PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Jacques Pain Professeur des universités Paris X- Nanterre Mai 2008 :

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Je vais problématiser cette question en trois parties :
• Du mal être et du bien être au vingt et unième siècle…
• La question de l’école aujourd’hui…
• Vie scolaire et pédagogie.
Une question « désirante » Faire de l’école une nécessité du désir, une nécessité qui « autorise » le désir.
Pourquoi ce titre ?
Je fais partie du mouvement de pédagogie institutionnelle, et cette année nous fêtons les dix ans de la mort de Fernand Oury, son fondateur. Nous organisons une série de manifestations, et un colloque à la Toussaint à l’université de Nanterre.
Un film est en tournage, par nos amis de l’école de La Neuville, Michel Amram et Fabienne d’Ortoli. Cette école fonctionne depuis trente-cinq ans « à la pédagogie institutionnelle ». Je vous renvoie à l’un de leur livre, « L’école avec Dolto », qui a tiré à des dizaines de milliers d’exemplaires. Ils ont aussi réalisé une série de films. Le dernier s’appelle « Parole : l’héritage Dolto ».
Dolto et Oury sont les « parrains » de l’école de La Neuville. Cette école fait du désir d’apprendre une nécessité quotidienne. C’est en revenant à Fernand Oury que j’ai repris cette idée de nécessité. Les méthodes et la pédagogie « actives », ça ne s’invente pas, c’est la démarche de la pensée, en recherche d’elle-même, la pratique même de la pensée. La situation fait la pédagogie. Elle installe la nécessité de savoir, d’apprendre. La situation est une intrigue qui peut ou non laisser le champ ouvert au désir. Elle « fomente » du désir, allait-il jusqu’à dire.
Vous le savez comme moi : quand le désir est là, c’est comme dans la chanson, rien ne nous arrête ! Il est arrivé que des étudiants fassent cinq cents kilomètres pour consulter un livre fondateur de la Psychothérapie Institutionnelle, le livre de Herman Simon, « Aktivere krankbehandlung » (Pour une prise en charge active de la maladie mentale). Livre de 1926, qui n’existait qu’en un seul exemplaire à St Alban, en Lozère, « chez Tosquelles ».
Il n’y a pas de mystère. Quand vous êtes accrochés par quelque chose ou par quelqu’un – quelqu’un qui pour nous « a quelque chose », c’est vrai qu’alors vous faites des kilomètres, sur place ou pour de vrai, vous travaillez éveillé ou vous voyagez sans dormir, c’est du pareil au même, de préférence la nuit. Montessori cite cette petite fille absorbée dans son travail au beau milieu d’un groupe-classe agité. Je l’ai vu dans une classe Freinet, à La Défense, un matin, en grande section de maternelle : une petite fille de 5 ans n’a pas lâché son ordinateur pendant quarante minutes. Précisons que les maîtresses avaient construit des parcours d’écritures et de textes adaptés et « arrachants ».
Vous allez où la nécessité du désir, c’est-à-dire la culture de votre destin, vous emmène. Donc comme dirait Fernand Oury3, créons des situations où il est intimement nécessaire d’apprendre pour comprendre, pour savoir. Où c’est impératif, urgent, vital!
À dix sept ans, je rêvais de noms magiques. Il y avait « Uppsala ». Ce fut un premier voyage, en Scandinavie. Beaucoup plus tard je me passionnais pour les premières grandes universités européennes, Bologne, La Sorbonne, Padoue, créées bien après Magnaura et Constantinople. J’étais parti sur la route de « l’utopie », un objet de thèse qui s’agrégea plus tard autour de la pédagogie institutionnelle.
Les premières universités étaient portées par le désir de savoir et de faire savoir de grands éveillés, on s’y rendait mû par l’angoisse et l’émotion d’apprendre. Mille kilomètres après, la porte de la grande bibliothèque s’ouvrait sur son million de livres, et vous restiez sans souffle et sans voix. Là est la clé de la soif de savoir. L’école s’est perdue en chemin, écrit Tosquelles4 : la scolastique a tué la recherche au profit de la leçon. Et alors le maître et l’élève s’ennuient au concert.
Quand on a pu le vivre au moins une fois, ce désir ouvre des horizons. C’est la méthode : entre l’angoisse et l’émotion, la situation « vraie ». Après, la route n’a plus d’importance !

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Categories: Généralités et ARF

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