In Educavox – le 5 septembre 2013 :
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La négociation de la formation professionnelle, une occasion de reconnaissance
des coopérations écoles-entreprises pour l’emploi des jeunes
des coopérations écoles-entreprises pour l’emploi des jeunes
Le Président de la République a mis l’accent dans la lutte prioritaire pour faire reculer le chômage sur la négociation de la réforme de la formation professionnelle. Dans ce contexte de négociations pour l’emploi entre partenaires sociaux, il a récemment souligné l’intérêt des coopérations Écoles Entreprises pour favoriser l’accès à l’emploi des jeunes.
C’est en effet un moyen supplémentaire de découverte de la vie active, d’alterner des formes de connaissances théoriques et d’autres plus pratiques, de découvrir des métiers…
Au travers du développement des relations écoles entreprises, se construit la continuité du parcours du jeune depuis l’école et les études vers le monde économique et l’emploi. Ce qui peut aussi faciliter l’amélioration de l’orientation professionnelle.
En développant la voie de l’alternance sous statut scolaire, et en la reconnaissant comme une voie contribuant à la pré-qualification et préparant à l’entrée dans l’emploi, cette négociation nationale interprofessionnelle est une occasion d’ouvrir de nouvelles voies d’accès à l’emploi pour les jeunes encore en voie de scolarisation ou en cours d’études dans l’enseignement professionnel et technologique. Une opportunité à ne pas manquer dans la crise qui touche en particulier les jeunes.
Nous souhaitons ici apporter des éléments d’argumentation, à destination des partenaires de cette négociation nationale, afin de permettre la reconnaissance, par l’accord et/ou par la loi, de ces démarches Écoles Entreprises. Puis de renvoyer le développement des dispositifs de coopérations à différents niveaux à des accords ultérieurs entre les partenaires du monde de l’entreprise et de l’Éducation nationale, au niveau national et régional.
1- Pour une école inclusive, qui prépare les jeunes, selon leur niveau, à la vie active
Une école inclusive, c’est une école qui lutte contre l’exclusion, et donc notamment une école qui prépare au mieux, selon le niveau scolaire et de leurs études, les jeunes à aborder le monde de la vie active, au-delà de l’école, le monde professionnel.
Les coopérations Écoles Entreprises sont un des moyens qui favorise auprès des jeunes, avec l’aide de leurs professeurs, leur connaissance de l’entreprise et des métiers, qui facilite ainsi leur orientation, éventuellement leur choix de l’alternance professionnelle, et en définitive leur recherche d’emploi et leur emploi, grâce à une plus grande employabilité.
2- Des démarches Écoles Entreprises à tous les niveaux
Dans une approche pédagogique d’une école ouverte sur le monde et la société, source de savoirs, la démarche école-entreprise existe déjà en de multiples endroits : découverte de métiers dans les petites classes par des visites par exemple d’un artisan boulanger ou de leur environnement ; puis au collège avec les stages découvertes, avec des limites que l’on connaît, mais qui offre, avec l’aide d’enseignants et de personnes de l’entreprise, la capacité d’aider à l’orientation professionnelle en fin de collège.
Au lycée professionnel, avec le statut d’alternance sous statut scolaire, ou dans un CFA, avec les contrats d’apprentissage, la possibilité de stages professionnels en entreprise s’étend, y compris en lycée technologique.
Dans les classes de BTS, et dans les IUT, de véritables coopérations écoles entreprises sur des projets industriels ou tertiaires, font partie dans nombre de cas des cursus étudiants. Au-delà, dans les écoles d’ingénieurs ou de commerce, les stages en alternance professionnelle s’allongent et sont inscrits dans les cursus pour l’acquisition du diplôme. La voie de l’apprentissage se développe d’ailleurs pour l’acquisition des diplômes d’ingénieurs, sans oublier les études doctorales avec les possibilités de CIFRE par exemple.
3- Une démarche qui demande à être organisée entre partenaires éducatifs et professionnels
Nombre d’Universités ou de Grandes écoles disposent maintenant de services affectés à ces coopérations Écoles Entreprises. L’organisation de l’apprentissage dans les CFA existe avec l’appui des Régions, et est réglée par des textes. Par contre, la voie de l’alternance sous statut scolaire nécessite des formes d’organisation partenariale nouvelles pour être plus efficace en termes de formation et de préparation à la qualification. Formes d’organisation partenariale qui demandent à être encadrées, aux termes d’accords entre les représentants de l’Éducation nationale et les représentants des employeurs, avec l’appui des Régions et des académies.
A titre d’exemple, l’Inspection académique du Val d’Oise avait mis en place une structure paritaire, sous forme associative Écoles Entreprises 95, pour organiser ces relations Écoles Entreprises depuis le collège jusqu’au lycée et aux BTS.
Cette association était pilotée par 6 à 8 représentants des fonctions concernées de l’inspection académique et autant de représentants des fédérations professionnelles du département, avec un appui du Conseil général. Une plate-forme Écoles Entreprises, utilisant un outil Internet réalisé par l’EISTI – une école d’ingénieurs du 95 – à partir d’un appel à projet de la DRIRE- avait été conçue en 2000 pour faciliter l’organisation des stages, et mis en œuvre avec les établissements EPLE et les fédérations professionnelles. Cette plate-forme avait été reprise par l’académie de Versailles et pilotée avec les IPE, Ingénieurs pour l’école, mis à disposition par des grandes entreprises.
4- Une démarche de qualification qui a sa place dans la négociation de la réforme de la formation professionnelle
Le Président de la République a souligné, en lançant la négociation de la réforme de la formation professionnelle, l’intérêt de telles démarches de coopérations Écoles Entreprises pour renforcer l’accès à l’emploi des jeunes. Ces démarches dans les lycées professionnels et technologiques sont en effet une voie de préparation à la qualification pour les jeunes en cours de scolarisation, une voie de construction de l’employabilité, et donc une voie à privilégier pour l’accès à l’emploi.
Cet accès se fait déjà par la voie de l’apprentissage, dont il s’agit d’assurer un développement quantitatif et qualitatif en recherchant une plus grande efficience des dispositifs juridiques actuels. Le contrat de professionnalisation est également une autre voie d’accès à l’emploi pour les jeunes hors scolarité, dont il faut d’ailleurs enrichir les dispositifs de formation y conduisant, en les rapprochant des branches professionnelles pour construire l’employabilité préalable de ces jeunes.
Ainsi, comme l’a noté Jean-Marie Luttringer dans sa chronique[2] indique (c’est nous qui soulignons) : « Trois domaines auront à être abordés dans le cadre de la négociation (l’amélioration de l’orientation professionnelle et un meilleur accès à la formation professionnelle, notamment pour celles et ceux qui sont les plus exposés – dont les jeunes sans qualification ; l’investissement dans la formation professionnelle comme un levier de compétitivité au sein de l’entreprise ; une gouvernance des politiques de formation professionnelle plus simple et plus efficace, garante d’un véritable accès pour tous à la formation tout au long de la vie et de la continuité des parcours).
Ces trois domaines auront à être abordés dans le cadre de la négociation – les partenaires sociaux ayant naturellement la liberté d’élargir ces domaines ».
Notre proposition relative aux coopérations Écoles Entreprises comme troisième voie d’accès à la qualification pourrait s’inscrire selon les deux titres suivants (2 et 3) du document d’orientation de la négociation :
« 2. Faire de la formation professionnelle un investissement de compétitivité au sein de l’entreprise.
La négociation qui s’engage devrait permettre :
· plus généralement de préciser comment le dialogue social, à ses différents niveaux, peut contribuer à une meilleure mobilisation des différents dispositifs concourant à la formation des salariés »
Le dialogue social dont il est question ici devrait être étendu et entendu au sens du dialogue social territorial, et les dispositifs en question devraient être étendus à ceux mis en place par et avec d’autres partenaires sur les territoires. (Cf. le point 3 du présent texte, et le point 3 suivant du document d’orientation de la négociation).
De même la proposition devrait aussi trouver sa place en rapport avec le point 3 du document d’orientation :
« 3. Contribuer à une gouvernance des politiques de formation professionnelle plus simple et plus efficace.
Dans cette optique la négociation qui s’engage devrait permettre :
- de conforter la gouvernance nationale et régionale des organisations syndicales et patronales représentatives au niveau national et interprofessionnel sur le champ de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelles, de l’alternance ;
- de définir les voies et moyens pour ces organisations de contribuer, dans le respect de l’autonomie propre à chacune, à la construction et à la mise en œuvre d’une stratégie régionale et concertée en matière d’orientation professionnelle, de développement de l’alternance et de formation professionnelle des salariés comme des demandeurs d’emploi ; »
Il apparaît ainsi clairement que cette troisième forme d’accès à la qualification et de préparation à l’emploi, que représentent les coopérations Écoles Entreprises, doivent trouver leur place dans les champs de la négociation (soulignés par nos soins) d’une part ; mais aussi dans les stratégies régionales et concertées en matière d’orientation et de formation professionnelle, de développement de l’alternance, pour les jeunes encore en voie de scolarisation.
5- L’objectif dans la négociation de faire reconnaître la démarche de pré-qualification Écoles Entreprises : le contexte et les interlocuteurs à rechercher pour cela
Il s’agit d’essayer d’introduire dans le texte d’un éventuel accord, ou dans le projet de loi qui sortira de la négociation, la reconnaissance des coopérations Écoles Entreprises comme un dispositif facilitateur d’orientation et de formation, mais aussi d’alternance professionnelles pour les jeunes en cours de scolarité, notamment dans les voies professionnelle et technologique
Cet aspect de la négociation pourrait être placé lorsque les partenaires aborderont spécifiquement la question de favoriser l’accès à l’emploi des jeunes. Dans ce cadre la question des coopérations Écoles Entreprises aura tout à fait sa place, concernant un moyen de l’ouverture des jeunes à la vie active, un moyen de la découverte du monde professionnel et de la préparation des jeunes scolarisés à l’accès à des métiers et à l’emploi, y compris celui de favoriser l’esprit d’entreprendre (quelqu’en soit l’objet), voire celui de la création d’entreprise.
Bien que la réforme vise à s’ouvrir sur la gouvernance nationale et régionale du champ de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelles, de l’alternance, la négociation de la formation professionnelle, menée par les partenaires sociaux est principalement centrée sur les acteurs de l’entreprise. La prise en compte de ces démarches Écoles Entreprises nécessite de rechercher des interlocuteurs à même d’ouvrir les champs de la négociation auprès des partenaires sociaux (côtés employeurs et salariés) participants à cette négociation nationale interprofessionnelle. Ce sont à ces interlocuteurs et aux acteurs de la négociation que nous nous adressons ici.
Notons parmi ceux-ci, les représentants :
· côté Premier Ministre
· côté Ministère de l’Éducation nationale et côté employeurs
· côté Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et côté employeurs
· côté Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social
· côté Partenaires sociaux (salariés et patronaux) et OPCA
· côté Régions
· côté Académies
· côté Chambres consulaires
Les acteurs moteurs de ces démarches écoles entreprises, aux différents niveaux de la scolarité et des études, sont également directement concernés, depuis le collège, les CFA, les lycées professionnels et technologiques, les classes post bac d’enseignement supérieur des lycées (BTS) et des universités (IUT), les formations d’enseignement supérieur (écoles d’ingénieur, de commerce, et universités), les formations doctorales.
6- Les points spécifiques à considérer dans la négociation
L’objectif souhaité est d’obtenir une reconnaissance, dans un éventuel accord et/ou par la loi, de l’utilité sociale des coopérations Écoles Entreprises comme un moyen pour faciliter l’orientation, la formation, ainsi que l’alternance et la pré-qualification professionnelles pour les jeunes en cours de scolarité, notamment dans les voies professionnelle et technologique. C’est d’ouvrir une nouvelle porte d’accès à la pré-qualification et à l’emploi en France.
Il importe dès lors de concrétiser l’objectif visé aux différents stades des études des jeunes. La participation des régions et territoires dans ces démarches est aussi à solliciter dans ces négociations. De même, la question du financement de ces démarches partenariales et territoriales devrait être évoquée à ce stade.
Néanmoins, si un tel acquis était obtenu, il conviendrait alors, d’en renvoyer l’application par la loi, et l’extension de ce qui existe déjà qui repose encore pour beaucoup sur la bonne volonté des acteurs, à des accords ultérieurs entre partenaires du monde éducatif et du monde professionnel, au niveau national, régional et académique.
9 août 2013 – Bruno Racine
Categories: 3.12 Education Nationale