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Pourquoi avez-vous interpellé Vincent Peillon, lors de la présentation du projet de loi sur la refonte du système scolaire, en demandant des précisions sur la liaison école-collège ?
La loi d’orientation et de programmation sur l’école prévoit la mise en place d’un conseil pédagogique entre le CM2 et la 6e. Si le principe de créer une continuité entre l’école primaire et le secondaire est acté, il reste encore à en préciser l’organisation. Des expériences ont été menées mais comment les généraliser ? Et quelles seront les conséquences sur la sectorisation scolaire ? Comment utiliser ce nouveau cycle CM2/6e pour recréer une véritable carte scolaire ? Autant de questions qui restent en suspens.
Que préconisez-vous pour organiser cette continuité des parcours ?
Il faut d’abord une grande coordination entre les enseignants du primaire et du secondaire, avec une continuité pédagogique entre le primaire et le collège. A ce titre, je rappelle qu’il est prévu dans les futures Écoles supérieures duprofessorat et de l’éducation (ÉSPÉ) une formation commune, au départ, à tous les métiers de l’éducation. Je pense aussi personnellement que des professeurs des écoles volontaires pourraient intervenir au collège, avec l’accord de l’équipe pédagogique, en participant aux conseils de classe ou bien, par exemple, dans le cadre d’un accompagnement pédagogique, ou encore d’une aide à la remise à niveau des élèves.
Faut-il s’appuyer sur les expérimentations existantes, comme par exemple la fin du maître unique en CM2 ? Est-ce la solution pour lutter contre le décrochage scolaire ?
Il faut s’inspirer des expérimentations qui fonctionnent et pour cela il faut les évaluer. Mais il ne s’agit pas de modifier les statuts des enseignants, de revenir sur la polyvalence des professeurs des écoles et la bivalence des enseignants du secondaire. Nous pouvons déjà harmoniser les programmes, en évitant les doublons entre l’école élémentaire et le collège. L’amélioration de la liaison école-collège est une des solutions pour éviter la cassure qui intervient en 6e, spécialement chez les élèves en difficultés. La France est le seul pays de l’OCDE où une telle rupture est constatée, il faut donc tout faire pour y remédier.
Quel est l’avenir du "collège unique" ?
La loi réaffirme la nécessité du maintien du collège unique en abrogeant tous les dispositifs sélectifs avant la fin de 3e, comme ceux de la loi Cherpion . Quels que soient le collège et son environnement, notre ambition est de mener tous les élèves au même niveau. En réalité, le collège unique n’a jamais existé car on a recréé des filières de sélection pour ne pas dire de tri. Il s’agit de le faire vivre et exister dans le cadre de la liaison pédagogique recherchée entre l’école élémentaire et le collège.
Charles Centofanti