In Observatoire des Inégalités – le 29 mai 2013 :
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Plus de la moitié de la population des quartiers en difficulté ne possède aucun diplôme contre 36 % des résidents hors de ces territoires. Cet écart a des répercussions directes sur le chômage, plus élevé dans les quartiers sensibles.
La part de la population qui ne possède aucun diplôme est près de 1,5 fois plus importante dans les Zones urbaines sensibles qu’en dehors de ces territoires : 52,2 % n’ont aucun diplôme contre 35,8 %. Par contre, les écarts sont moindres pour les niveaux CAP ou BEP (22,4 % dans les Zus, 21,1 % hors Zus) et la baccalauréat (respectivement 12,5 % et 15,7 %).
Les diplômés de l’enseignement supérieur sont nettement moins nombreux dans les quartiers sensibles : 6,6 % ont un diplôme de 1er cycle universitaire, 6,3 % de 2e ou 3e cycle contre 11,6 % et 15,8 % hors des quartiers sensibles.
Dans les Zones urbaines sensibles (Zus) comme ailleurs, le diplôme protège du chômage : plus il est élevé, plus le taux de chômage s’abaisse. Mais la différence entre les habitants des Zus et les autres reste cependant très significative. Pour tous les niveaux de formation (des sans diplômes aux études supérieures), les taux de chômage sont environ deux fois plus élevés dans ces quartiers qu’au niveau national.
10 % des habitants des Zus ayant un diplôme supérieur au baccalauréat sont au chômage, contre 5 % de ces mêmes diplômés habitants hors de ces quartiers. 20 % des titulaires d’au moins un CAP ou BEP sont sans emploi, contre 9 % ailleurs.
La protection offerte par un niveau élevé de diplôme produit, dans les Zus, des effets très différenciés selon le sexe.
Dans les quartiers situés hors zones urbaines sensibles, c’est-à-dire les quartiers non prioritaires ne relevant pas de la politique de la ville, l’effet protecteur du diplôme est sensiblement le même pour les hommes et les femmes. Mais dans les Zus, on constate que les hommes diplômés ont plus de difficultés à échapper au chômage alors que les femmes bénéficient pleinement de cette certification.
Il n’est pas aisé d’expliquer ces effets inversés. Une première hypothèse tient au choix des filières et au processus d’orientation scolaire différents entre les filles et les garçons. Une autre hypothèse doit, elle aussi, être prise très au sérieux : les hommes (notamment les jeunes hommes) diplômés s’affronteraient plus fréquemment à des comportements discriminatoires.
Le stéréotype de la banlieue morose, voire menaçante, n’est-il pas largement construit autour de figures masculines ? Cette représentation négative, non seulement sexuée mais aussi ethnicisée, constitue l’un des ressorts de la discrimination à l’embauche.
- A lire sur notre site : Le chômage dans les quartiers dits sensibles