Moins chères et plus souples, les microcrèches apparaissent comme une des solutions au manque de places d’accueil pour les plus petits. Attention cependant à ne pas confondre ce dispositif expérimental avec du « hard discount » de la crèche. Pour le confort et la sécurité de tous, l’ouverture doit être sérieusement préparée. Exemple à Peipin, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
C’est une vaste pièce dont les murs sont constellés de petites affiches colorées. Au milieu, un petit à quatre pattes passe d’un jouet à l’autre tandis que dans la cour, trois bambins s’ébrouent dans une piscine gonflable sous l’œil attentif d’un adulte.
Une crèche? Pas exactement…Lou Pichoun est une microcrèche. Installée en mai 2008 dans l’ancienne bibliothèque municipale de Peipin, c’est alors la deuxième structure de ce type en France. Les spécialistes estiment qu’elles seraient aujourd’hui 200 environ, projets et ouvertures effectives confondues.
Un engouement compréhensible si l’on considère la pénurie endémique dont souffre le pays en matière de places d’accueil pour la petite enfance. « C’est particulièrement le cas en milieu rural », témoigne Nadine Lanfranchi, responsable du service action sanitaire et sociale de la MSA Alpes-Vaucluse ». A Sisteron, Digne, il y a des structures, et des professionnelles, mais elles font largement le plein. Et dans les petites communes comme Peipin, c’est le désert ».
Moins d’encadrement ne nuit pas à la qualité
C’est pour remédier à cette situation que le décret n° 2007-30 du 20 février 2007, autorise la création, toujours à titre expérimental, des microcrèches. Le principe? « Trois professionnelles (certification minimum de niveau V ou assistante maternelle agréée avec cinq ans d’expérience) accueillent au maximum neuf enfants de moins de six ans dans une maison, un appartement, ou encore un local qui peut être mis à disposition par la mairie », explique Nadine Lanfranchi. Le gestionnaire peut être une association, une entreprise ou une collectivité. Soutenues par la MSA via un appel à projets national, ces nouvelles structures apparaissent comme une aubaine pour les parents, et les municipalités.
En 2007, au conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, on suit le dossier de très près, Jéromine Gautier, médecin coordinateur PMI, émet à l’époque quelques réserves, partagées par beaucoup d’acteurs de la petite enfance: « dans le texte, les exigences quant aux fonctions de direction, aux quotas et qualifications de l’encadrement, ainsi qu’aux conditions d’accueil apparaissent très allégées, se rappelle-t-elle. Le tout pouvant faire craindre une baisse de la qualité au profit de quantité et au détriment de la sécurité des enfants ».
Quand elle entend parler de l’association parentale Lou Pichoun qui cherche à monter une structure de ce type à Peipin, elle s’implique personnellement dans le projet pour participer à la définition d’un cadre du conseil général, afin de lui donner toutes ses chances de devenir un modèle sur le plan départemental, voire national. « Çà a dédramatisé le dispositif. Les gens savaient que la PMI ne laisserait pas faire n’importe quoi », se souvient Nadine Lanfranchi.
Le changement ne doit pas faire peur
Et d’ailleurs, les faits leur ont donnée raison, car dans le cadre de la Commission départementale d’accueil de jeune enfant (Codaje), le médecin impulse un groupe « acteurs de terrain », composé de directrices de crèche parentales et municipales, d’agents PMI, et d’associations fédérant les gestionnaires de crèches. « L’articulation entre la personne chargée du projet et celles encadrant les enfants n’est pas précisée dans le texte. Il s’agissait de déterminer les responsabilités et le travail des uns et des autres dans ces structures d’un nouveau type » explique Jéromine Gautier, saluant au passage l’implication de tous. Ce travail collectif s’est également engagé pour la définition de la convention entre la Caf, la MSA (financeurs) et le conseil général (appui technique), exigée par la loi quant à l’accompagnement, le suivi et l’évaluation des microcrèches.
Et il est vrai que depuis son installation, Lou Pichoun ne désemplit pas. Outre la solution qu’elle apporte aux parents du village, l’ouverture de cette microcrèche a des effets vertueux qui dépassent le cadre de Peipin. « Le travail partenarial autour du projet a permis de donner chaire à un réseau d’acteurs de la petite enfance sur le département, au service de tous les petits », conclue Jéronmine. Il reste à espérer que cette diversification des modes d’accueil favorisera bien l’évolution de la réponse d’accueil dans le sens d’une meilleure adéquation entre qualité du service et coût du service.
de Sébastien Poulet-Goffard