In l’Observatoire des Zones Prioritaires – le Quotidien des ZEP :
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L’institut de recherche du SGEN-CFDT organise deux jours de colloque sur la petite enfance, à partir de demain 8 novembre. L’initiative peut surprendre : depuis quand les organisations d’enseignants s’intéressent-elles à la petite enfance ? Comme nous le rappelait la présidente de leur association, l’AGEEM, les enseignants de maternelle ont toujours refusé que des personnels "petite enfance", notamment les EJE (éducateur-trices de jeunes enfants) viennent dans les écoles. Ils redoutent une mise en concurrence des professions et que la maternelle perde son statut d’ "école", qu’elle cesse d’être un lieu d’apprentissage, pour devenir un espace de garderie et de soins. Mais les lignes ont un peu bougé ces dernières années.
En septembre 2009, Xavier Darcos qui voulait mettre fin à la scolarisation des "moins de 3 ans", et Nadine Morano, qui voulait modifier les normes d’encadrement dans les structures petite enfance, donc le prix de revient des crèches, ont réussi à faire l’unanimité… contre eux. Enseignants et les professionnels de la petite enfance se sont retrouvés, pour la première fois, autour de la même table et ont créé un collectif, "Pas de bébé à la consigne". L’inspectrice générale Viviane Bouysse, qui connaît bien cet univers, peut briser, un peu timidement encore, un tabou, en demandant si les communes, qui financent déjà les ATSEM et parfois des interventions artistiques dans les écoles, ne pourraient pas financer la présence d’un(e) EJE par école, pas forcément pour la classe des tout-petits (les moins de trois ans), mais pour des activités avec toutes les sections.
La Gauche en campagne avait évoqué "un grand service public de la petite enfance", avant d’y renoncer quand elle a dû chiffrer ses propositions. Il n’en reste pas moins que manquent cruellement les places de crèches, comme nous le rappelle le collectif "Crèchequisepasse ?" Pour sa part, le "Journal de l’action sociale" se demande si les normes d’encadrement des enfants des crèches ne sont pas trop strictes, trop sévères, et si leur assouplissement ne permettrait pas d’augmenter, à budget constant, le nombre des places. De son côté, Dominique Bertinotti vient de confirmer les propos rapportés par ToutEduc cet été (ici) et a lancé la réflexion sur "une offre de solutions" plutôt que la "création brute de places d’accueil". Dans quatre Régions (Pays de la Loire, Nord Pas de Calais, Bourgogne, Midi-Pyrénées), une consultation "citoyenne" sur les besoins des familles sera conduite avec des parents tirés au sort.
L’époque n’est plus à "l’union sacrée" contre l’action gouvernementale, mais il serait dommage que se perde le dialogue amorcé entre tous les professionnels de la petite enfance, ceux qui sont du côté de l’enseignement et ceux qui sont davantage du côté du soin. La relance de la scolarisation des "moins de 3 ans" est évidemment l’occasion de s’interroger sur le rôle de l’école maternelle en ZEP et ailleurs, sur le sens même de cette scolarisation, sur les moyens spécifiques qui doivent l’accompagner.
L’initiative de l’IREA est donc bienvenue. Quel qu’en soit le contenu, et les conclusions, elle nous rappelle que la petite enfance n’est pas seulement une question de moyens, de nombre de places, elle est aussi, et peut-être d’abord une question d’éducation.
Extrait de touteduc.fr du 07.11.12