’orientation active « organise la réflexion et l’analyse en groupe, tout en réservant régulièrement un temps individuel d’appropriation, facteur de développement personnel. L’élève est placé en situation d’établir des liens entre ce qu’il croit, ce qu’il sait, ce qu’il pense et ce qu’il découvre. C’est un travail de type cognitif et coopératif appuyé sur la classe en tant que groupe.

Chacun à la fois apporte au groupe et en tire ressource". Cet outil expérimenté et référencé vise particulièrement à développer les compétences utiles pour l’orientation et l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Dansson propos liminaire sur l’enseignement supérieur en France,M. Vasconcellos, 2006, fait le constat suivant: « Deux jeunes sur trois entament aujourd’hui des études supérieures.

Ils sont conduits à s’orienter dans une mosaïque complexe d’institutions différenciées, anciennes ou nouvelles, parfois mal connues, et le font souvent avec des informations insuffisantes ou erronées. Les malentendus, les déceptions et les échecs ou les réorientations tardives qui en découlent seraient moindres si les structures des études post-secondaires étaient mieux connues".

À la suite de la crise du contrat première embauche (CPE)et, du grand débat national sur l’université et l’emploi (Rapport Hetzel), le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche a mis au point 387 une procédure en université dite « orientation active» (qui ne se confond pas en principe avec une pré-inscription, ni avec une procédure de sélection) et « qui constitue l’une des conditions de la requalification du cursus licence à l’université », (J.M. Monteil, Paris, 9 novembre 2006). Une orientation active vers l’enseignement supérieur, pour l’emploi, expérimentée notamment dans l’académie de Nantes, « vise à offrir un accueil du côté de l’enseignement supérieur afin de donner au lycéen de terminale des informations précises sur la filière demandée, le contenu de la formation, ses exigences, ses débouchés", P. Lunel, 2007 (auteur d’un rapport définissant un « Schéma national de l’orientation et de l’insertion professionnelles des jeunes »).

 

Alors que 67 universités se sont portées volontaires en 2007, pour implémenter les nouvelles procédures d’inscription à l’université, l’orientation active soulève de nombreuses questions: l’échec des bacheliers technologiques et professionnels à l’université ne serait-il imputable qu’à un manque d’information sur les filières, et notamment les filières de relégation? Anticiper l’identification des élèves qui n’auraient pas leur place à l’université n’est-elle pas une atteinte implicite à l’égalité des chances, voire une présélection qui ne dit pas son nom? Sur quelles bases engager un travail de concertation inter-universitaire sur le post-bac?…

Devant l’exigence d’établir une meilleure articulation entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur, une première réponse a été apportée par le « Portail étudiant », mis en service en avril 2006, avec l’idée que l’élève reste libre de son choix et que la démarche d’orientation active demeure facultative. Dans le même temps sont expérimentés des outils d’information et d’accompagnement dans le cadre de la procédure dite du « Dossier unique" d’accès à l’enseignement supérieur (circulaire de rentrée: BOEN n° 3 du 18 janvier 2007).

L’orientation active, nouvelle variante de l’orientation éducative, est plus en accord avec le nouvel état des mœurs, où chacun cherche à être acteur de son projet de vie (individualisme de la seconde modernité). Mieux comprise, on peut penser que la démarche d’orientation active entraînera au fil des années, un changement de perception de l’université, même si le problème du « choix par défaut", intrinsèquement lié à l’organisation structurelle de l’enseignement supérieur français, ne pourra être résolu de manière satisfaisante par ce type de dispositif innovant.

 

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