In VousNousIls – le 4 mars 2014 :
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L’avenir des TICE à l’école repose-t-il dans les tablettes et smartphones ? Pour les experts, il faut tirer profit de l’accroissement des équipements mobiles, qui font le lien entre éducation et vie quotidienne.
En conclusion de la Semaine de l’apprentissage mobile à l’Unesco, des spécialistes de l’innovation technologique ont esquissé les nouvelles tendances en matière de TICE, en particulier sur les supports mobiles tels que portables et tablettes.
L’alphabétisation numérique est essentielle
Steven Vosloo, à la tête du laboratoire d’innovation de Pearson, note que s’équiper d’un téléphone portable "est en soi une tendance, qui connaît un accroissement exponentiel". Il y a aujourd’hui des téléphones à 15 dollars, des smartphones à 50 dollars : "de plus en plus gens peuvent les acheter, et les utiliser pour l’éducation". Utiliser un mobile, c’est en effet un moyen "d’accéder à tous les endroits du monde", ainsi qu’une façon d’améliorer ses compétences informatiques. Or "l’alphabétisation numérique est essentielle dans la vie professionnelle".
Il ne doute pas du potentiel de l’apprentissage mobile, notamment au niveau des interfaces possibles avec les MOOCs, mais pense que l’évaluation sur mobile doit dépasser le stade des quiz pour fournir une "analyse personnalisée" du profil de l’apprenant.
Moins de frontières entre apprendre, vivre et travailler
Pour Steven Vosloo, aujourd’hui, "les frontières s’effacent entre apprendre, vivre et travailler", et l’éducation ne doit plus être perçue comme un "bloc" distinct du reste de la vie des élèves. Par exemple, les réseaux sociaux sont devenus plus qu’un espace de socialisation : "c’est là que les jeunes reçoivent des conseils pour faire leurs devoirs, échangent des informations… On ne peut plus développer des contenus numériques éducatifs sans tenir compte des médias sociaux", affirme-t-il.
John Davies, vice-président d’Intel, a parcouru une centaine de pays ces dernières années dans le cadre du programme de développement Intel World Ahead. Il constate pour sa part que les pouvoirs publics sont de plus en plus proactifs, contactent eux-mêmes les fabricants sans attendre leurs offres, et font preuve d’une meilleure planification "en matière d’installation, de maintenance, de contenus, de programmes et d’appareils".
Personnalisation et sécurisation accrues
Encore récemment, la philosophie des gouvernements était plutôt d’acheter d’abord le matériel "et pour le reste, « on verra plus tard »", rappelle John Davies. Mais l’aspect logiciel a pris de l’importance, tout comme les ressources numériques, devenues un enjeu "pour les éditeurs de manuels scolaires, les éditeurs électroniques…", tandis que les questions de licence ou de contenu libre sont de plus en plus présentes.
John Davies observe par ailleurs que la demande de personnalisation du matériel va croissant : produits intermédiaires entre laptops, tablettes et smartphones; matériel résistant aux chocs ou waterproof; logiciels pré-installés, etc. De même que la préoccupation pour la sécurité : "comment dissuader les voleurs, comment se protéger contre les virus, que faire si on vole l’appareil…"
Innovation frugale
"Je crois qu’on fait trop de distinction entre la technologie et la pédagogie", estime pour sa part Madanmohan Rao, directeur de recherche chez MobileMonday, qui travaille sur le terrain de l’expérimentation avec de petites start-ups. Il constate que les nouvelles générations ont un accès inégalé aux technologies de pointe, dans l’éducation comme ailleurs : "Aujourd’hui, des professeurs d’histoire utilisent des applications pour reconstruire des monuments de manière virtuelle… J’ai aussi vu des professeurs d’éducation physique qui équipaient leurs élèves de capteurs, et utilisaient des appareils pour compter leur nombre de pas et leurs battements de coeur", raconte-t-il.
Mais les moyens investis dans ces expériences peuvent être conséquents. Il préconise pour sa part "l’innovation frugale : on regarde ce qui est abordable, et on réalise quelque chose de nouveau avec". Lors d’un hackathon auquel il a récemment assisté, Madanmohan Rao a vu des exemples de technologies "recombinatoires", basées à la fois sur des systèmes éprouvés et peu coûteux comme les SMS, et des technologies numériques de pointe : pour lui, "ça c’est l’avenir. Il ne faut pas jeter à la poubelle tout ce qu’on a dès qu’on dispose de quelque chose de nouveau."