L’accent mis sur les questions de pauvreté contraste avec le profond désintérêt porté Ã l’étude des catégories aisées en France. Entretien avec Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Extrait de la revue Regards croisés sur l’économie.
Au cours des années 1980 et au début des années 1990, l’accent a été mis, en France mais aussi ailleurs – en Angleterre, par exemple, Ã partir de 1997 – sur les questions d’exclusion et de pauvreté. Comment expliquer l’inflation des analyses de la pauvreté ? Se sont-elles faites au détriment des approches en termes d’inégalités ?
Les questions de la pauvreté et de l’exclusion reviennent fortement dans le débat public dès le début des années 1980, avec une accentuation au milieu de la décennie. La montée du chômage en a été le facteur déclenchant ; elle a mis à jour une transformation profonde de la pauvreté.
Avant l’explosion du chômage, celle-ci concernait essentiellement des personnes âgées. À partir des années 1980, elle s’est mise à toucher de plus en plus de jeunes actifs. Le phénomène de l’exclusion est apparu. Dans les sciences sociales, l’attention s’est alors focalisée sur la pauvreté, sujet sur lequel des moyens considérables ont été mobilisés au regard des efforts qui ont été faits pour penser les inégalités dans leur ensemble.
Or, à partir du moment où l’on définit la pauvreté comme un état relatif (l’idée de la définir en termes absolus ayant été abandonnée depuis longtemps), il n’y a pas grand sens à ne s’intéresser qu’à la pauvreté en passant sous silence le reste de la distribution des revenus.
La question de la pauvreté est bien sûr fondamentale, mais celle de la richesse l’est tout autant. Malgré cela, il subsiste un déséquilibre important entre le nombre de chercheurs et d’institutions qui s’attachent à étudier la pauvreté, et ceux qui étudient l’ensemble de la distribution, dont les riches.
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