In Pratiques de la Formation – le 16 janvier 2014 :
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On connaissait Michel Serres et sa petite poucette, Jacques Attali et sa passion pour l’impact cognitif des technologies de l’information et de la communication, il faudra désormais compter Michel Sapin au rang des lanceurs d’alerte sur les changements de société induits par le numérique.
Intervenant lors de l’atelier organisé le 14 janvier par France digitale et Google [1], le ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social s’est en effet fait l’avocat de la formation pour accompagner le développement du secteur.
Il a évoqué un « nouvel acte en préparation » après la feuille de route numérique de février 2013 (voir notre article), en développant « quatre convictions fortes » relatives à la stratégie gouvernementale pour le numérique en matière d’emploi et de formation.
Former les jeunes
La première cible le numérique comme voie d’insertion des jeunes peu ou pas qualifiés, en s’appuyant sur l’exemple des emplois d’avenir pour lesquels des « métiers spécifiques » ont été « imaginés » : forgeur numérique dans les "fab lab" [2], régisseur multimédia, assistant de valorisation des usages numériques responsables, assistant de valorisation numérique du territoire, assistant de formation aux usages mobiles dans les espaces publics numériques et dans les cyberbases, assistant vidéoludique dans les médiathèques et bibliothèques… De même pour les jeunes en grande précarité bénéficiaires de la garantie jeunes, auxquels Michel Sapin souhaite donner les « prérequis numériques nécessaires à leur insertion professionnelle » en associant les Écoles de la deuxième Chance et des organismes type Simplon.co, espace d’innovation technique et solidaire installé à Montreuil (93) et destiné à former des codeurs entrepreneurs.
Former les demandeurs d’emploi
Seconde conviction : « le temps contraint des chômeurs doit être transformé en temps davantage utile » au bénéfice de l’acquisition d’un socle minimal de compétences numériques. D’où l’évocation d’un « axe spécifique numérique dans le cadre de la poursuite du plan formations prioritaires pour l’emploi » et d’une préoccupation à prendre en compte pour les salariés en reconversion. Plus étonnant, Michel Sapin avance également l’idée d’un « tutorat inversé » dans le cadre du contrat de génération, validant ainsi l’idée (reçue ?) que la compétence numérique est affaire de génération.
GPEC
Troisième axe : « anticiper l’émergence des métiers et des compétences de demain » en s’appuyant sur les pôles de compétitivité. Ceci, « pour identifier les tendances, les métiers émergents et formaliser les référentiels de compétences ».
Modernisation du service public de l’emploi
Après avoir appréhendé le numérique comme « débouché », le dernier axe s’y intéresse comme « moyen de placement dans l’emploi et d’amélioration de l’efficacité du service public de l’emploi ». Au-delà de la plateforme d’agrégation des offres et des CV prévue dans le cadre de Pôle emploi 2015, Michel Sapin invite à « aller plus loin », pourquoi pas par la création d’un « "emploi store", sur le modèle de l’Apple store, une plateforme de Pôle emploi ouverte au développement de nombreuses applications par des entrepreneurs et des développeurs ».
Nicolas Deguerry, Centre Inffo, 16 janvier 2014
[1] L’emploi et le numérique : la France est-elle prête ?, visionner en ligne
[2] Un fab lab (contraction de l’anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d’outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d’objets (source : wikipedia).