In Eduveille – le 29 mars 2013 :
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L’AFAE, qui a d’ailleurs changé la déclinaison de son sigle cette année pour devenir l’Association française des acteurs (et non plus administrateurs) de l’éducation, tenait son 35è colloque dont la thématique était “Vers quelle organisations scolaires à l’ère du numérique” (Lille, du 22 au 24 mars 2013).
Le numérique était donc au menu de toutes les interventions (conférences, ateliers). La première table ronde “Manager les organisations scolaires à l’ère du numérique“, animée par François Jarraud (café pédagogique) a fait suite à la projection d’un film montrant divers usages du numérique : netbooks dans une école primaire, informatisation de la gestion des absences dans un collège, visioconférence en langues dans un autre collège. Les échanges de cette table ronde ont davantage parlé de numérique que de pédagogie : les ENT, les équipements, la coordination entre les différents acteurs (région, départements, rectorat) ont occupé l’essentiel de la discussion.
Patricia Wastiau (European Schoolnet) s’est montrée surprise de l’omniprésence de l’objectif de contrôle en France. Elle rappelle que dans les pays où les ENT (ou leurs équivalents) existent, ils sont d’abord utilisés pour expliquer aux parents quels sont les apprentissages en cours, et pour expliquer le projet pédagogique de l’établissement. Les parents ont la possibilité de participer à certaines activités, le numérique permet de créer du lien entre l’école et la vie professionnelle. La communauté virtuelle qui se créée autour de l’école est réelle. Pour que la technologie ait une influence positive sur l’école, il faut qu’elle soit animée d’une intention. Il est nécessaire de construire une confiance entre tous les acteurs pour éviter les dérives. Ces outils permettent aussi une plus grande coopération entre les enseignants en Europe. Ces derniers deviennent davantage acteurs de leur (auto ? co ?) formation et développent une approche plus réflexive de leur métier. Tous les système éducatifs européens ne sont pas organisés de la même façon, peut de pays sont aussi centralisés que la France. C’est pourquoi il est plus difficile qu’ailleurs de travailler ensemble et d’identifier le rôle de chacun. Le numérique n’est finalement qu’un miroir de la façon dont le système gère le reste.
Max Aubernon (principal de collège) estime que les relations avec les parents se sont améliorés avec l’usage de l’ENT, notamment grâce aux échanges via les messageries (90% des familles ont activé un compte parental). Mais on ne peut prétendre utiliser vraiment un ENT si on n’en a pas une utilisation à des fins pédagogiques. Il relève que des groupes de travail se développent petit à petit sur les ENT, ce qui lui permet d’affirmer qu’on entre progressivement dans des usages plus avancés et plus collectifs.
Dominique Terrien (IEN 1er degré à Nantes) indique que des liens 1er / 2nd degrés ont pu être tissés grâce à l’ENT du collège de secteur dans sa circonscription.
Jean-François Cerisier (Université de Poitier) était le grand témoin de la table ronde et a fait la synthèse des échanges. Il entrevoit derrière la diversité des postures des discours convergents. Tous s’accordent sur le constat que les technologies sont là et qu’il faut faire avec. La question n’est plus de savoir comment utiliser au mieux les technologies numériques au service de l’école, mais de comment refonder l’organisation scolaire pour qu’elle vienne correspondre à notre culture. Cette école n’existe pas encore, il est nécessaire de passer par une phase d’acculturation pour intégrer pleinement le numérique.
L’école est remise en cause dans son fonctionnement : organisation des temps et lieux scolaires, statut de l’enseignant, modalité de management hiérarchique et vertical. À partir de là, soit les technologies sont utilisées pour maintenir l’intégrité du système actuel (c’est ce qui se passe en général avec les ENT), soit elles transforment l’école comme elles ont transformé notre culture.
Les technologies ont des effets sur les actions que l’on réalise. Il prend à titre d’exemple le cahier de texte numérique ou les outils d’aide à l’orientation : on confie aux technologies une partie de notre pouvoir d’action. Il est nécessaire d’avoir une intention précise au préalable ET de maitriser les technologies. C’est à ces deux conditions que l’on pourra tirer profit du numérique.